MELBOURNE (PC) - Michel Larue fait figure de pionnier au Québec même s'il pratique l'un des plus vieux sports au monde.

Larue, de Saint-Lambert, est bien conscient que le boulingrin ne suscite guère de passion dans les milieux francophones au Québec.

"On a plutôt tendance à associer le boulingrin aux personnes âgées et aux anglophones, à un sport qui est réservé à l'élite", a expliqué Larue, mercredi, lui qui s'était incliné la veille en quarts de finale du tournoi en paires des Jeux du Commonwealth. Il faisait équipe avec Keith Roney, de Regina.

"Pourtant, c'est un très beau sport. Je dis souvent à ceux qui me questionnent sur l'intérêt de pratiquer ce sport, que s'ils aiment le billard et le golf, ils adoreront le boulingrin."

Le boulingrin ressemble au curling, sauf que la cible (cochonnet) est mobile. Le but du jeu consiste à s'approcher le plus possible du cochonnet. On prétend que des vestiges archéologiques égyptiens font remonter la pratique du boulingrin aux environs de 5200 avant J.-C.

"C'est un sport de précision, de concentration, de stratégie et aussi d'endurance car un match de compétition peut parfois durer de trois à quatre heures, a ajouté le botaniste de 39 ans qui est le premier franco-québécois à atteindre ce niveau. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le boulingrin peut nous amener à un haut niveau de compétition quand il est bien joué."

Médaillé d'or aux championnats d'Asie du Pacifique en 2003 en tant que capitaine de l'équipe de double, Larue était très déçu de ne pas avoir une chance de mériter une médaille à Melbourne.

"Nous espérions atteindre la demi-finale. Mais pour plaire à la télévision, ils ont modifié le format de la compétition pour les Jeux du Commonwealth. En cas d'égalité après deux sets, on dispute un bris. Cette formule a créé beaucoup de mécontentement parmi les joueurs."

Larue et Roney se sont justement inclinés au bris d'égalité en quarts de finale après avoir pourtant remporté le premier set 11-1.

Etant un grand amateur de sports, Larue a été initié au boulingrin par un ami en 1989 et il a aussitôt adoré.

"Quand je me suis joint au club de boulingrin de St-Lambert, les francophones constituaient seulement 20 pour cent des membres. Aujourd'hui, c'est passé à 60 ou 70 pour cent. Nous cherchons à mieux faire connaître le sport."

Présentement, on compte environ 600 membres répartis dans huit clubs au Québec, dont sept dans l'ouest de Montréal.