Montréal — Année postolympique ou pas, il y aura peu d'absents à Montréal, hôte des XI Championnats du monde de sports aquatiques. Les Michael Phelps, Pieter van den Hoogenband en natation, les Dmitri Sautin, Chantelle Newbery en plongeon, les nageuses synchronisées russes ou encore les équipes hongroises et italiennes en water-polo assureront un spectacle éblouissant à tous les amateurs qui se rendront aux îles Ste-Hélène et Notre-Dame du 17 au 31 juillet.

Natation

Si Ian Thorpe a décidé de ne pas participer aux Mondiaux 2005, on aurait envie de dire : tant pis pour lui ! Après tout, la piscine regorgera de médaillés olympiques, alors un de plus ou un de moins.

Évidemment, l'Américain Michael Phelps, huit fois médaillés aux derniers Jeux olympiques attirera les regards. Il y aura une confrontation attendue avec le Néerlandais Pieter van den Hoogenband. Le retour de l'Australien Michael Klim ajoutera du piquant aux épreuves de style libre. Le champion olympique et du monde aux 100 m et 200 dos, l'Américain Aaron Peirsol, a démontré qu'il prenait cette année au sérieux en signant deux records du monde lors des sélections américaines ce printemps.

L'Australienne Leisel Jones, double médaillée aux Jeux d'Athènes, a elle aussi réussi deux records du monde aux 100 et 200 mètres brasse au cours des essais nationaux. Jones retrouvera au sein de la formation australienne, menée par le capitaine Grant Hackett, Jodie Henry, triple médaillée d'or olympique et Lisbeth Lenton, médaillée de bronze au 50 m libre et d'or au relais 4x100 m libre.

La Française Laure Manoudou a également confirmé sa présence à Montréal. La nouvelle étoile de la natation française a gagné trois médailles à Athènes dont l'or au 400 m libre.
L'équipe canadienne sera sélectionnée à Montréal au mois de mai.

Plongeon

Les plongeurs chinois s'en promettent des belles à Montréal. "Nous nous attendons à ce que les Chinois présentent de tout nouveaux plongeons, des plongeons audacieux atteignant jusqu'à 3,8 de degré de difficulté au 3 mètres, du jamais vu", lance Mitch Geller, directeur sportif à Plongeon Canada et coordonnateur des compétitions de plongeon pour MONTRÉAL 2005.

"Ça sera vraiment quelque chose. Les Mondiaux de Montréal orienteront le sport pour les années à venir", ajoute Geller. De plus, les spectateurs seront littéralement aux premières loges, les gradins seront collés sur le bassin de plongeon.

Les amateurs pourront admirer les prouesses des meilleurs Chinois, mais ils auront aussi le privilège de voir plonger le Russe Dmitri Sautin. À 31 ans, Sautin est un vétéran sur la scène internationale. Chaque année, on s'attend à ce qu'il prenne sa retraite, mais après ses quatrièmes Jeux olympiques, au cours desquels il a remporté sept médailles, il plonge toujours. Et il plonge bien comme en font foi ses deux médailles d'argent remportées lors de Grand prix FINA cette saison.

Du côté féminin, les plongeuses chinoises tenteront de voler la vedette comme leurs compatriotes masculins, mais il faudra évidemment tenir compte de la présence des plongeuses australiennes Chantelle Newbery et Loudy Tourky respectivement médaillée d'or et de bronze à Athènes, à la tour de 10 mètres.

Les deux plongeuses ont décidé de faire équipe pour les épreuves de plongeon synchronisé. À leur première compétition, Newbery et Tourky ont établi un nouveau record national. Leur total de points les aurait placées sur la deuxième marche du podium à Athènes, c'est dire que la chimie existe entre ses deux athlètes.

Les athlètes canadiens seront choisis à London lors des Championnats nationaux d'été du 2 au 5 juin.

Nage synchronisée

En nage synchronisée, la roue est repartie pour Pékin. Sport jugé, les équipes ne peuvent se permettre de baisse de régime. Pour ce cycle olympique, la Russie semble encore dans une classe à part elle qui domine largement la scène internationale depuis 1998.

À Barcelone et à Athènes, les Russes ont remporté quatre des six titres en jeu. Le duo d'Anastasia Davydova et d'Anastasia Ermakova a récolté huit notes parfaites lors de son programme final aux Olympiques. À 22 ans, les Anastasia sont en route vers Pékin et leur chemin croisera Montréal cet été où elles entendent bien défendre leur titre.

