TORONTO - Heather Moyse, championne olympique en titre en bobsleigh, ne veut pas précipiter sa préparation en vue d'un retour à la compétition. Toutefois, elle a peu de temps pour atteindre le niveau maximal de conditionnement, avec trois mois à écouler avant les Jeux d'hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud.

« Il existe un équilibre entre pousser les choses et demeurer patiente et disciplinée pour éviter que je subisse une déchirure quelconque », fait remarquer Moyse.

Toujours prête à relever un défi, l'athlète originaire de Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard, a annoncé à la mi-septembre qu'elle envisageait reprendre la compétition cette saison.

Cependant, Moyse ne revient pas dans le but de mériter une troisième médaille d'or olympique consécutive aux côtés de Kaillie Humphries. Son objectif, cette fois, est d'aider une membre de la jeune équipe nationale féminine à monter sur le podium olympique pour la première fois.

Pour y arriver, elle doit minutieusement bâtir son programme d'entraînement puisque sa dernière épreuve officielle remonte à plus de trois ans. Par ailleurs, Moyse a dû se soumettre à une autre opération à une hanche depuis son triomphe aux Jeux de 2014 à Sotchi, après celle effectuée en novembre 2012, et soigner une blessure au dos plus tôt cette année.

L'âge est un autre élément qui entre en ligne de compte, elle qui célébrera son 40e anniversaire de naissance l'été prochain.

« Ce n'est pas comme si je passais de 21 à 25 ans, a-t-elle reconnu lors d'une récente interview. Je saute de 35 à 39 ans. »

Une reprise graduelle

Lorsqu'elle était engagée à fond dans un programme de musculation en préparation pour ses compétitions de bobsleigh, Moyse pouvait glisser quatre larges plaques de chaque côté de la barre pour ses flexions sur jambes. Cette fois-ci, elle a commencé avec deux « petites plaques de 10 kilogrammes » et gravi les échelons jusqu'à 110 kg.

Son programme actuel inclut aussi des exercices cardiovasculaires, de l'entraînement sous l'eau et la poussée d'un traîneau sur lequel sont déposées d'autres plaques de fonte, en gymnase.

Moyse admet que tout le monde s'est montré «super-prudent » au sujet de son entraînement par étapes, ajoutant qu'il a fallu un certain temps avant que son corps ne s'habitue à cette nouvelle routine.

« Physiquement, les trois premières semaines à Calgary ont été vraiment frustrantes pour moi. »

En douceur, Moyse a demandé une accélération de la cadence maintenant qu'elle s'habitue aux entraînements liés spécifiquement au bobsleigh. Le but est de trouver le parfait équilibre entre le maintien de la santé et la préparation adéquate lorsque s'amorceront les Jeux.

Il faut aussi songer à planifier des séances d'entraînement sur piste avec une nouvelle pilote. La nécessité de développer un synchronisme avec une nouvelle coéquipière est cruciale dans une discipline sportive où la différence entre chaque marche du podium est souvent une affaire de dixièmes ou même de centièmes de seconde.

« Les entraîneurs savent que ma progression va se poursuivre jusqu'au mois de février, a raconté Moyse. Pour cette raison, ils m'ont dit "Nous ne sommes pas pressés de te voir participer à une course. Nous préférons que tu sois méthodique et que tu reviennes en force sans pousser les choses ". »

« Par contre, je connais aussi l'importance d'établir cette complicité avec la pilote. »

Moyse a décidé d'effectuer un retour après que la bobeuse canadienne Alysia Rissling lui eut demandé si elle était intéressée à revenir avec une équipe désireuse d'apprendre de la réputée freineuse, triple participante aux Jeux olympiques. Elles devraient former une équipe une fois que Moyse sera officiellement de retour.

Rissling, une étoile montante dans l'équipe canadienne, s'est classée sixième aux Championnats du monde et a remporté une médaille de bronze sur la piste de Pyeonchang lors d'une étape de la Coupe du monde.

Puisque Humphries est la seule autre membre de l'équipe canadienne ayant vécu les Jeux, l'objectif visé est de permettre à Moyse de donner des conseils en matière de préparation mentale, de gestion de la pression, de réduire les soucis pour la pilote et de fournir des informations pertinentes.

« Ça va beaucoup plus loin que la simple poussée », résume Moyse, dont le premier titre olympique remonte aux Jeux de 2010 à Vancouver.

Pour mériter sa participation aux Jeux de Pyeongchang, Moyse devra respecter les critères de sélection de poussée en Coupe du monde. Si tout respecte l'échéancier, Moyse pourrait prendre part à au moins une course avant Noël. Mais les points d'interrogation vont subsister tant qu'elle n'aura pas tenu de rigoureuses séances d'entraînement.

« Peut-être que j'aurai plus de latitude au niveau de ma hanche, et que ça compensera le fait que j'ai 39 ans. Il y a beaucoup d'éléments qui entrent en ligne de compte. En ce moment, c'est de comprendre certaines choses. Je n'ai aucune idée. »