Lance Armstrong est de retour! Du moins, il a tenté un retour et ce n’était pas en vélo. Le septuple vainqueur déchu du Tour de France tourne en rond en buvant de la bière!

 

Le Texan tombé en disgrâce après qu’il eut avoué avoir fait usage de produits dopants s’est récemment inscrit à une course de qualifications pour les Mondiaux de « Beer Mile ». Cette course très particulière, qui a vu le jour au Canada dans les années 90,  est un concept nouveau aux États-Unis et consiste à parcourir un mile (1,6 kilomètre) sur une piste d’athlétisme de 400 mètres en buvant une bière à chaque tour. Lorsqu’il se présente au fil d’arrivée, le compétiteur aura donc bu quatre canettes de 355 millilitres. Le taux d’alcool de la bière doit être de 5 % au minimum. Important de respecter les règles ici! Hum…

 

beer mileLe cycliste américain s’était inscrit à une course qualificative le 16 novembre dernier, cherchant ainsi à assurer sa place lors du premier championnat du monde de la « discipline » qui aura lieu le 3 décembre prochain au Yellow Jacket Stadium d’Austin, au Texas. Il croyait être capable de battre le meilleur temps (5 :51) dans la catégorie des maîtres (40 ans et plus). Malheureusement pour lui, ça ne s’est pas très bien passé. Alors que la plupart des spectateurs présents croyaient qu’Armstrong remporterait facilement sa vague, ils ont plutôt assisté à son abandon après son premier tour et quelques gorgées de sa deuxième cannette de bière. Il faut dire qu’il accusait déjà un sérieux retard sur les autres participants avant même d’entreprendre sa course d’un mile puisqu’il aurait éprouvé quelques difficultés à vider sa première petite bière!

 

Quelques journalistes locaux étaient présents pour assister à ce triste moment. Après tout, Armstrong n’est pas un mauvais athlète. Même sans dopage, son conditionnement physique reste supérieur à monsieur tout le monde. En plus de sa carrière de cycliste, il avait déjà participé à des marathons et triathlons. Malheureusement, les exemples d’athlètes déchus ou exclus de leurs sports en raison de diverses malversations ou tricheries ne sont pas rares. Malgré les nombreux conseillers qui lui dictent la plupart de ses engagements, agissements ou propos, je ne comprends pas comment et pourquoi Armstrong s’est retrouvé sur cette piste d’athlétisme avec quatre cannettes de bières à la main. Il voulait probablement s’amuser, mais il aura plutôt fait rire de lui.

 

Après avoir félicité le gagnant de sa vague qualificative, Armstrong aurait déclaré que ce n’était pas ce à quoi il s’attendait. Mais à quoi donc s’attendait-il? À retrouver sa gloire perdue en gagnant une course à moitié saoul? Pathétique.

 

Une idée canadienne

 

beer mileL’origine du « Beer Mile » revient à des Canadiens. Quelle fierté! En 1989, un groupe de coureurs universitaires sur longues distances de la Colombie-Britannique cherchait à avoir du plaisir lors de la période de récupération suivant leur entraînement. Ces joyeux lurons eurent l’idée de boire une bière à chaque tour de 400 mètres sur une piste d’athlétisme. Sans même s’en douter, ils venaient de créer une nouvelle discipline qui en inspirerait plusieurs. Un peu comme ces étudiants anglais du XIXe siècle à qui on doit la création du 3 000 mètres steeple parce qu’ils s’étaient lancé le défi de refaire à la course le parcours qu’ils venaient d’emprunter à dos de cheval.

 

Depuis, plusieurs très bons coureurs ont amélioré le record. Chez les hommes, le Californien James Nielsen est l’actuel détenteur du record mondial. En avril dernier, il a bouclé la distance en 4:57.1. Selon le chronométreur officiel, Nielsen a eu besoin de 30 secondes en tout pour boire ses quatre bières. Il est ainsi devenu le premier homme à courir le mile houblonné en moins de cinq minutes. La vidéo de sa performance a été visionnée à près d’un million et demi de reprises. Pour vous donner une petite idée, le record du monde du mile, le vrai,  appartient à Hicham El Guerrouj et fut établi en 1999 à Rome après qu’il eut terminé en 3:43.13.

 

Nielsen aura à se méfier le 3 décembre prochain car déjà plusieurs rivaux souhaitent lui ravir son record. L’un de ceux-là est le Manitobain Corey Gallagher qui détient le deuxième meilleur temps mondial (5:01.57).

 

beer mileChez les femmes, le record est tout récent et il appartient à la Canadienne Chris Kimbrough. Cette coureuse de 44 ans, mère de six enfants, a facilement battu par 13 secondes le précédent record vieux de 17 ans. À sa toute première tentative sur le « beer mile », elle a arrêté le chrono à 6:42.0. Kimbrough détenait déjà plusieurs records dans la catégorie des maîtres au Canada et avait le goût d’ajouter celui-ci à sa liste. Après son exploit, elle a révélé que ses bières n’étaient pas froides, mais juste tièdes et ainsi beaucoup plus faciles à boire. Ah bon!

 

Alors que je continue de chercher l’utilité ou le plaisir de courir en buvant beaucoup de bière, je précise qu’il est impératif pour tous les participants qui seront à Austin le 3 décembre de pouvoir compter sur un chauffeur désigné. Malgré toutes mes recherches, je n’ai pu trouver ce service sur le site officiel du championnat mondial du « beer mile ».

 

Dans le fond, il n’y a qu’un seul avantage à participer à ce genre de course. Celui de quitter la piste avec un large sourire sur le visage malgré une démarche chancelante et une dernière position. Malheureusement pour lui, Lance Armstrong n’aura pas eu ce privilège puisque la seule bière qu’il aura bue avant son abandon lui a probablement laissé un goût amer. Celui de l’humiliation.