Laurent Dubreuil : pas d’argent, pas de problème!
Patinage de vitesse mercredi, 18 janv. 2017. 18:55 dimanche, 15 déc. 2024. 08:50S’il assure sa place à la dernière Coupe du monde de la saison, le patineur de vitesse longue piste Laurent Dubreuil sera à l’étape de Stavanger, en Norvège, non seulement grâce à ses bons résultats, mais aussi par débrouillardise à la suite d’un appel à tous lancé sur les médias sociaux. Et il y sera à ses frais.
Après les patineurs de la courte piste qui ont appris que Patinage de vitesse Canada (PVC) ne serait pas en mesure de payer les frais de leur participation à la Coupe du monde de Minsk, les athlètes de la longue piste vivront le même scénario à la dernière course du calendrier mondial, du 10 au 12 mars, à l’épreuve qui est réservée aux 12 meilleurs de chaque distance.
Système D
Laurent Dubreuil n’était pas intéressé à commencer ses vacances plus tôt en cette année pré-olympique : « Je m’entraîne 11 mois par année. Il y a 8 compétitions internationales cette année et ce n’est pas comme dans la Ligue nationale de hockey où il y a 82 matchs, alors quand il y en a une, je veux y prendre part à tout prix. C’est ce que j’ai décidé de faire et je veux le faire à 100 %. »
Lorsqu’il a eu le feu vert de sa fédération pour participer à l’épreuve de Stavanger à ses frais, le patineur a fait un appel à tous sur Facebook pour savoir si une bonne âme pouvait l’héberger en Norvège. La réponse positive est arrivée en moins d’une heure et c’est chez un ancien patineur amateur qu’il logera.
« Je lui offrais des billets pour assister aux courses, sauf qu’il avait déjà acheté les siens. L’an dernier, c’était plein là-bas et il y a vraiment un engouement. Il va me prêter un vélo pour me déplacer et nous allons séparer la facture d’épicerie. Je vais sauver de l’argent et ce sera une très belle expérience. À la fin de ma carrière, je vais peut-être plus me souvenir des efforts mis pour y aller et des liens que j’aurai tissés que des courses », pense le Québécois qui souhaite maintenant trouver un commanditaire pour payer son séjour.
« Si je n’ai pas d’entraîneur (sur place), je lui ai dit : tu mettras tes patins et tu sauteras sur la glace. Ce sera toi, mon coach! Ce serait une belle façon de le remercier. »
Les mondiaux avant tout
Autre impact budgétaire, le Canada délèguera seulement quatre athlètes, dont Dubreuil, à la Coupe du monde de Berlin sur le total de la quinzaine qui sera aux Championnats du monde par distances individuelles à la mi-février, à l’anneau de Gangneung, là où seront disputées les prochaines épreuves olympiques. Au plan d’origine de PVC, aucun athlète canadien ne devait être de l’étape berlinoise.
« Je ne veux pas critiquer à l’aveugle, mais c’est sûr que c’est frustrant de voir que nos performances sont solides, alors que les budgets baissent. L’an dernier, c’était notre saison la plus faste au total des médailles depuis 2008-2009 si je ne me trompe pas », avance Dubreuil, qui dit toutefois comprendre que sa fédération nationale laisse tomber cette course qui a un impact moins grand que d’autres épreuves.
« Nous avons priorisé les Championnats du monde par distances individuelles où nos performances seront évaluées par À nous le podium, plutôt qu’à la Coupe du monde numéro 6 », a déclaré Patrick Godbout, responsable des communications de Patinage de vitesse Canada, ajoutant que le calendrier automnal des épreuves asiatiques et européennes avait engrangé de grands frais.
« Est-ce que nous avons un examen de conscience à faire? Oui. Après la dernière saison que nous avons connue, il y a davantage de fonds privés qui doivent rentrer », croit M. Godbout.
Cette situation est un autre exemple qu’il n’y a pas que les athlètes qui sont en compétition les uns contre les autres. Les fédérations sportives nationales et le Comité olympique canadien le sont également pour attirer l’intérêt des commanditaires.
Malgré des performances exceptionnelles aux Jeux olympiques de Sotchi – deux médailles d’or et deux d’argent – l’équipe canadienne des bosses en ski acrobatique avait elle aussi vu des commanditaires aller voir ailleurs.