MOSCOU (AFP) - Il n'est pas une spécialité dans laquelle les Russes, qui ont fait main basse sur toutes les médailles d'or de l'Euro-2005 à Turin, ne soient menacés dans les Championnats du monde de patinage artistique et de danse sur glace, cette semaine dans leur capitale, Moscou.

Evgeni Plushenko, pourtant déjà auréolé de trois couronnes (Vancouver 2001, Washington 2003 et Dortmund 2004), est apparu sombre aux premiers entraînements. Le nez dans la glace, peu actif, il n'a tenté que quelques sauts.

Il adopte une attitude qui trahit le doute qui l'habite. Sa hantise est incarnée par le Français Brian Joubert, son dauphin de la saison précédente sur le podium mondial.

L'an dernier, Joubert l'avait battu aux Championnats d'Europe, à Budapest, avant de s'incliner aux Mondiaux. Dans les deux cas, Plushenko avait très mal supporté la pression de l'enjeu.

Le patineur de Saint-Pétersbourg avait chuté à deux reprises sur la glace hongroise. Un autre contact avec la dure surface de la patinoire allemande avait failli le priver de son troisième sacre mondial.

Joubert tonique

Il devra s'épargner ce genre d'incartades à Moscou, où les patineurs sont jugés selon le nouveau règlement, qui ne permet pas de sauver sa tête sur des considérations subjectives de hiérarchie.

Pourtant, il semblait s'être remarquablement préparé. En attestent ses victoires à la Coupe de Russie, dernière des six épreuves du Grand Prix ISU (Fédération internationale), à Moscou, et dans la finale réunissant les meilleurs de cette compétition, à Pékin.

Joubert est revenu sur le devant de la scène à l'Euro-2005. Il y a obtenu son meilleur score, soit 224,43 points, qui le rapproche de la meilleure marque absolue détenue par le Russe (251,75 pts à Pékin).

Joubert, au contraire, a fait montre de tonicité aux entraînements où il a notamment enchaîné une nouvelle combinaison quadruple-triple-double boucle piqué. S'il la réussit en compétition, il pourra prétendre être jugé sur des bases élevées.

Nouveau continent

Les autres prétendants viennent notamment du nouveau continent. L'Américain Timothy Goebel a déjà occupé la position de dauphin mondial derrière Alexeï Yagudin, en 2002 à Nagano, et derrière Plushenko l'année suivante.

Son compatriote Johnny Weir connaît une progression fulgurante. Le Japonais Takeshi Honda, 3e à Nagano et Washington, tout comme le jeune Suisse Stéphane Lambiel, sont eux aussi candidats au podium.

La Russe Irina Slutskaya a recouvré la forme pour livrer un duel à armes égales à l'Américaine Michelle Kwan qui, en dépit de ses 24 printemps, a déjà coiffé cinq couronnes mondiales (1996, 1998, 2000, 2001, 2003). N'eut été une fâcheuse pénalité pour dépassement de temps l'an passé, elle en compterait une de plus, cédée à l'inattendue Japonaise Shizuka Arakawa, qui l'a emporté devant les Américaines Sacha Cohen et Kwan.

Les couples russes ne rééditeront pas le triplé européen 2005. Tatiana Totmianina et Maxim Marinin bénéficient toutefois du prestige des sortants, après leur victoire en 2004 devant les Chinois Shen Xue et Zhao Hongbo, champions du monde 2002 et 2003, et Pang Qing et Tong Jian.

En danse sur glace, les tenants russes Tatiana Navka et Roman Kostomarov peuvent inquiétés par les Bulgares Albena Denkova et Maxim Staviski ainsi que les Français Isabelle Delobel et Olivier Schoenfelder.