Le 11 mai dernier, Sylvain Burguet, un entraîneur personnel âgé de 28 ans, commence à courir au parc Lafontaine de Montréal pour un petit jogging de 265 kilomètres non-stop! C’est 6,2 marathons de suite sans aucun arrêt. Il souhaite arriver à Québec en moins de 30 heures. Un exploit sportif hors du commun et qui mérite d’être raconté.

Pour se motiver, Sylvain avait décidé d’amasser des fonds pour une cause : la déficience intellectuelle et les troubles envahissants du développement. L’autisme.

Le départ s’effectue à 18h au Parc Lafontaine. Sylvain est accompagné d’une psychologue, d’un médecin, d’un ostéopathe et d’un informaticien qui s’occupera de relayer de l’information sur les médias sociaux.



Sylvain avale les premiers kilomètres facilement. Son entraînement était à point et il termine sa première distance de marathon en moins de quatre heures tel que prévu. La nuit tombe et le moral est bon. Lui et ses accompagnateurs sont toujours dans la « banlieue proche » de Montréal.

Les premiers problèmes se pointent vers minuit. Les bas cotés de la route sont inclinés soit vers la droite, soit vers la gauche. Sylvain change régulièrement de côté pour éviter de se fatiguer prématurément. Des douleurs apparaissent aux chevilles, mais il continue.

À Lavaltrie, à 3h du matin, il court sur une petite route. Il fait complètement noir et seulement sa lampe frontale lui permet de voir quelques mètres devant lui. Des chiens l’effraient en le poursuivant et en aboyant. Un moment pénible. Il sent son stress augmenter.

Il décide de faire une pause après 63 kilomètres de course. C’est ça ou il ne pourra pas terminer. Il fait une courte sieste et, après un massage, repart. Il longe les bords du Fleuve St-Laurent et s’extasie devant la beauté du paysage. Les outardes sont là par milliers.



Sylvain court mais comprend que son défi sera difficilement atteignable. Il suit les conseils du psychologue qui l’avait aidé dans sa préparation et se rattache au moment. À chaque pas, il essaie de ne pas partir dans ses pensées sous peine de visualiser l’énorme distance qui lui reste à parcourir, mais se concentre plutôt sur chacune de ses foulées, de ses douleurs. Il modifie sa façon de courir en utilisant ses épaules et sa tête.

Sa glycémie et son hydratation sont parfaites. À chaque heure, il s’arrête rapidement pour manger des pâtes, boire de l’eau salée, du coca cola et du jus d’orange.



À 10h30, le samedi 12 mai, Sylvain franchi les 100 kilomètres. Il est à Louiseville. Le tendon d’Achille gauche de même que toute sa cheville le font souffrir à cause des bas cotés inclinés en gravelle et en terre. Puis, il arrive à Trois-Rivières. Il continue malgré la douleur à sa cheville gauche enflée. Il sent un gros frottement à son tendon d’Achille.

À exactement 132 kilomètres de son point de départ (Parc Lafontaine), Sylvain annonce qu’il croit être capable de faire encore une quarantaine de kilomètres avant de devoir arrêter. Mais le médecin qui l’accompagne pense autrement et lui conseille d’arrêter immédiatement. Le risque de blessure grave et irréversible était trop important.



Sylvain met donc un terme à son défi alors qu’il venait de quitter Trois-Rivières. Il aura parcouru la moitié de la distance. L’exploit est tout de même significatif et aura permis d’amasser 9 000$ pour la déficience intellectuelle.

Il est déçu, mais comprends les raison de son abandon. Des erreurs stratégiques et de gestion de course. Il a cependant annoncé qu’il recommencerait l’an prochain et que, cette fois, il réussirait.

Il y a des défis qui dépassent l’entendement. Tellement qu’on se demande si ce ne sont pas des demi-dieux qui peuvent les relever.

Sylvain Burguet, à mes yeux, fait partie de ces coureurs qui ont toujours besoin de se dépasser et d’aller plus loin. Je les admire beaucoup. Lorsque je termine un marathon (42,2 kilomètres), ne me demandez pas de faire un pas de plus. La distance est suffisamment longue comme ça.

J’ai déjà hâte d’avoir des nouvelles de Sylvain l’an prochain lors de sa deuxième tentative.