Impressionnée par sa première aventure olympique à Pékin en 2008, Roseline Filion vivra une deuxième expérience complètement différente avec son inséparable partenaire Meaghan Benfeito. Le podium étant à leur portée, elles possèdent tous les éléments pour charmer le public et les juges.

Au niveau sportif, le duo évoluant en plongeon synchronisé au 10 m fait déjà écarquiller les yeux avec la liste de sauts au plus haut coefficient de difficulté au monde. À l'extérieur de la piscine, leur charme s'opère d'une autre façon grâce à leur rire contagieux et leur personnalité attachante.

Il y a quatre ans, la paire québécoise a complété son épreuve olympique au septième échelon. Cette fois, les projecteurs seront encore davantage braqués sur les deux plongeuses et elles abordent le tout avec une autre attitude.

«Ce seront des Jeux olympiques complètement différents. L'étape de réaliser mon rêve, c'est fait. Je ne devrais pas être autant impressionnée que je l'étais en 2008. En ce qui concerne notre préparation, c'est sensiblement la même chose, mais avec plus de confiance et de préparation dans le corps», a déclaré Filion.

Au cours des derniers mois, le tandem Filion-Benfeito a multiplié les podiums en compétition autour de la planète et à Montréal sauf que les marches seront encore plus exigeantes à gravir dans un contexte olympique.

«On s'entraîne pour gagner et avoir une médaille autour du cou! C'est le rêve de tous les athlètes. Notre marge d'erreur est minime avec notre sélection de plongeons alors on doit répéter nos sauts pour éliminer les erreurs. Ceci dit, on est à l'aise avec ce degré de difficulté parce que ce sont des plongeons que nous faisons aussi en individuel», a soutenu Filion en entrevue avec le RDS.ca.

Si le portrait est clair en synchro, Filion a encore du pain sur la planche pour obtenir l'un des deux postes disponibles en vue des épreuves individuelles à la tour à Londres. Présentement, elle détient la deuxième position - derrière Benfeito - et les essais olympiques complèteront le processus de sélection du 25 au 27 mai à Montréal.

«J'ai réussi de bonnes performances au cours des dernières années et je vise une participation à la finale», a précisé celle qui a mérité l'argent à la Coupe Canada le 6 mai.



Le match parfait avec Meaghan!

Partenaires depuis plus de six ans, Filion et Benfeito sont souvent décrites comme des sœurs tellement leur relation est devenue spéciale au fil des ans. Leur proximité semble éliminer la possibilité que l'une d'elles puisse plonger avec une autre athlète.

«À vrai dire, je l'ai déjà fait. Meaghan s'était blessée pour les Jeux du Commonwealth en 2010 et j'ai dû effectuer l'épreuve avec Rachel Kemp. C'était très différent parce que les points de repère tombent à zéro. Nous avions eu trois jours pour s'entraîner et disons que ce n'était pas une performance optimale», a avoué l'athlète qui célébrera son 25e anniversaire le 3 juillet.

«Ça m'a fait réaliser à quel point j'étais confortable avec Meaghan non seulement en terme de technique, mais aussi entre les plongeons sur notre façon de gérer la compétition. C'était bien avec Rachel, mais ça m'a rappelé que c'était le match parfait avec Meaghan!»

«En 2006, j'ai eu l'occasion de plonger avec une autre partenaire parce que Roseline n'était pas à cette compétition, mais j'ai refusé la proposition de faire le synchro. C'est ma partenaire et je veux faire du synchro avec elle. Je ne me vois pas avec une autre partenaire à part si elle arrête car je n'aurais pas le choix», a confirmé Benfeito avec un sourire radieux en pensant à son amie.

Si elles démontrent un synchronisme saisissant dans leurs plongeons, elles se complètent bien entre les sauts grâce à des caractères complémentaires.

«Je suis très nerveuse avant les compétitions et Meaghan me calme beaucoup. Elle a la capacité de voir les côtés positifs même dans un moment moins réussi. J'ai un peu tendance à garder en tête ce que j'ai raté et elle m'aide dans ce sens», a confié Filion qui profite aussi de l'aide d'un préparateur mental Fabien Abejean.

«J'essaie d'être positive le plus possible. Je ne veux pas trop me faire mal avec un côté négatif. Je retiens les correctifs et je passe à autre chose», a confirmé Benfeito en enchaînant avec un exemple.

«Aux Championnats du monde à Shangai à l'été 2011, on a terminé en septième position même si notre année allait très bien et ça nous a vraiment fait mal. J'ai dit à Roseline que nous allions revenir à la maison en se servant de cela et la stratégie a fonctionné.»

Filion et Benfeito ont commencé à plonger ensemble avant de franchir la vingtaine. Inévitablement, elles ont beaucoup changé au cours des dernières années ce qui leur permet d'en apprendre encore sur chacune d'elle.

«On se connaît depuis que nous sommes jeunes et on doit apprendre à vieillir ensemble», a lancé Filion en riant. «Quand on était plus jeune, tout était pareil et on aimait les mêmes choses. Maintenant, ça varie et on découvre nos préférences.»

L'univers du plongeon ne laisse pas transparaître une rivalité à tout casser comme d'autres disciplines qui basculent même parfois dans l'intimidation. Filion et Benfeito apprécient grandement ce contexte.

«C'est vraiment spécial, on forme une grande famille. Tu peux nous voir assises dans les gradins avec les Anglais, les Italiens, les Français… On est compétitif quand c'est le temps, mais on peut manger ensemble à l'extérieur. D'ailleurs, beaucoup de plongeuses viennent s'entraîner à Montréal et c'est très amical», a dévoilé la sympathique athlète.

Perdre son fan numéro un à 87 ans

Attirée vers le plongeon grâce à la performance d'Annie Pelletier aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, Filion parfaire son art depuis environ 15 ans et elle a toujours pu compter sur un fan spécial à ses yeux qui est malheureusement décédé le 22 janvier à l'âge de 87 ans.

«Depuis mes débuts, mon grand-père paternel a ramassé tous les articles dans les journaux et sur internet. Avant, je ne faisais jamais des allô à la caméra, mais quand je savais qu'il me regardait, je le faisais pour lui et c'est pour la seule personne pour qui je le ferais. Il reste mon fan numéro un!», a confié Filion.

«Il avait la leucémie et quand il arrivait à l'hôpital pour ses transfusions de sang, il disait aux infirmières : il faut que vous me gardiez en vie parce que ma petite fille sera aux Olympiques. »

Filion risque d'être émotive quand elle songera à son grand-père surtout qu'il pourrait s'agir de son dernier épisode olympique.

«Pour l'instant, je n'ai pas l'impression que je vais arrêter. Mais après 2012, je vais aborder cela une année à la fois. Si je pense à quatre ans plus tard, j'aurais 29 ans en 2016 et c'est vieux pour la plate-forme même si c'est plus fréquent au 3m», a indiqué l'athlète originaire de Laval.

Pour le moment, elle ignore ce que l'avenir lui réserve, mais les projets ne manquent pas à travers deux passions distinctes.

«J'adorerais devenir journaliste sportive, mais j'ai toujours eu un petit côté mode en moi. Les autres membres de l'équipe vont jusqu'à m'appeler quand ils magasinent pour connaître mon opinion.

«Alexandre (Despatie) m'envoie même des photos pour me demander si son look est correct avant d'aller à un événement», a raconté Filion qui aide même les autres à charmer.