LA HAVANE (AFP) - La quatrième place obtenue aux Mondiaux d'athlétisme d'Edmonton au saut en hauteur par Javier Sotomayor, double champion du monde et détenteur du record du monde de saut en hauteur, interpelle les Cubains qui sont partagés sur la suite à donner à une carrière mouvementée.

Un choix difficile pour "Soto" qui rêvait d'une sortie en fanfare et entendait profiter de ces Mondiaux pour reconquérir l'or, cette pépite qu'on lui avait reprise pour une affaire de dopage lors de son dernier séjour canadien, après le concours de la hauteur des Jeux panaméricains de 1999 à Winnipeg. C'est l'Allemand Martin Buss (2,36 mètres) qui s'est imposé, mercredi, "Soto" s'élevant à 2,33 mètres et terminant au pied du podium.

Le champion olympique de Barcelone, 33 ans, nie toujours avoir pris de la cocaïne, produit interdit dont on avait retrouvé des traces dans ses urines après sa victoire à Winnipeg.

Absent des Mondiaux de Séville en 1999, suspendu deux ans, il avait obtenu de la Fédération internationale (IAAF) une réduction de moitié de sa peine eu égard à sa "carrière exceptionnelle" et avait pu faire le voyage olympique à Sydney pour en ramener une médaille d'argent.

Mais, pour ses sixièmes Mondiaux, l'étoile de La Havane a perdu de sa superbe, perturbé par des tendons trop sollicités depuis son adolescence, lorsqu'il était déjà capable de voler au-dessus de 2,30 mètres (à 16 ans).

Le niveau mondial a baissé

Mais s'il hésite encore à se retirer, ses supporteurs les plus fidèles, à La Havane ont tranché à sa place: "Il vaut mieux qu'il se retire maintenant, auréolé de son record du monde (ndlr: 2,45 mètres) et de bonnes performances internationales."

"S'il a réussi à sauter 2,33 mètres en prenant cinq pas d'élan c'est qu'il n'est pas encore fini, estime pour sa part Rafael Macbeath, entraîneur au sein de la Fédération cubaine, ajoutant que "s'il n'avait pas été handicapé par sa blessure il aurait pu franchir 2,36 mètres."

Granma, le quotidien officiel quotidien cubain, est également plus indulgent avec "Javier", l'un des héros nationaux, auteur de huit des 12 meilleures performances de tous les temps, qui est toujours resté fidèle au régime castriste: "Même si le niveau mondial a baissé, cela reste une performance pour Javier de se maintenir au sommet, face à des adversaires plus jeunes."

Il est vrai que ses rivaux n'ont été guère brillants cette saison, le seul ayant franchi 2,35 mètres, l'Américain Charles Clinger, n'ayant pu décrocher sa sélection.

"Le contexte international l'a favorisé, reconnaît Roberto Ramirez, attaché à l'Institut des sports (INDER). Cela a renforcé son sentiment qu'actuellement, il y a beaucoup de sauteurs qui atteignent des hauteurs moyennes, pas très élevées. Cela lui a permis de se maintenir dans l'élite."

Une élite que "Soto" pourrait bien quitter avant de régresser avec elle.