Au moment où vous lisez ces lignes, le marathonien québécois Patrick Charlebois s’apprête à entreprendre le plus grand défi de sa vie de coureur. Dans quelques jours à peine, le 23 janvier, il sera du départ du redoutable marathon de l’Antarctique. Cette course de 42,2 kilomètres aux conditions climatiques difficiles marquera pour lui le début d’un périple autour du monde qui sort de l’ordinaire. Sept marathons en autant de jours sur les sept continents! Un véritable tour de force que seule une poignée d’hommes et de femmes ont réussi.

Charlebois, 46 ans, sera le premier Québécois à tenter de relever ce défi lors de la troisième édition du World Marathon Challenge (WMC) aux côtés de 30 autres participants de partout sur la planète et qui seront au grand départ sur l’Union Glacier en Antarctique. Le coureur de 46 ans a déjà plusieurs réalisations exceptionnelles à son actif.  Entre autres, il est le premier Québécois à avoir complété les cinq marathons majeurs (New York, Boston, Berlin, Londres et Chicago) en moins de trois heures. Son meilleur temps sur la distance est de 2 h 40.

« J’ai décidé de participer au WMC en décembre 2015. Dès que j’ai su que ça existait, j’ai embarqué et je n’ai jamais regardé en arrière. Je n’ai même pas consulté mes proches. J’avais déjà fait plusieurs marathons à travers le monde et je me reconnaissais dans ce genre de défi. Lorsque j’ai appris à ma famille que je participais au WMC 2017, mon fils a déclaré spontanément que j’allais mourir! Tout le monde était surpris dans ma famille, mais moi je n’ai jamais eu de doutes », explique-t-il.

On peut comprendre la réaction de son fils lorsqu’on jette un coup d’œil à l’ampleur du défi à venir.  Rallier le fil d’arrivée de sept marathons sur 7 jours sur 7 continents. Un périple de 168 heures, dont le tiers se passera à bord d’un avion pour rallier les différents continents.

Un départ dans le froid extrême

Après un vol d’une trentaine d’heures qui l’a mené jusqu’à Punta Arenas au Chili, Patrick Charlebois aura très peu de temps pour s’acclimater à la température froide du continent le plus au sud de notre planète. En raison des conditions climatiques changeantes et l’adhérence au sol, il lui est difficile de prédire un chrono pour ce marathon initial.

Chose certaine, dès que cette première course sera terminée, pas le temps de chômer puisque la suite de sa semaine s’annonce passablement occupée.  Oubliez la douche à l’hôtel! Il retournera plutôt au Chili pour le marathon de Punta Arenas, puis se dirigera à Miami aux États-Unis, à Madrid en Espagne, à Marrakech au Maroc, à Dubaï aux Émirats arabes unis et finalement à Sydney en Australie. Lorsque l’avion avec la trentaine d’inscrits au WMC se posera sur un continent, les coureurs commenceront à courir deux petites heures plus tard à peine.  Ce même appareil repartira avec les coureurs peu de temps après la fin de chacun des marathons.

Patrick Charlebois

Quelques jours avant son grand départ, Patrick Charlebois se disait confiant. Il avait réussi à suivre les instructions de son entraîneur et de sa nutritionniste si bien qu’il était dans une forme optimale. « Évidemment il y a toujours des hauts et des bas dans un entraînement, c’est normal. Des petites blessures apparaissent et j’ai dû composer avec cela. Ça fait partie de la vie d’un coureur. Heureusement, rien de trop grave pour devoir modifier l’horaire d’entraînement. J’ai fait beaucoup d’aqua-jogging, ce qui m’a permis de respecter un certain volume d’entraînement tout en réduisant les impacts négatifs que peut avoir la course à pied sur le corps. »

Lors de ses semaines d’entraînement les plus intenses, ce père de famille de quatre enfants trouvait le temps de faire beaucoup de volume. Entre 150 et 160 kilomètres! Ses longues sorties étaient souvent des marathons et il lui arrivait de pousser la note jusqu’à parcourir 60 kilomètres. Il confie que son principal défi fut d’apprendre à courir malgré la fatigue. Car c’est ce qu’il vivra lors de son défi de sept jours.

L’importance de bien manger

La clé de son aventure sera certainement de bien récupérer entre les marathons. Il devra profiter des vols en avion pour reposer ses jambes et essayer de dormir. L’alimentation et l’hydratation seront également d’une grande importance. « Je devrai porter une attention particulière à mon alimentation. Mon entraîneur m’a souvent répété que je participais à une sorte de « eating contest». Celui qui va manger le plus réussira à mieux performer que d’autres.  J’aurai un protocole précis à respecter pour manger dans les 30 minutes qui suivent les courses. C’est à ce moment que ce sera vraiment payant si j’ingère des glucides et des protéines. Je ne dois pas oublier que la fin d’une course représente le début d’une autre », ajoute-t-il avec philosophie.

Patrick Charlebois

Le résident de Trois-Rivières approche cette épreuve avec beaucoup d’humilité. Il souhaite bien sûr terminer sans blessure, mais également avec un chrono honorable.  Il avoue qu’il y a un an, lorsqu’il a annoncé son intention de relever ce défi, il envisageait même de gagner la compétition. « J’avais consulté les résultats des deux premières éditions et ce n’étaient que des amateurs qui s'étaient inscrits. Je me suis dit que c’était faisable. Cette année cependant, un volet élite a été ajouté et sur les 31 coureurs au départ, il y en a au moins neuf qui sont des coureurs élites qui gagnent leurs vies à courir. Des gars comme Ryan Hall ou Mike Wardian contre qui il me sera impossible de rivaliser, car ma réalité est très différente de la leur. »

Patrick Charlebois s’est associé à la Fondation régionale pour la santé de Trois-Rivières (RSTR) qui est rattachée à l’hôpital de cette ville de la Mauricie. Il invite les gens à être généreux et assure que chaque dollar amassé lui donnera des ailes lors de ses courses.

Cet homme de défi s’est préparé pendant plus d’un an pour courir 7 marathons en 7 jours sur 7 continents. Plusieurs médias ont parlé de lui, une belle visibilité qui a attiré l’attention. Alors qu’il n’avait même pas encore amorcé sa première course en Antarctique, il réfléchissait déjà à d’autres projets de course à pied qui lui ont été proposés. « Je suis en réflexion, car ce sont des défis qui me représentent bien en tant que coureur. Je ne suis pas un coureur élite, mais plutôt un coureur amateur de calibre qui essaie de faire des choses qui sortent de l’ordinaire.  Tant que je serai en santé, je veux courir », conclut-il.

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