Ce n’est pas pour me vanter, mais vous ai-je déjà dit que j’ai déjà couru vite? Très vite même! C’était dans ma jeunesse. 

J’étais en sixième année, à Saint-Pierre-de-l’Ile-d’Orléans, et des responsables de notre village avaient décidé d’organiser des « Olympiades » pour les jeunes. Les différentes disciplines à l’horaire se déroulaient aux alentours ou directement sur le terrain de balle-molle près de mon école. 

 

Je m’étais inscrit au saut en longueur sans élan et à la course. Après avoir remporté la première compétition (j’avais une excellente impulsion), j’envisageais le doublé avec réalisme. Il faut dire que nous n’étions pas nombreux et que je ne connaissais pas mal tous mes adversaires. 

 

Cette course, un sprint, consistait en un tour du terrain de balle-molle. Départ au marbre en direction de la clôture du champ droit, clôture que nous longions ensuite vers la gauche avant de revenir à notre point de départ lorsqu’arrivés à la ligne de démarcation. Oh ça ne faisait pas un très long parcours. Peut-être une centaine de mètres tout au plus, mais avec de nombreux virages. 

 

Mes parents étaient dans la foule. J’aime dire la foule même s’il s’agissait en fait de quelques badauds qui voyaient là une rare occasion de s’assoir dans les gradins en bois à trois étages avec un petit rafraîchissement dans les mains. 

 

Frédéric Plante

 

Ma stratégie était simple, m’emparer dès la tête rapidement pour ne plus jamais la perdre. C’est ce que j’ai presque fait! Car à mi-parcours, un contact avec un autre coureur m’a fait chuter. Je me suis malgré tout relevé pour remonter le peloton et finalement l’emporter. Cela vous prouve la qualité des coureurs réunis. 

 

Bien des années plus tard, cette fois en cinquième secondaire, mon entraîneur de volleyball avait remarqué cette impulsion que j’avais dans les jambes et qui faisait de moi un bon attaquant. Il m’avait convaincu de m’entraîner au saut en longueur et sur 100 mètres pour participer au volet régional des Jeux du Québec. 

 

J’avais donc passé quelques heures, relativement peu motivé,  à suivre son plan. Je n’avais même pas cru bon investir dans une paire de chaussures à crampons, une dépense que je jugeais inutile. Mes souliers de balle-molle feraient l’affaire croyais-je. 

 

Je ne me souviens plus très bien de mon classement au saut en longueur, mais plutôt du regard des autres participants qui me voyaient utiliser une technique d’atterrissage que je qualifierais de « planée » pour aller chercher la plus longue distance possible. Mes fesses étaient souvent celles qui touchaient le sol avant mes pieds. C’était douloureux et inefficace. 

 

Par contre, c’est là que j’ai réalisé pour la première fois que j’étais effectivement un coureur rapide. J’avais réussi à me qualifier pour la finale du 100 mètres grâce à deux bonnes courses lors des rondes qualificatives. 

 

Positionné dans les blocs de départ lors de cette ultime course, je comprenais finalement mon erreur d’utiliser de vieilles godasses lourdes et conçues pour un autre sport. Un sérieux handicap. 

 

Dès le coup de départ, j’ai explosé des blocs et couru comme si j’étais poursuivi par un lion affamé. À 60 mètres, j’étais le meneur! Mais les 40 derniers mètres furent catastrophiques et j’ai finalement terminé bon dernier de cette finale. Je ne me souviens même plus de mon chrono. Un classement général tout de même honorable, mais qui donnait un sérieux coup à la fierté de l’adolescent que j’étais. 

 

Ce fut la fin de ma carrière de sprinter. J’ai recommencé à courir, sur des distances beaucoup plus longues cette fois, douze ans plus tard. Mais cette histoire, je l’ai déjà racontée. 

 

Pourquoi vous dis-je tout cela? C’est parce que j’ai toujours conservé une admiration pour la vitesse des coureurs. De savoir que le meilleur marathonien de la planète, Eliud Kipchoge, conserve une vitesse moyenne de 21 km/h lors d’un marathon me sidère. 

 

Mon intérêt pour la vitesse a encore été sollicité cette semaine avec cette nouvelle à l’effet que le joueur de soccer canadien de 19 ans Alphonso Davies, qui évolue pour Bayern Munich, a enregistré une vitesse de pointe de 36,51 km/h à Bremen, soit la vitesse la plus élevée jamais observée dans la Bundesliga depuis la collecte de ces données en 2013. Le précédent record  appartenait à Achraf Hakimi (36,49 km/h), qui évolue pour le Borussia Dortmund.

 

Toute vitesse est relative lorsque comparée à une autre. C’est vrai que Davies a couru vite, mais ce n’est rien par rapport à la vitesse humaine la plus rapide jamais enregistrée.  Vous ne serez pas surpris si je vous dis qu’elle appartient au plus grand sprinter de l’histoire, le Jamaïquain Usain Bolt. 

 

En finale des Mondiaux d’athlétisme à Berlin en 2009, Bolt a réalisé son incroyable record de 9 secondes et 58 centièmes sur 100 mètres. Une marque qui n’est pas prête d’être battue. Entre le 60e et 80e mètre, il a atteint la stratosphérique vitesse de 44,72 km/h. Sa vitesse moyenne fut de 37,58 km/h. Ouf! 

 

Avant d’écrire ce texte, j’ai été courir avec ma montre Garmin au poignet. À la toute fin de ma sortie, je me suis mis à accélérer à mon maximum pour voir si je possédais encore un petit peu de ma vitesse d’antan. La réponse est clairement non. Pour le simple passant qui me regardait sprinter, je devais avoir l’air d’un être désarticulé! À ma décharge, il faut dire que j’avais déjà dix kilomètres dans les jambes, il faisait chaud, je suis diminué par une blessure à une cheville et, surtout, j’aurai bientôt 50 ans! Ma vitesse maximale, tenue sur une dizaine de mètres seulement, fut de 20,8 km/h. 

 

Je me dis tout de même bravo pour l’effort. Bravo également à Antonio Davies pour son record de vitesse au soccer et bravo, surtout, à Usain Bolt, l’humain le plus rapide de l’histoire. Usain Bolt

 

Et quand je vous dis que toute vitesse est relative au jeu des comparaisons, saviez-vous que Bolt est encore bien loin de pouvoir rejoindre l’animal se déplaçant le plus rapidement au sol. Un guépard à la course a déjà été contrôlé à 93km/h, soit un peu plus du double de Bolt. Mais c’est vrai que dans son cas, il pouvait s’appuyer sur quatre pattes plutôt que deux! 

 

Et vous, amis coureurs, connaissez-vous votre vitesse maximale?