On entend beaucoup parler des athlètes qui échouent des tests antidopage. Baseball, tennis, cyclisme, football, etc. La liste est très longue. L‘athlétisme est un terreau fertile pour ce genre d‘activité illicite. Il est rare qu‘un championnat du monde ou des Jeux olympiques se terminent sans que des athlètes ne se fassent prendre.

Dans les épreuves d‘athlétisme, on a l‘impression que ce ne sont que des sprinters ou des coureurs de demi-fond qui essaient parfois de tricher. Ai-je besoin de vous dresser une liste interminable des athlètes de 100 ou 200 mètres reconnus coupables de dopage au cours des dernières années? Je ne crois pas!

Les courses de longues distances semblent être épargnées pas les scandales de dopage. Pourtant, c‘est loin d‘être le cas. Les médias en parlent tout simplement moins. Contrairement aux sprinters que l‘on suspecte dès lors qu‘ils prennent de la masse musculaire, les coureurs de fond qui trichent sont plus difficilement identifiables au premier coup d‘œil. Mais de tout temps, des demi-marathoniens ou marathoniens ont triché en croyant pouvoir gagner quelques précieuses minutes.



Mary Akor

Je commence l‘année 2014 en vous parlant de deux cas très récents. Il y a d‘abord l‘excellente marathonienne américaine Mary Akor qui vient d‘être bannie de la compétition pour les deux prochaines années par l‘agence américaine antidopage. La sanction s‘applique rétroactivement à partir de mai 2013. Akor, âgée de 37 ans, a fait usage de Clenbutérol lors d‘un marathon au Mexique en décembre 2012. Le Clenbutérol est dangereux pour l‘humain. Des sportifs l‘utilisent tout de même pour sa propriété à brûler des graisses et son effet anabolisant. À l‘origine, il était prescrit pour les chevaux souffrants d‘un trouble pulmonaire!

Akor, née au Nigeria mais citoyenne américaine depuis 2004, est une marathonienne d‘exception. Au cours des douze derniers mois seulement, elle a remporté les courses de Woodlands, au Texas, et de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Elle a également terminé troisième au marathon de Cleveland.

La sanction de deux ans est un sérieux message lancé par l‘agence américaine puisqu‘elle s‘accompagne du remboursement de toutes les bourses gagnées par Akor lors des compétitions auxquelles elle a participé entre le 6 décembre 2012 et le 5 novembre 2013. Elle devra également rembourser les chambres d‘hôtels et autres petits cadeaux offerts aux coureurs d‘élite par les marathons les plus importants de la planète. De plus, tous ses résultats ont été rayés officiellement du grand livre de l‘athlétisme.

Pour une athlète d‘élite comme Akor, qui a déjà couru un marathon en 2h33, la non-reconnaissance de ses résultats passés est certainement la sanction qui fait le plus mal. Beaucoup plus que la fuite de ses commanditaires qui se sont hâtés de l‘abandonner comme ils avaient le droit de le faire en cas de dopage. Désormais, on se souviendra d‘elle comme d‘une tricheuse.



Abraham Kiprotich

Le cas d‘Abraham Kiprotich, un marathonien français d‘origine kenyane, est encore plus récent. Il risque deux ans de suspension puisque de l‘EPO a été retrouvé dans l‘échantillon A de ses urines recueilli après sa victoire au marathon d‘Istanbul, en Turquie, le 17 novembre dernier.

Kiprotich, âgé de 28 ans, est l‘étoile montante de la course de fond chez nos cousins français. Il faisait partie de la délégation olympique aux jeux de Londres. En plus de sa victoire à Istanbul, l‘année 2013 l‘a vu remporter le très relevé marathon de Daegu, en Corée du Sud, en 2:08:33.

La nouvelle de la suspension à venir de Kiprotich en a certes déçu plusieurs mais de nombreux amateurs de course à pied la voyaient venir. Car il y avait eu quelques signes avant-coureurs! Les officiels de l‘athlétisme français se méfiaient de lui depuis qu‘il avait décidé de participer au marathon de Daegu même s‘il était sous le coup d‘une suspension temporaire de 15 jours à la suite de manquements administratifs relatifs à la surveillance médicale des athlètes de haut niveau. En gros, il avait omis de se présenter à des examens médicaux obligatoires. Rarement un bon signe ça!

Kiprotich, un ancien légionnaire, demandera probablement prochainement la contre-expertise et l‘analyse de l‘échantillon B de son contrôle urinaire. C‘est son droit. Les cas d‘erreurs étant plutôt rares de la part des agences antidopage, on doit s‘attendre à voir ce jeune coureur prometteur absent pour les deux prochaines années. C‘est la pire des punitions pour lui, bien avant la perte de ses bourses et de ses commanditaires, car il voit s‘évanouir deux des plus belles années de sa vie de coureur.



Asbel Kiprop

Je ne termine pas avec un cas de dopage, mais plutôt d‘agression. Malheureusement, la gloire et les avantages qu‘elle procure ne sont pas maîtrisés par tous. Les nouvelles de dérapages de la part d‘athlètes devenus riches pratiquement du jour au lendemain ne sont pas rares. Une brute ne cesse pas de l‘être lorsqu‘elle devient riche.

L‘actuel champion du monde du 1500 mètres, le Kenyan Asbel Kiprop, en est l‘illustration parfaite. Il devra prochainement comparaître pour répondre à des accusations d‘agression armée sur le gardien d‘un bar de nuit du Kenya. Comme de nombreux athlètes d‘élite africains, Kiprop fait partie du corps policier de son pays. Il n‘est pas rare, dans certains pays africains, de voir des coureurs appartenant à l‘armée ou à la police. C‘est une façon détournée pour un gouvernement de leur verser un salaire et des bourses liées à la performance.

Kiprop, champion olympique de 2008 du 1500 mètres, se serait présenté en compagnie d‘amis au bar après les heures d‘ouverture en réclamant de l‘alcool. En apprenant de la bouche du gardien que ce serait impossible, il l‘aurait violemment frappé en plus de le menacer de l‘arme à feu que son statut de policier l‘autorise à porter.

Kiprop nie les accusations dont il fait l‘objet. Pourtant, la presse locale kenyane a publié plusieurs articles relatant d‘autres histoires sordides et violentes dans lesquelles aurait été impliqué le champion du monde. Attendons tout de même avant de le condamner. Laissons la justice de son pays le faire à notre place!

Que doit-on retenir des histoires de Mary Akor, Abarham Kiprotich et Asbel Kiprop? Et bien que malgré leurs incroyables succès sportifs, ce sont plutôt de leurs agissements de tricheurs ou de criminels qu‘on se souviendra.

Dans le cas des deux premiers, ils croyaient trouver la gloire en se dopant. Ils seront plutôt associés à la tricherie et au doute pour le reste de leur vie. Ce doute, ils auront également aidé à l‘implanter dans le cerveau de beaucoup d‘amateurs de course à pied qui, lorsqu‘ils verront des athlètes réaliser des performances hors de l‘ordinaire, ne pourront faire autrement que de douter.

C‘est ainsi que l‘imbécilité de quelques-uns affecte le travail honnête de la majorité.