MONTRÉAL - Ce sera un vrai cirque, le 10 août prochain, quand Marie-Pier Boudreau-Gagnon, Élise Marcotte et les autres membres de la formation canadienne de nage synchronisée disputeront l'épreuve libre en équipe aux Jeux olympiques.

Ce sera le cas au sens propre parce que Julie Sauvé, ses adjointes et ses nageuses ont choisi le thème du cirque pour leur toute nouvelle routine, qu'elles présenteront pour la première fois en compétition à Londres. Et ce le sera aussi au sens figuré, puisqu'elles entendent présenter des figures et des gestes acrobatiques inédits, qui repousseront les limites de la nage synchro.

Et pour boucler la boucle, leur programme sera agrémenté de différentes pièces musicales du Cirque du Soleil, tirées notamment des spectacles "O", "Alegria", "Quidam" et "Kà".

"Ce sont des musiques qui sont vraiment très connues à travers le monde, alors on s'attend à ce que la foule à Londres embarque avec nous. Et vous allez voir des acrobaties jamais vues et jamais copiées. Ce sera une exclusivité mondiale", a indiqué Sauvé, mercredi, lors du dévoilement officiel du thème et de la musique pour cette épreuve.

Le thème et la musique de la routine technique seront dévoilés le 4 juin, à Toronto. Ceux pour les deux épreuves en duo, soit "Zipper" pour l'épreuve technique et "Fou du roi" pour le volet libre, ont été dévoilés le 12 mai, à Calgary.

La chorégraphie de l'épreuve libre en équipe, conçue par les nageuses et les entraîneures de l'équipe canadienne, a par ailleurs été retouchée en dernière phase par deux spécialistes du Cirque du Soleil, Rick Tija et Dmitry Belyaykov. Ceux-ci se sont surtout attardés aux 30 secondes passées sur la plateforme, qui précèdent l'entrée dans l'eau.

"Ça va être quelque chose de vraiment extraordinaire", a avancé Sauvé.

"On a passé des heures et des heures à analyser les vidéos des années précédentes, d'autres chorégraphies, pour essayer d'amener ça à un autre niveau, a affirmé Boudreau-Gagnon en parlant de l'ensemble du programme libre en équipe. On a relevé la barre au niveau acrobatique. On a amené de nouvelles poussées qui sont très risquées. On y a mis beaucoup d'efforts. Les filles ont fait beaucoup d'entraînement sur trampoline pour essayer d'être encore meilleures."

Et le fait que toutes les nageuses de l'équipe y aient mis leur grain de sel a permis de donner une âme au programme, estiment Boudreau-Gagnon et Marcotte.

"C'est ça la différence entre nous et plusieurs pays _ la plupart des mouvements viennent des filles, a souligné Boudreau-Gagnon. C'est ce qui fait qu'on rend aussi bien nos programmes. On y est attachées, alors on est capables de mieux les vendre."

"Quand tu te sers de 15 têtes au lieu d'une, c'est sûr qu'il y a de vraies belles idées qui sortent, a résumé Marcotte. Et c'est ça que vous allez voir."

Qui dit gestes inédits, dit aussi gestes techniques et mouvements physiques hors de l'ordinaire. Les ouailles de Sauvé ont donc dû travailler fort pour arriver à leurs fins.

"En équipe libre, on reste extrêmement longtemps sous l'eau, plus que par les années passées, alors il a fallu y aller par morceaux, et ç'a pris du temps avant d'arriver à le faire au complet, a expliqué Marcotte. Les figures sont plus longues, il y a plus de poussées."

Voilà plusieurs années que l'équipe canadienne tente de regagner l'estime des juges et de remonter au classement dans l'espoir de rafler une première médaille olympique depuis les JO de Sydney, en 2000. Le Canada avait alors décroché le bronze en équipe. Depuis, les athlètes menées par Sauvé ont remonté la pente grâce à la routine "Metallica" en duo et "Cowboys et Indiens" en équipe. Le programme centré sur le groupe rock a particulièrement frappé l'imagination des amateurs de nage synchro. En mettant sur pied de nouveaux programmes en 2012 et en gardant la surprise pour les JO, le Canada espère frapper un grand coup qui le propulsera sur le podium.

"On n'a rien à perdre, a noté Sauvé. C'est pour ça qu'on a osé prendre un thème très connu comme le cirque, et qu'on a voulu exploiter des mouvements très acrobatiques."

"Il fallait arriver avec un coup d'éclat, comme on l'a fait à la Coupe du monde l'an dernier en combo, et où tout le monde avait fait 'wow', a rappelé Boudreau-Gagnon. Chose certaine, après avoir vu les autres pays, on sait que nos chorégraphies sont à la hauteur."

Même si le Canada mise sur l'effet d'émerveillement, ça ne l'empêchera pas de préparer le terrain en douce. Quelques juges qui seront d'office aux JO viendront assister au camp d'entraînement de l'équipe canadienne afin de se familiariser avec les différents programmes concoctés par Sauvé et son équipe.

"On va en profiter pour prendre note de leurs conseils, a affirmé Sauvé. Certains juges ont vraiment un bon oeil, et c'est sûr que je vais les écouter. Sans tout changer au programme, on cherche toujours à améliorer certains aspects. Parce que la médaille, on la veut!"