L'équipe russe pourrait ajouter le titre du combiné à son dossier. Épreuve présentée pour la première fois à Barcelone, les Russes avaient préféré faire impasse laissant la première place au Japon.

En solo, la Française Virginie Dedieu a remporté la première médaille d'or de son pays en championnat du monde à Barcelone. L'Aixoise, qui a la particularité de nager sans pince-nez, présentera une toute nouvelle chorégraphie. Pour défendre son titre, elle devra se méfier des nageuses russe et espagnole.

Les Canadiennes tenteront de freiner leur descente sur l'échiquier mondial et même de remonter sur le podium. Une belle commande pour une équipe renouvelée en cette année postolympique.

Water-polo

Si aux Jeux olympiques douze équipes masculines et huit féminines s'affrontent pour la médaille d'or, c'est 32 formations qui se retrouveront à Montréal en juillet, 16 équipes masculines et féminines. Conséquemment, tous les meilleurs joueurs au monde se disputeront le titre de champion du monde.

La Hongrie sera sans conteste l'équipe masculine à surveiller. Champions olympiques (2000 et 2004) et du monde en titre, les Hongrois peuvent compter sur Tamas Kasas, un des meilleurs joueurs au monde. Ses deux mètres lui confèrent un avantage sur les autres joueurs. Puissant, solide, ce colosse peut jouer sur tous les fronts et décocher des tirs dévastateurs. Kasas a le water-polo dans le sang ; son père Zoltan a joué pour l'équipe nationale championne du monde en 1973. Dans le détour, la Hongrie devra assurément se frotter à la Serbie-Monténégro. Aux derniers Jeux olympiques, l'équipe serbe a mené jusqu'à la fin de la rencontre pour voir les Hongrois leur ravir la victoire grâce entre autres à deux buts de Kasas. Aleksandar Sapic, le meilleur marqueur du tournoi olympique aurait pu créer l'égalité en fin de match, mais il n'a jamais pu lancer au but. Gageons qu'il voudra sa revanche.

Mené par le nouvel entraîneur Dragan Jovanovic, le Canada pourrait pour la première fois de son histoire percer le top 12 à ces Championnats du monde. Le tirage au sort du 26 mai sera déterminant pour la formation unifoliée.

Chez les dames, les États-Unis ont une des meilleures fiches internationales. Médaillées de bronze des Jeux d'Athènes, les Américaines tenteront de défendre leur titre de championnes du monde acquis à Barcelone en 2003. Mais elles devront compter sur la présence des Italiennes, championnes olympiques, des Australiennes et des Russes. La Grèce, surprenante médaillée d'argent à Athènes, a perdu plusieurs de ses vétérans après les Jeux et elle devra batailler ferme pour une place sur le podium. Les Canadiennes, qui ont toujours bien joué au pays, doivent être considérées pour la course aux médailles. Portées par la foule, les poloïstes pourraient gagner leur première médaille internationale depuis 2002.

Nage en eau libre

Bien que les premiers Championnats du monde en eau libre n'aient eu lieu qu'en 2000, le sport a su, au fil des ans, produire ses vedettes. L'Espagnol David Meca, multiple médaillé des Championnats du monde est l'un d'eux, tandis que l'Italienne Viola Valli a aussi laissé sa marque avec entre autres ses deux victoires (5 km et 10 km) à Barcelone.
À Montréal, l'Allemande Britta Kamrau, forte de ses victoires aux 10 et 25 km aux Championnats du monde de Dubaï, en décembre dernier, sera à surveiller. Au 5 km, les Russes Larisa Ilchenko et Ksenia Popova, respectivement première et deuxième à Dubaï, en mettront sûrement plein la vue aux spectateurs puisqu'elles ne sont âgées que de 16 ans.

Chez les hommes, c'est l'Australien Brendan Capell qui a fait sensation lors des derniers Mondiaux. Sa victoire au 25 km était inattendue. Mais un des athlètes qu'on peut s'attendre à voir sur le podium est assurément Christian Hein, de l'Allemagne. Hein a gagné trois médailles d'argent au cours des deux derniers Championnats du monde.
La nage en eau libre n'est toujours pas au programme olympique, mais la FINA aimerait voir la discipline s'ajouter aux Jeux de 2012.