La 51e Finale des Jeux du Québec sera présentée du 17 au 25 juillet prochain à Montréal. Un total de 3 700 jeunes sportifs de partout en province participeront à un des 17 sports au programme lors des neuf journées de compétitions. Pour épauler certains des meilleurs espoirs du Québec, les organisateurs ont mis sur  pied la campagne publicitaire « Champions de demain, aujourd’hui ». Le principe est de jumeler des athlètes espoirs de la Finale à des athlètes olympiques pour qu’ils bénéficient de leurs conseils.  Katerine Savard, Chantal Petitclerc et Bruny Surin font partie de ces mentors.

S’il est vrai que des personnalités peuvent conseiller ou influencer de jeunes athlètes, le même constat s’applique à des événements de grandes envergures. On a parfois tendance à oublier que les Jeux olympiques de Montréal, dont on célèbre le quarantième anniversaire cet été,  marquèrent probablement la fin d’une longue période de noirceur sportive au Québec. Le hockey, le baseball et le football étaient des sports populaires, mais peu de gens s’intéressaient au cyclisme, à l’aviron, à la natation, à la gymnastique ou à l’athlétisme.

Lorsque vient le temps d’évoquer l’héritage de ces premiers Jeux olympiques à se tenir en sol canadien, c’est bien souvent leurs coûts astronomiques qui nous viennent en tête. Bien qu’il soit facile de dresser la liste de toutes les malversations survenues lors de cette compétition tant souhaitée par le maire Drapeau pour sa métropole, il est selon moi plus important de  se tourner vers ses réelles répercussions sportives. Car il y a bel et bien un avant et un après à ces Jeux olympiques de Montréal.

Le directeur général de la Fédération québécoise d’athlétisme, Marc Desjardins, affirme qu’un des plus grands héritages des Jeux olympiques de Montréal fut la mise en place de structures sportives solides. Les fédérations sportives étaient pratiquement inexistantes avant les Jeux olympiques de Montréal. « La Fédération d’athlétisme du Québec existait depuis déjà plusieurs années, mais ce n’était pas aussi bien organisé au début des années 70 que ce l’est maintenant. Ces Jeux ont également permis la venue d’entraîneurs qualifiés au Québec, le développement de clubs et la mise en lumière de différents sports créant ainsi un engouement. L’athlétisme fut l’un des coups de cœur. Ce fut une vitrine exceptionnelle pour ce sport », explique-t-il.

 

Le Stade olympique lors des Jeux d'été de 1976Il est vrai que l’athlétisme québécois faisait un peu figure de parent pauvre avant les Jeux olympiques de Montréal. On était bien loin de la place qu’il occupe maintenant dans la plupart des compétitions multisports comme la prochaine Finale des Jeux du Québec où ils seront 500 participants. Au début du XXème siècle, peu de Québécois avaient le loisir de pratiquer ce sport généralement réservé aux plus fortunés membres de clubs sportifs amateurs. Malgré tout, certains se sont illustrés sur les plus grandes scènes sportives mondiales. Le site internet de la Fédération québécoise d’athlétisme en fait d’ailleurs un excellent résumé dans une section réservée à l’histoire de l’athlétisme au Québec

Avant les Jeux

Le premier athlète québécois à prendre part à des Jeux olympiques fut un Montréalais. Rappelons au passage que  le terme athlète sous-entend qu’il pratiquait  l’athlétisme. Il s’agit d’Étienne Desmarteau qui, avant de devenir un centre sportif, était un policier à la ville de Montréal. Lors des Jeux olympiques de St-Louis, en 1904, il remporta la médaille d’or au lancer du poids.

Quelques années plus tard, en 1915, un autre québécois allait s’illustrer, mais cette fois à la course à pied. Édouard Fabre remportait le déjà prestigieux marathon de Boston en 2 heures et 31 minutes. Sans rien vouloir enlever à sa gloire, précisons toutefois que le parcours d’alors était deux kilomètres plus court que celui d’aujourd’hui.

En 1932, aux Jeux de Los Angeles, une première québécoise se fit un nom sur la scène internationale grâce à une médaille olympique. La Montréalaise Hilda Strike remporta des médailles d’argent aux 100 mètres et 4 x 100 mètres. Sur 100 mètres, Strike aurait dû gagner l’or puisque la polonaise qui l’avait devancée était... un homme. C’est l’autopsie pratiquée à la mort de Stanislawa Walasiewicz, en 1980, qui révéla l’injustice.

Deux années plus tard, Les Wade, membre du Montreal Amateur Athletic Association, devint le premier canadien à parcourir le mile en moins de 4:20.  C’était phénoménal à l’époque. On réalise toutefois à quel point les techniques d’entraînement se sont améliorées depuis lorsqu’on compare cette performance au chrono du détenteur actuel du record québécois sur la distance, Charles Philibert-Thiboutot, en 3:54:52. C’est 25 secondes plus rapide!

