En cette pause obligatoire pour plusieurs d’entre-nous, j’en ai profité pour jeter un coup d’œil à quelques sites de course à pied sur internet. De nombreux articles très intéressants ont été écrits dans la foulée de la Journée internationale de la femme du 8 mars dernier, mais sont passés un peu sous le radar en raison de l’intérêt lié à tout ce qui touche la crise du coronavirus.

 

Un de ces articles a retenu mon attention sur le site de la Fédération internationale d’athlétisme. Il s’agissait d’un compte rendu historique qui démontrait le formidable (mais trop long) chemin parcouru par les femmes pour obtenir l’équité en athlétisme au cours des cent dernières années.

 

En effet, si de nos jours les épreuves sont sensiblement les mêmes pour les hommes et les femmes lors des compétitions internationales, ce ne fut pas toujours le cas. Les femmes auront eu à mener une longue bataille de persuasion pour prouver qu’elles étaient capables, tout comme les hommes, de courir, lancer et sauter. Je vous propose de revenir aux premiers Jeux olympiques de l’ère moderne, ceux d’Athènes en 1896, pour débuter notre parcours récapitulatif.

 

Le baron Pierre de Coubertin, père des Jeux olympiques modernes, n’imaginait pas les femmes aux olympiques. Il n’en voulait juste pas! Pour lui, seuls les hommes devaient être des champions et les femmes ne servaient qu’à couronner ces hérosFanny Blankers-Koen.

 

En 1921, la rameuse française Alice Milliat, décide de prouver que les femmes peuvent participer à des compétitions sportives olympiques en athlétisme. Elle met sur pied la première édition des « Olympiques féminins » à Monaco. Une centaine de participantes de cinq pays utiliseront le champ réservé au tir au pigeon d’argile pour démontrer leur savoir-faire pendant une semaine. Le Comité international olympique (CIO) en prend bonne note. Les mentalités commencent à évoluer, mais très lentement.

 

Ce n’est qu’aux Jeux olympiques de 1928, à Amsterdam, que le CIO accepte d’inclure cinq épreuves féminines en athlétisme. C’est ainsi que la lanceuse de disque polonaise Halina Konopacka devient la toute première femme à remporter une médaille d’or olympique en athlétisme. Elle passe à l’histoire. Lors du 800 mètres, de fausses rumeurs circulent à l’effet que les femmes étaient épuisées à la fin de la course. Cela aura pour effet de limiter la distance des courses féminines à 200 mètres lors des trente années suivantes.

 

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les femmes démontrent qu’elles pouvaient être l’égale des hommes dans la plupart des sphères de la société. La perception masculine des qualités sportives féminines continue de changer. Lors des jeux de 1948, à Londres, le saut en longueur et le lancer du poids sont ajoutés, ce qui grimpe à neuf le nombre d’épreuves en athlétisme. D’ailleurs, lors de ces jeux, c’est une femme qui fera la plus grande impression en gagnant quatre médailles d’or. La Néerlandaise Fanny Blankers-Koen remporte le 100 mètres, 200 mètres, 80 mètres haies et le 4 x 100 mètres. On surnomme cette mère de deux jeunes enfants la « ménagère volante ».

 

Plus de trois décennies après sa dernière apparition au programme, le 800 mètres effectue un retour aux Jeux de la XVIIe olympiade à Rome. C’est la Soviétique Lyudmila Shevtsova qui l’emporte et, surprise, aucune femme ne tombe d’épuisement!

 

En 1964, l’inclusion du 400 mètres et du pentathlon porte le nombre d’épreuves à douze. Mais cela demeure tout de même uniquement la moitié de celles proposées aux hommes. L’Australienne Betty Cuthbert, triple championne olympique en 1956 à Melbourne, triomphe cette fois au 400 mètres. Elle demeure, à ce jour, l’unique personne dans l’histoire à avoir remporté des titres olympiques aux 100, 200 et 400 mètres.

 

Il faut attendre en 1972, aux Jeux de Munich, pour voir le CIO autoriser les femmes à courir un 1 500 mètres. Les jeux de Munich seront également ceux où l’on verrait les premières courses à relai du 4 x 100 mètres. La nation victorieuse, l’Allemagne de l’Est, souleva de gros doutes sur son chrono final (3:22.95). Il faut dire que certaines des coureuses avaient une allure très masculine. Des années plus tard, on apprendra l’étendue du dopage étatique qui régnait dans ce pays. Mais c’est une autre histoire.

 

En 1984, à Los Angeles, les distances s’allongent. Enfin, les femmes peuvent courir un 400 mètres haies, le 3 000 mètres olympique et, surtout, le marathon! L’Américaine Joan Benoit passe à l’histoire en remportant cette première course féminine olympique de 42,2 kilomètres. Le pentathlon devient au passage un heptathlon.

 

Le 10 000 mètres n’arrive aux jeux qu’en 1988, à Séoul. L’ajout de cette course de 25 tours de piste du stade fait en sorte que les femmes ne sont qu’à six disciplines d’obtenir la parité sportive avec les hommes en athlétisme. En 1994, à Atlanta, le triple saut féminin est à l’horaire.

 

En 1995 la Fédération internationale d’athlétisme annonce que le 5 000 mètres, réservé aux hommes depuis les jeux de 1896, pourra être couru par les femmes. Exit le 3 000 mètres! Depuis, le saut à la perche, le lancer du marteau, le 3 000 mètres steeplechase et le 50 kilomètres marche ont été inscrits officiellement aux calendriers des championnats majeurs d’athlétisme dans le monde.

 

Avec ces derniers ajouts, femmes et hommes ont désormais le même nombre d’épreuves en athlétisme. Les distances ont également été jumelées lors des Championnats du monde de Cross Country de 2017. Il aura tout de même fallu attendre cent ans avant de pouvoir atteindre cette parité.