LONDRES - L'Américain Carl Lewis, neuf fois médaillé d'or aux Jeux olympiques entre 1984 et 1996, suggère de criminaliser l'usage de produits dopants, dans un entretien à la BBC diffusé mardi.

"Je changerais la loi. Si vous êtes contrôlé positif, pourquoi ne serait-ce pas illégal?", a demandé Lewis, qui s'est dit convaincu que "la plupart des athlètes sont propres" et que seuls "ceux qui n'ont pas de talent se dopent".

Interrogé sur les déclarations du Britannique Dwain Chambers, qui avait affirmé il y a un an qu'un athlète propre ne pouvait espérer être champion olympique, Lewis a rétorqué: "Dwain Chambers n'avait pas le talent. Il a dû se doper. Il a dû tricher."

"Je suis fatigué de ces athlètes qui n'ont pas de talent, se dopent et essaient de blâmer la terre entière", a-t-il poursuivi. Lors de son retour à la compétition, Chambers a été médaillé d'argent aux Mondiaux en salle de Valence (Espagne) sur 60 m, et apparaît toujours, à 30 ans, comme le meilleur sprinteur britannique.

"Quand je courais, je me suis élevé avec véhémence contre le dopage et tout le monde me traitait de balance. Regardez où notre sport en est arrivé", a regretté Lewis.

L'Américain avait lui-même été l'objet de soupçons de dopage lors des qualifications américaines pour les Jeux olympiques de Séoul en 1988, où il avait récupéré sur tapis vert la médaille d'or du 100 m après la disqualification du Canadien Ben Johnson.

Mais il avait finalement été blanchi par la Fédération internationale (IAAF) en 2003.

L'athlétisme américain a été durement touché par une série de scandales de dopage, notamment celui du laboratoire Balco, qui ont déchu ou écorné la réputation de nombreuses vedettes: Marion Jones (condamnée à une peine de prison pour parjure), Tim Montgomery, Justin Gatlin, Dennis Mitchell, Jerome Young, Calvin Harrison, Michelle Collins...

L'entraîneur Trevor Graham doit être jugé à partir du 19 mai pour avoir menti à des agents fédéraux sur sa participation au dopage de ses athlètes, une accusation similaire à celle qui a valu sa condamnation à Jones.

L'ancien champion du monde du 400 m, Antonio Pettigrew, dont la réputation était jusqu'alors intacte, doit y témoigner comme ex-utilisateur de produits dopants.