WHISTLER, C.B. - Le super-G féminin des Jeux olympiques d'hiver aura lieu samedi et la question de l'heure à l'approche de la dernière épreuve de vitesse chez les dames, c'était: Lindsey aura-t-e



WHISTLER, C.B. - Le super-G féminin des Jeux olympiques d'hiver aura lieu samedi et la question de l'heure à l'approche de la dernière épreuve de vitesse chez les dames, c'était: Lindsey aura-t-elle mal?

Ou plutôt: à quel point aura-t-elle mal?

Depuis que Lindsey Vonn est arrivée à Whistler, on a eu droit à un rapport quotidien sur l'état de sa blessure musculaire au tibia, subie au début du mois. Les journalistes sont sans doute à blâmer puisqu'ils posent sans cesse des questions à ce sujet. Mais il faut dire que l'entourage de la skieuse américaine et la principale intéressée "alimentent la bête" en s'étendant en long et en large sur le sujet.

Une journée, elle a mal. Le lendemain, elle a moins mal, mais ça fait encore mal. Puis, au lendemain de la descente féminine, qu'elle a remportée de belle façon, elle avait de nouveau très mal.

"On a maintenant une journée de congé avant le super-G, je vais essayer de me reposer. Je ne sais pas si une journée de repos va être assez", a-t-elle déclaré, jeudi, après sa disqualification lors du super-combiné pour avoir enfourché une porte dans la manche du slalom.

Vonn a des milliers de partisans et sans doute que ceux-ci s'inquiètent légitimement de son état de santé. Après tout, elle est la meilleure skieuse au monde et on s'attend à ce qu'elle fasse une razzia de médailles à Whistler Creekside. Elle sera encore considérée comme la favorite lors du super-G de samedi.

Mais ils sont plusieurs, hors des frontières américaines, à lever les yeux au ciel en signe d'exaspération quand ils entendent Vonn disserter en moults détails sur l'état de son tibia.

En discutant en bâtons rompus avec divers intervenants qui font partie ou suivent depuis longtemps le petit monde du ski alpin, il en ressort une constatation claire: une blessure au tibia fait mal, oui, mais ce n'est pas la fin du monde.

Une phrase qui est souvent ressortie en discutant avec des skieurs, dont Marco Buechel, un volubile athlète du Liechtenstein qui en est à ses cinquièmes Jeux: "Ca fait mal si la blessure est à la hauteur du rebord de la botte, moins si c'est ailleurs. Mais d'une façon ou d'une autre, prenez un analgésique au comptoir, peu importe la marque, et vous allez être OK."

"Pas mal toutes les skieuses ont de petits bobos mais elles n'en parlent pas", a répondu cette semaine Patrick Riml, l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne féminine, quand on lui demandé si ses skieuses avaient elles aussi des blessures comme celle de Vonn.

Un silence qui dit tout

Un autre élément révélateur est la réaction de différents skieurs après les deux premières épreuves alpines chez les femmes. Sur twitter, des hommes et des femmes de l'équipe canadienne ont généreusement louangé le courage de Anja Pärson, qui a raflé le bronze au super-combiné après avoir failli renoncer à prendre le départ. On sait que la Suédoise a lourdement chuté lors de la descente, un incident qui a nécessité un examen plus poussé à l'hôpîtal.

Heureusement pour elle, Paerson s'en est tirée avec des contusions, quoique nombreuses et douloureuses.

"Je ne peux croire qu'elle a skié après une chute comme ça. Respect!", a lancé Michael Janyk sur twitter.

Marco Sullivan, un skieur de l'équipe américaine, a félicité sa compatriote Julia Mancuso pour ses deux médailles d'argent: "Quelle belle façon de nous représenter!, a-t-il écrit. C'était formidable à regarder."

Parallèlement à cela, un silence assourdissant sur l'exploit de Vonn, qui a décroché l'or en descente "malgré" sa blessure au tibia. Et pas un mot de sympathie, de la part de ces mêmes skieurs, à la suite de sa disqualification au super-combiné.

Entretenir la légende

En répondant à une question directe, Vonn a reconnu que sa sortie de piste de jeudi n'était pas attribuable à sa blessure au tibia. Reste que lorsqu'on l'interroge sur sa blessure, elle ne cherche jamais à minimiser son état, comme le fait Paerson par exemple.

Même que c'est tout le contraire. On chuchote que le clan Vonn - le mari de Lindsey, Thomas Vonn, est un ancien skieur qui n'a pas le statut d'entraîneur avec l'équipe américaine, mais il est toujours très présent - a adopté cette façon de faire dans le but de préparer le terrain pour les Jeux. Si la belle Américaine est exclue du podium, l'excuse est toute prête. Et si elle l'emporte malgré tout, sa future légende n'en sera que grandie.

Même Jim Tracy, l'entraîneur-chef de l'équipe féminine américaine, refuse de contribuer au boucan créé autour de la blessure de Vonn.

"Pendant les courses, elle peut l'oublier. La douleur ne la dérange pas à ce point", a-t-il souligné, jeudi après le super-combiné, avec l'air d'un homme désireux de donner l'heure juste. C'est après que ça réapparaît."

Invitée à répondre à une question générale sur les blessures, Paerson a elle aussi ajouté son grain de sel dans ce débat, jeudi, après sa vaillante performance.

"Le ski alpin n'est pas juste une question d'aller vite, c'est aussi une question de comment tu réagis malgré les blessures. Je dirais qu'au moins la moitié des skieuses souffrent d'un quelconque problème, a dit la Suédoise. (Jeudi), j'avoue que j'avais une grosse montagne à franchir, mais d'habitude je ne dépense pas trop d'énergie à me préoccuper de mes blessures. Tout le monde a des petits bobos ici et là."

Janyk avant Brydon

En théorie, le Canada aura deux espoirs de médaille lors du super-G féminin de samedi. Mais ceux qui ont de l'argent à miser auront intérêt à le mettre sur Britt Janyk plutôt que sur Emily Brydon.

Janyk est considérée comme moins talentueuse que Brydon, mais ses bonnes habitudes de tâcheron, jumelée à sa sixième place obtenue lors de la descente de mercredi et le fait qu'elle est chez elle à Whistler, font d'elle une valeur plus sûre que la skieuse de Fernie, en Colombie-Britannique.

Reste que malgré sa 16e place lors de la descente et sa 14e position lors du super-combiné, il ne faut jamais exclure la possibilité d'un exploit dans le cas de Brydon.

"J'y vais avec les émotions. J'aime mieux avoir une personnalité qu'être un morceau de bois", a-t-elle lancé après le super-combiné.

"Le super-G est une nouvelle journée et si on se vautre dans le négatif, on n'ira nulle part, a par ailleurs affirmé Brydon. Ca enlève de la pression quand le pire arrive. Et le pire est arrivé. Je sais que je suis capable de mettre ça derrière moi, de ramasser les morceaux et de les recoller.

"Je ne sais pas encore si je vais me préparer en buvant, en pleurant ou quoi.... Mais (samedi) sera une autre journée. Chaque journée est une nouvelle journée."

Le super-G sera la dernière épreuve de vitesse chez les femmes. Le super-combiné masculin suivra dimanche, puis ce sera le début des épreuves techniques, mardi, avec le slalom géant masculin.