MONTREALÂ -- Leur histoire semble inspirée d'un scénario de Hollywood. Ils sont beaux, jeunes, talentueux et ont dû surmonter bien des obstacles avant de devenir les champions canadiens de patinage



MONTREAL -- Leur histoire semble inspirée d'un scénario de Hollywood. Ils sont beaux, jeunes, talentueux et ont dû surmonter bien des obstacles avant de devenir les champions canadiens de patinage artistique en couple (2009 et 2007).

Bryce Davison a 23 ans. Il est né en Californie mais a grandi en Ontario avant de s'établir au Québec, à l'âge de 17 ans, pour suivre celle avec qui il fait carrière aujourd'hui. Jessica Dubé, d'un an sa cadette, vient de Drummondville.

Malgré leur âge, ces athlètes démontrent pourtant la complicité d'un vieux couple en compétitions. Il faut dire que le duo patine ensemble depuis bientôt sept ans.

En 2006, Dubé et Davison ont terminé au 10e rang en couples aux Jeux olympiques de Turin, en Italie. Cette fois, ils visent plus haut, surtout que les prochains Jeux d'hiver se dérouleront en sol canadien.

"Ça fait quatre ans qu'on s'entraîne pour ça, raconte Dubé en entrevue à La Presse Canadienne. Les Jeux de Turin c'était ok, mais là on mise sur Vancouver. C'est vraiment notre but ultime cette année."

Davison souligne, pour sa part, qu'ils ont beaucoup appris de leur première expérience olympique. Il évoque notamment l'importance de bien gérer la nervosité qui accompagne un événement d'une telle envergure.

Si le duo se dit confiant en vue des Jeux de Vancouver, il évite toutefois de crier victoire, sachant fort bien que rien n'est acquis d'avance. De médaillés de bronze qu'ils étaient aux Championnats du monde de 2008 en Suède, ils ont glissé au septième rang aux Mondiaux de 2009 à Los Angeles. Plus récemment, début décembre, ils n'ont pu se qualifier pour la finale Grand Prix de l'Union internationale de patinage. Mais une fois la déception passée, Dubé et Davison se regardent droit dans les yeux et se disent prêts à revenir plus forts.

Au fil des entretiens, la complicité entre les deux devient de plus en plus frappante. Il leur arrive même parfois de compléter la phrase de l'autre en entrevue. Il n'est donc pas étonnant d'apprendre que Dubé et Davison partagent les mêmes idoles olympiques. Il s'agit d'un autre couple de patineurs canadiens, Jamie Salé et David Pelletier, médaillés d'or aux Jeux de Salt Lake City en 2002.

"Depuis que je les ai vus à la télé aux Olympiques, j'ai toujours rêvé d'être comme eux (...) d'avoir la chance d'être sur le podium", raconte Dubé, qui se souvient de sa première rencontre avec Jamie Salé et David Pelletier, qui forment un vrai couple dans la vie. Cette première rencontre avait justement eu lieu à Turin. Mais ce ne fût pas leur dernière.

"En plus, on a la chance de travailler avec eux, donc c'est merveilleux", ajoute-elle.

Si Dubé les admire particulièrement pour leur technique et leur performance parfaite aux Jeux de Salt Lake City, Bryce Davison les apprécie pour une toute autre raison.

"C'est plus pour la façon dont ils ont géré toute la controverse qu'ils ont vécue aux à Salt Lake."

Le couple Salé-Pelletier s'est en effet retrouvé au coeur d'un scandale, bien malgré eux. Une juge de la compétition, se disant sous pression, les a d'abord privés de leur médaille d'or au profit d'un couple russe dont la performance présentait quelques imperfections. Le comité international olympique (CIO) avait finalement octroyé une deuxième médaille d'or aux Canadiens et suspendu la juge française corrompue.

Dubé et Davison ont eux aussi défrayé les manchettes à la suite d'un événement malheureux.

C'était en février 2007, en pleine compétition et en direct devant les caméras. Davison a touché sa partenaire à la joue avec son patin, lui causant une profonde lacération qui a nécessité 80 points de suture. La jeune femme était étendue à plat ventre sur la glace, en pleurs. Davison, ébranlé, s'est accroupi auprès d'elle, ne la quittant à aucun moment jusqu'à son transport à l'hôpital.

Dix jours plus tard, le duo était de retour sur la glace. Malgré les apparences, l'affaire a été plus difficile à gérer pour Davison, qui a d recevoir de l'aide pour surmonter ses sentiments de culpabilité.

Aujourd'hui, le duo avoue que c'était un moment crucial de leur carrière. Au lieu de les séparer, cela les a unis davantage, selon leurs propres dires.

"Si on peut passer par-dessus ça, on peut faire n'importe quoi", affirme Davison, le regard posé tendrement sur sa partenaire.

Depuis le temps qu'ils patinent ensemble, Dubé a également pris le chemin de l'hôpital après s'être blessée au dos lors d'une autre compétition. Elle a aussi eu des problèmes à un genou.

Questionné sur sa santé, la jeune femme affirme tout sourire que "jusqu'à présent ça va bien". Puis, elle révèle que "Bryce a eu un petit soucis avec son pied au début de l'été, mais que maintenant tout est correct."

Le jeune homme acquiesce.

"Ça va bien. On est en forme. On a deux programmes pour cette année. On est très excités. Ça va être une bonne année."

Ils s'entraînent donc intensivement cinq jours par semaine. Une journée typique compte trois heures et demie de patinage, suivi d'un entraînement hors glace qui varie entre le stretching, le spinning, la musculation ou le cardio.

Un horaire qui leur laisse peu de temps pour les à-côtés.

"Notre vie cette année, c'est juste le patin", dit Davison, qui ne semble pas dérangé outre mesure par ce train de vie.

"Bryce est plus discipliné, affirme Jessica en riant.

"Il est tellement discipliné que ça m'aide des fois quand j'ai un peu plus de misère à me lever le matin. Je sais que Bryce va être là et qu'il est prêt à travailler, et ça me motive. Je ne veux pas le laisser tomber."

Davison ajoute que "pour être rendu au niveau olympique, il faut être discipliné dans la vie de tous les jours (entraînement, alimentation). Tous les athlètes olympiques sont un peu fous dans ce sens là", selon lui.

"C'est un gros point de fierté de faire une aussi grosse compétition que des olympiques devant une foule canadienne. On a très hâte", ajoute-il.

Et si l'histoire devait avoir une belle fin, comme dans les films d'Hollywood?

A l'idée d'une médaille olympique, Jessica répond "je pense que je vais lui sauter dans les bras. C'est sûr et certain. Je ne sais pas. Je ne suis pas capable de me l'imaginer. Je pense qu'on va voir sur le moment."