Gérard CôtéLes années 40 appartiennent à Gérard Côté. Ce coureur de fond, encore considéré comme le plus grand marathonien de l’histoire canadienne, remporta à quatre reprises le marathon de Boston.  Il est  un des rares francophones à avoir brillé sur la scène internationale de l’athlétisme avant les Jeux Olympiques de Montréal.

Après les Jeux

Les Jeux olympiques montréalais changèrent cette tendance puisque que neuf québécois furent sélectionnés sur  l’équipe canadienne d’athlétisme. Et il était temps puisqu’aux Jeux précédents, ceux de 1960 et 1964, on ne retrouvait aucun athlète québécois au sein de la délégation canadienne d’athlétisme. Des centaines de milliers de spectateurs et de téléspectateurs de la Belle Province purent alors découvrir la beauté d’un stade olympique (même inachevé) hébergeant les compétitions d’athlétisme. Pour plusieurs jeunes et moins jeunes, ce fut l’électrochoc qui les incita à commencer à courir, sauter ou lancer.

Marc Desjardins estime que la pratique de l’athlétisme a connu une belle évolution et une reconnaissance au cours des 40 dernières années au Québec. Il est heureux de voir que pour souligner ce quarantième anniversaire des Jeux olympiques, la finale provinciale des Jeux du Québec se tiendra à Montréal dans quelques semaines. « Les Jeux du Québec  constituent une formidable expérience pour les jeunes car n’oublions pas que pour plusieurs d’entre eux, il s’agira de leurs premiers grands Jeux. Ce sont leurs Jeux olympiques avec de véritables cérémonies d’ouvertures et de clôtures.  L’expérience est totale! Ils ne se déplacent pas juste avec un club, mais avec une délégation. Un esprit de groupe se forme et ils côtoient des gens de toutes les régions du Québec. La plupart des grands athlètes québécois qui sont passés par là vous diront que ce fut une expérience incroyable qui est allée au-delà de la simple compétition sportive. »

Un total de 17 sports seront au programme aux 51es Jeux du QuébecLa directeur général de la Fédération québécoise d’athlétisme souhaite que plusieurs jeunes tombent sous le charme de l’athlétisme lors de la Finale des Jeux du Québec. Après tout, fait-il valoir, il est possible pour eux de trouver une discipline qui leur plaira quelles que soient leurs aptitudes physiques. « Je sais que j’ai un parti pris, mais l’athlétisme est le plus beau des sports! On y retrouve la grâce des sauteurs, l’agilité et la vitesse des sprinters, l’endurance des coureurs de demi-fond et la force et la puissance des lanceurs. Je suis convaincu que les Jeux du Québec sont la porte d’entrée du cheminement vers l’excellence. De nos jours, on y retrouve beaucoup d’athlètes de niveau espoir qui sont dans ce cheminement. »

Que ce soit à des jeux olympiques, des championnats du monde ou des jeux du Québec, l’athlétisme est un des sports les plus suivi. Cela se reflète sur les inscriptions dans les journées qui suivent la fin des compétitions. Par exemple, avec l’excellente récolte de médailles de la délégation canadienne aux Jeux Panaméricains de Toronto et aux Mondiaux de Pékin l’an dernier, la Fédération québécoise d’athlétisme a reçu plusieurs appels de jeunes qui souhaitaient pratiquer ce sport. 

« On sent une certaine effervescence après la présentation de compétitions d’importances. Ce qui influence également, c’est la bonne performance d’un athlète québécois puisque ça  crée un intérêt en plus de donner une notoriété au sport. Dans les années de compétitions de Bruni Surin, plusieurs jeunes voulaient suivre ses traces. Quoi qu’il en soit, il est important d’avoir des structures d’accueil pour être capable d’aller chercher les jeunes intéressés par l’athlétisme puisqu’ils ont énormément d’autres choix sportifs aujourd’hui. Actuellement, un gars comme Charles Philibert-Thiboutot, un athlète formidable et un excellent communicateur, est l’étoile montante de l’athlétisme du Québec », conclu Marc Desjardins.

Avis aux nostalgiques des Jeux olympiques de Montréal ou à ceux qui sont trop jeunes pour les avoir connus, la 51e édition de la Finale des Jeux du Québec offre une occasion unique de voir à l’œuvre les champions de demain.  Tous ces jeunes souriants, en forme et désireux de se dépasser suivront ainsi les traces de ceux qui les ont inspirés. Ils sont la meilleure preuve que des bonds de géants ont été franchis dans le monde du sport lors des 40 dernières années au Québec et que l’héritage des Jeux olympiques de Montréal c’est aussi une société plus en forme.

C’est du 17 au 25 juillet prochain. Allez y faire un tour. Vos encouragements ne les rendront que meilleurs!