La Russie exclue de toute compétitions?
Amateurs mercredi, 11 janv. 2017. 08:01 samedi, 14 déc. 2024. 21:57DUBLIN, Irlande - La Russie devrait être exclue de toute compétition sportive, y compris du Mondial de soccer qu'elle organise en 2018, tant qu'elle n'aura pas réglé son problème de dopage, ont estimé les présidents de 19 agences nationales antidopage (ANA) réunis à Dublin.
« À la lumière du second rapport McLaren, les responsables ont demandé l'exclusion des organisations sportives russes de toutes les compétitions internationales », selon un communiqué publié à l'issue de la réunion qui s'est tenue mardi, en référence au rapport du juriste canadien qui fait apparaître un système de dopage institutionnalisé en Russie, ce que Moscou réfute.
Le président de l'Agence antidopage américaine (USADA) Travis Tygart a précisé au site spécialisé dans le suivi de l'olympisme insidethegames que cette exclusion devrait donc également concerner le Mondial-2018 de foot organisé en Russie.
« Nous continuons d'entendre des athlètes [...] dont les inquiétudes persistent » sur la probité de leurs adversaires russes en matière de dopage, a expliqué M. Tygart.
Les présidents des ANA - ceux des Etats-Unis, du Japon, de la France et de l'Allemagne notamment participaient à la réunion de Dublin - estiment cependant qu'il faut permettre aux athlètes russes de participer à titre neutre à ces compétitions internationales à condition d'avoir satisfait aux contrôles antidopage.
Par ailleurs, les ANA souhaitent que l'Agence mondiale antidopage (AMA) se saisisse globalement de l'affaire afin notamment d'enquêter et de prendre des sanctions contre les fédérations « visées par de nombreuses preuves de dopage et de dissimulation après la publication des travaux McLaren ».
Début décembre, Richard McLaren a publié la fin du rapport qui avait dévoilé, avant les Jeux olympiques, un système de dopage institutionnalisé en Russie et abouti à l'exclusion de Rio de plus d'une centaine de sportifs russes. Dans ce second volet de l'enquête, il apparaît que plus de mille sportifs russes représentant plus de 30 disciplines sont impliqués.
L'un des pays les plus propres du monde
Le plus haut dirigeant sportif de la Russie, le premier ministre adjoint Vitaly Moutko, prétend que son pays « est l'un des plus propres du monde ».
Celui qui supervise toutes les politiques touchant le sport en Russie a fait cette déclaration après que des dirigeants antidopage eurent réclamé que la Russie soit interdite de toutes compétitions internationales.
À la suite d'une réunion tenue cette semaine, les dirigeants de 19 organisations antidopage ont également exigé qu'on retire à la Russie le droit d'accueillir des événements sportifs internationaux, notamment la Coupe du monde 2018 de football.
Moutko a accusé ces organisations de se mêler de politique.
« Les gens sensés se charger de tests sur des échantillons d'urine ont commencé à mettre de la pression sur ceux qui prennent des décisions politiques, a-t-il déclaré à l'agence russe R-Sport. Les sports russes sont parmi les plus propres du monde. »
L'Agence antidopage britannique est en charge de la collecte des échantillons en Russie et le nombre de tests positifs au pays a chuté en 2016. L'Agence antidopage russe demeure suspendue à la suite d'allégations de corruption.
Le ministre des Sports de la Russie, Pavel Kolobkov, a accusé les agences antidopage étrangères de tenter d'usurper le pouvoir des organisations sportives internationales.
« Les fédérations et les comités olympiques, comme vous le savez, sont ceux qui développent les sports, a indiqué Kolobkov à l'agence de presse nationale Tass. Alors je demanderais aux gens de faire leur travail et de ne pas se substituer aux différentes organisations sportives. »
Ces demandes de sanctions accrues font suite à la parution, en décembre, de la deuxième partie du rapport de l'enquêteur de l'Agence mondiale antidopage Richard McLaren, dans lequel la Russie est accusée d'avoir camouflé des cas de dopage de ses athlètes et d'avoir manipulé les échantillons collectés lors des Jeux olympiques de Sotchi, en 2014.
Le gouvernement russe dément avec véhémence avoir encouragé le dopage.
Les agences antidopage des États-Unis, de l'Allemagne et du Japon font partie de celles ayant recommandé de plus amples sanctions contre la Russie. L'agence britannique ne fait pas partie des signataires.
Tout en exigeant une suspension des équipes nationales, ces agences ont précisé que des athlètes russes pourraient prendre part à des compétitions comme athlètes neutres s'il peuvent prouver qu'ils sont propres, comme c'est actuellement le cas en athlétisme. L'équipe russe d'athlétisme est suspendue depuis novembre 2015.
Les agences antidopages nationales n'ont pas le pouvoir d'exclure les équipes russes ou d'exiger que des compétitions devant avoir lieu en Russie soient déplacées. Mais certaines, comme l'Agence antidopage américaine, disposent d'une forte influence au sein de la communauté sportive internationale.