Le coureur britannique Nick Butter a amorcé un formidable périple le 7 janvier dernier à Toronto. Malgré le froid, une dizaine de coureurs avaient répondu à son invitation de l’accompagner pour la première moitié de sa course de 42,2 kilomètres. Tous avaient l’impression d’assister à un événement historique. Et avec raison!
 
Butter s’est lancé tout un défi. Il tentera de devenir la première personne à courir un marathon dans les 196 pays de la planète, un exploit qu’il entend réaliser en 550 jours. Ça représente une distance totale de 8270 kilomètres! Rassurez-vous, le jeune homme de 27 ans est un coureur d’exception qui a complété son premier marathon au jeune âge de 11 ans. Depuis, il en a ajouté 308 à son palmarès et 40 ultramarathons. Pour se garder en forme, il court trois fois par jour pour une moyenne de 160 à 240 kilomètres par semaine.
 
Nick ButterL’idée de ce tour du monde à la course lui est venue lors de sa participation au redoutable Marathon des sables en 2016. Il s’était lié d’amitié avec un participant qui lui avait révélé souffrir d’un cancer de la prostate en phase terminale. Il n’avait plus que quelques mois à vivre, mais voulait tout de même participer et terminer l’épreuve.
 
Butter s’était alors promis d’amasser des fonds pour la recherche sur ce cancer en courant un marathon dans tous les pays du monde. Au-delà de la difficulté première de courir autant de courses, c’est surtout l’énorme travail de préparation en amont qui pouvait faire obstacle. Une logistique parfaite était nécessaire pour que cela fonctionne. Il a donc consacré une année complète de sa vie à la préparation de son aventure amorcée il y a quelques jours à peine à Toronto.
 
Nick Butter aura besoin de prendre l’avion à 220 reprises en plus de grimper en train une cinquantaine de fois. Il devra obtenir 90 visas, dont 39 seulement pour des pays africains. Des nations comme la Russie ou l’Arabie Saoudite exigent que le demandeur de visa soit présent physiquement pour une prise d’empreintes digitales, ce qui peut constituer un cauchemar logistique pour un homme pressé comme Butter. Et surtout, il devra obtenir l’autorisation de courir dans certains des pays les plus hostiles de la planète.
 
L’exemple de la Corée du Nord nous vient immédiatement en tête. Pourtant, l’expérimenté marathonien affirme qu’il sera facile d’obtenir un laissez-passer pour courir dans ce pays puisqu’un marathon international y est organisé chaque année. Les coureurs étrangers prêts à payer des frais d’inscriptions élevés pour remplir les coffres de l’état sont les bienvenus.
 
Il en ira tout autrement pour des pays en guerre ou des zones politiques instables, comme la Syrie, le Venezuela ou le Yémen. Dans le cas de ce dernier pays, il devra trouver une manière d’y pénétrer, probablement illégalement, en comptant sur la collaboration de collaborateurs locaux. Les enlèvements d’étrangers sont nombreux dans cette région du globe et il devra redoubler de prudence.
 
Nick ButterDe manière à respecter son horaire, Butter ne participera pas nécessairement à des marathons officiels. Et de toute façon, plusieurs pays n’en ont pas. Un peu comme il l’a fait à Toronto, il  invitera les gens à courir avec lui et compte sur l’hospitalité locale pour s’héberger. Au besoin, si cela est sécuritaire, il dormira à la belle étoile.
 
Courir partout sur la planète n’est vraiment pas simple, même une fois les questions de visas réglées. Il devra affronter la chaleur du désert du Sahara ou le froid de l’Antarctique. Bien sûr, cette vaste étendue glacée  n’est pas un pays, mais il s’y rendra tout de même pour y compléter un marathon puisque ce continent appartient à toutes les nations du monde. Et que dire du plus petit pays du monde, le Vatican, sinon qu’il n’y a pas de place pour courir dans cet état minuscule de 440 mètres carrés.  Qu’à cela ne tienne, le Britannique prévoit se trouver un petit coin et courir en rond jusqu’à ce qu’il atteigne la distance de 42,2 kilomètres!  Le pape sortira peut-être sur son balcon pour l’encourager.  
 
Le coureur d’expérience a décidé de diviser son périple en sept étapes, chacune couvrant un continent. Après l’Amérique du Nord, il ira courir un marathon dans tous les pays d’Amérique du Sud, puis de l’Afrique, de l’Europe, de l’Asie, de l’Océanie avant de terminer en Antarctique.
 
En plus de courir pour la cause du cancer de la prostate, Butter veut également prouver qu’il est possible de réaliser de grandes choses malgré un problème cardiaque dont il souffre. La plupart des membres de sa famille ont d’ailleurs subi des crises cardiaques causées par cette malformation congénitale nommée la bicuspidie valvulaire aortique. Puisque le cœur ne parvient pas à fonctionner à plein régime, le patient se fatigue plus rapidement.  
 
Il est déjà prévu qu’un documentaire sera tiré de l’aventure de Butter, qui aura toujours avec lui une petite caméra prête à filmer. Il entend ainsi partager avec le plus de gens possible ce message qu’un ami, maintenant décédé, lui avait confié pendant une course dans le désert en 2016 : ne comptez pas les jours de votre vie, faites plutôt que chaque jour compte.