MUNICH - Les dirigeants de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) devaient être au courant de toute l'étendue du scandale de dopage de la Russie, mais n'ont rien fait pour y mettre fin, puisque l'organisme était lui-même corrompu jusqu'à la moelle, selon un rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA) publié jeudi.

« Il est de plus en plus clair que bien plus d'employés de l'IAAF étaient au courant du problème que ce qui a été admis », lit-on dans ce rapport écrit par l'ex-président de l'AMA Dick Pound et présenté au cours d'une conférence de presse tenue à Munich.

IAAF : Un deuxième rapport dévastateur

« De dire que des dirigeants élus n'étaient pas au courant de la situation en Russie, ce n'est pas crédible. Si tant de gens savaient, pourquoi rien n'a été fait? De toute évidence, l'IAAF n'avait pas envie de défier la Russie. »

Le rapport ajoute : « La corruption faisait partie intégrante de l'organisation. Ça ne peut pas être ignoré ou encore peut-on penser qu'il ne s'agissait que l'agissement d'une personne seule. »

La commission a établi que l'ex-président Lamine Diack « était responsable de l'instauration de cette culture de la conspiration et de la corruption ». « Il a sanctionné et savait parfaitement au sujet de la fraude et de l’extorsion d'athlètes. »

L'AMA a aussi sévèrement blâmé le conseil de l'IAAF, le comité de supervision où siégeait l'actuel président de la fédération, Sebastian Coe. Selon le rapport, les membres de ce conseil « ne pouvaient pas ne pas connaître le niveau de népotisme en vigueur au sein de l'IAAF, (...) pas plus que que l'étendue du dopage ».

Coe était sur place pour entendre les conclusions de Pound,qui estime que l'IAAF est toujours une organisation dans le déni. Mais Pound a aussi encouragé Coe à demeurer en poste, estimant qu'il est le meilleur homme pour sortir l'organisation de ce marasme et restaurer sa crédibilité.

Quand Coe a accédé à la présidence en août, il a encensé les 16 années au pouvoir de Diack. Les allégations qui ont depuis été avancées ont plongé Coe dans l'embarras.

Mais Pound croit que Coe « n'avait pas la moindre idée de l'ampleur » de la corruption alléguée de Diack quand il a pris le pouvoir.

Le rapport fait également état des relations harmonieuses entre Diack et le président russe, Vladimir Poutine. Un cas notamment est cité : avec neuf cas de dopage par des athlètes russes toujours à résoudre et les Mondiaux de 2013 qui approchaient à grands pas, Diack a expliqué à un avocat que « seul le président Poutine, qui est mon ami, peut régler la situation corsée dans laquelle je me trouve ».

Pour Pound, l'IAAF n'a pas à être dissoute. Il dit ne pas croire que les problèmes de la fédération soient aussi graves que ceux qui ont frappé la FIFA et ses dirigeants.