Harcèlement sexuel ou psychologique, violences physiques, « culture de beuverie »: un récent rapport révélé mardi par Radio-Canada a mis au jour de graves dysfonctionnements au sein de la fédération canadienne de lutte, alors que les qualifications pour les JO de Tokyo 2020 ont lieu cette année.

« Quelque chose ne tourne pas rond dans le monde de la lutte au pays », note la chaîne publique canadienne après avoir lu le rapport d'un médiateur indépendant remis à la fédération en décembre dernier. Ce médiateur, David Bennett, a interrogé une cinquantaine de personnes à la suite d'une série de plaintes, selon la chaîne.

Le rapport dénonce une culture sexiste et s'étonne de la tolérance pour les relations sexuelles entre les entraîneurs et les athlètes, une pratique admise par le Code de conduite de Lutte Canada dans certaines circonstances.

Ces pratiques « exposent les athlètes à la possibilité d'être harcelés sexuellement », notamment par leurs entraîneurs, selon le document. Il recommande d'interdire de telles relations sexuelles, de se doter d'une politique sur le harcèlement et de promouvoir les femmes entraîneuses.

L'auteur du rapport relève par ailleurs une « culture de beuverie bien implantée parmi les entraîneurs au niveau national ». Certains témoignages ont fait état d'un entraîneur trop saoul pour se réveiller à temps pour une compétition, ou d'un autre qui s'endort pendant un combat.

D'autres témoins ont dénoncé des violences physiques, verbales ou psychologiques. « Beaucoup d'entraîneurs ont coutume de démolir un athlète dans le but de le reconstruite (...) sauf que certains athlètes ne se sont jamais reconstruits », selon le rapport cité par Radio-Canada.

L'alimentation et notamment la gestion du poids des athlètes sont également dans le collimateur: pour maigrir, certains d'entre eux se sont vu conseiller de ne manger que des bonbons ou de passer des heures dans un sauna.

À la suite de ces constats, le rapport Bennett a formulé plusieurs recommandations sur une réforme du Code de conduite ou sur la formation des entraîneurs, que la fédération s'est engagée à respecter, note la chaîne publique.

Contactée par l'AFP, la fédération Lutte Canada n'avait pas répondu mardi en début d'après-midi.