OTTAWA (PC) - Nicolas Macrozonaris en avait long à dire, samedi, après avoir gagné l'or au 100 m lors des championnats canadiens d'athlétisme.

Le sprinteur de Laval, qui a triomphé en 10,31 secondes, a fortement blâmé Athlétisme Canada pour avoir réduit sa bourse au niveau national à l'issue de la saison dernière.

"Quand je suis au sommet, tout le monde veut me donner une petite tape sur l'épaule, mais quand les choses vont moins bien pour moi, tout le monde disparaît. Et cela inclut ma propre fédération," a dit Macrozonaris.

"Cela me dérange. Je ne suis pas quelqu'un qui sort de nulle part et qui ne serait pas à sa place. Ce n'est pas une bonne situation."

Macrozonaris a devancé Pierre Browne de Toronto (10,33) et Anson Henry de Pickering en Ontario (10,34).

"Je suis très satisfait, a mentionné Macrozonaris. J'ai eu des ennuis, ce qui est bien connu, mais j'ai réussi à remonter la pente en dépit de tout ce qui est arrivé.

"Je suis champion canadien aujourd'hui, et c'est probablement le fait saillant de ma carrière. Je suis très satisfait, et je dis ça du fond de mon coeur et je le ressens profondément en moi. C'est quelque chose dont je suis très fier."

Macrozonaris a perdu son accréditation nationale, d'une valeur d'environ 1500 $ par mois, après une saison 2005 décevante. Son meilleur temps l'an dernier a été de 10.35, bien loin du chrono de 10.03 qu'il a réussi en 2003 lorsqu'il a battu l'ancien recordman mondial Tim Montgomery à Mexico.

Macrozonaris, qui aura 26 ans le 22 août, a dit qu'il a souffert d'une blessure et qu'il a appliqué pour une carte de blessé, qui permet aux athlètes de conserver leur source de financement pendant qu'ils récupèrent. Cela lui a été refusé. Il a été en appel, ce à quoi on n'a toujours pas donné de réponse.

Les Gramantik, l'entraîneur-chef d'Athlétisme Canada, fait valoir que Macrozonaris n'a pas suivi la procédure stricte exigée par la fédération pour éviter les questions légales. Il a mentionné que les athlètes doivent absolument avertir la fédération si une blessure les force à rater au moins quatre mois d'entraînement.

"Nous devons évaluer les choses en noir ou en blanc, a dit Gramantik. Nicolas ne nous a jamais fait part au cours de la saison qu'il était blessé. Il est allé à Helsinki (les championnats du monde) et a pris part à la compétition pour nous, au 100 mètres et au relais."

Macrozonaris voit les choses différemment.

"J'ai été inactif pendant tout 2005, et à la fin de la journée je reçois une claque au visage, a dit le sprinteur québécois. Je suis un gars positif, mais la situation est triste quand vous ne recevez pas de support."

Athlétisme Canada dispose de 66 cartes. Habituellement, environ cinq de celles-ci vont à des athètes blessés.

Henry, le meilleur Canadien en ce moment après avoir signé un temps de 10,12, plus tôt cette saison, n'a pas de carte lui non plus.

Gramantik affirme que la décision contre Macrozonaris n'a rien de personnel.

"Son argument est qu'il est le plus talentueux sur 100 mètres au Canada, a dit Gramantik. Peut-être. Je le félicite pour sa victoire. Il le mérite.

"Parfois ce que je crois voir comme problème est que les athlètes pensent que moi, ou qu'Athlétisme Canada, ne veut pas qu'ils connaissent du succès. Au contraire. J'aimerais le voir réussir un temps de 9,7 et devenir champion du monde. Le succès rapporte à tout le monde."