Les athlètes canadiens gais protégés
Jeux Sotchi 2014 mardi, 19 nov. 2013. 12:16 dimanche, 15 déc. 2024. 09:30OTTAWA - Beaucoup de mesures et d'outils seront en place pour protéger les athlètes canadiens gais et lesbiennes à Sotchi, a affirmé le président du Comité olympique canadien (COC) Marcel Aubut, réagissant mardi à la controversée loi russe contre la « propagande homosexuelle ».
Témoignant en comité parlementaire à Ottawa à quelques mois de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver, M. Aubut a assuré que le COC prend la situation au sérieux et qu'un comité de gestion de crise, qui est déjà fonctionnel, sera alors bien rodé.
Mais pas question d'intervenir contre la loi. « Le travail du Comité olympique canadien n'est pas de prendre part à des débats politiques, comme commentaire général. Notre travail est de gagner ».
Lors du comité, les députés ont interrogé à la fois M. Aubut et le ministre fédéral des sports, Bal Gosal, sur ce qui allait être fait à ce sujet.
La Russie a adopté une loi en juin qui interdit le militantisme en faveur des relations homosexuelles. Elle permet notamment l'imposition d'amendes aux individus accusés de diffuser de « la propagande de relations sexuelles non-traditionnelles » aux mineurs.
M. Gosal affirme avoir reçu l'assurance du Comité olympique international - qui est en contact avec le gouvernement russe - que la loi n'affectera pas les athlètes canadiens qui prendront part aux Jeux.
« La promotion et la protection des droits des homosexuels est un élément fondamental de la politique étrangère canadienne », a-t-il déclaré.
Les députés néo-démocrate et libéral siégeant sur le comité ont toutefois insisté, inquiets de ce qui pourrait arriver aux athlètes. Surtout que le ministre russe des Sports a contredit la position officielle du pays, en affirmant que la loi serait appliquée, même durant la période des Jeux, a souligné le député néo-démocrate Randall Garrison.
Alors que M. Aubut disait que rien ne devait distraire les athlètes de leur entraînement, M. Garrison a fait remarquer que la menace présentée par la loi pouvait justement briser leur concentration.
« Si chacun fait bien son travail afin de protéger les athlètes, les amis, les familles, les Canadiens qui sont là et avec l'équipe de support qu'on a (...) s'il y a des perturbations, cela ne dérangera pas la performance des athlètes », assure M. Aubut. De bons outils d'intervention seront en place, on a eu l'assurance du ministre, a-t-il ajouté.
« Au niveau de la loi gaie, on s'est préparé, on la connaît, on a des avocats, le comité de crise, le gouvernement canadien, on est préparé », a dit en entrevue M. Aubut après son passage au comité, en ajoutant que rien ne sera toléré envers les athlètes.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) souhaite que le gouvernement mandate un consul spécifiquement pour s'occuper de problèmes vécus par les athlètes en lien avec la loi anti-propagande.
Le gouvernement affirme de son côté que plusieurs officiers consulaires seront à Sotchi pour offrir aide et assistance au besoin, et qu'ils surveilleront attentivement ce qui s'y passe.
L'équité et la victoire
Quant à Marcel Aubut, il a aussi insisté sur le droit absolu, pour tous, de faire du sport, sans égard à leur race, leur sexe ou leur orientation sexuelle.
« Les sports ne connaissent aucune limite », a-t-il ajouté.
En août dernier, le premier ministre Stephen Harper s'était prononcé sur le sujet, et avait affirmé que les Canadiens s'attendaient à ce que leur gouvernement défende les droits de la personne. Il avait notamment précisé qu'on « n'emprisonne pas et on ne tue pas des gens pour des activités libres entre adultes ».
Plusieurs groupes, dont certains qui défendent les droits des homosexuels, des bisexuels et transgenres, demandent un boycott des Jeux de Sotchi.
Lors de son témoignage en comité, Marcel Aubut a aussi rappelé que pour la première fois, tous les athlètes canadiens subiront des tests anti-dopage avant de s'envoler pour les Jeux.
L'annonce de cette mesure a été faite plus tôt ce mois-ci.
« C'est un investissement majeur », a rappelé M. Aubut.
« On a mis toutes les chances de notre côté pour ne pas avoir de mauvaises surprises », a dit le président du COC.
Les athlètes seront testés dans une petite fenêtre de temps, peu avant les Jeux. Sur place, ce sont les systèmes de détection des Jeux olympiques qui prendront le relais, a-t-il expliqué.
Les deux langues officielles seront aussi respectées, a assuré M. Aubut. Le comité sera le défenseur de la langue française qui, après tout, est la langue officielle des Jeux olympiques, a-t-il rappelé.
« Tout ce que l'on fait est 50/50 dans nos activités à Sotchi ».
Les Jeux d'hiver auront lieu du 7 au 23 février 2014.