Montréal - Certains athlètes partagent leur temps entre les études et le sport. Mathieu Turcotte, lui, porte plutôt les chapeaux d'athlète et d'homme d'affaires. Après une année sabbatique en 2006-2007, le patineur de 31 ans est de retour au sein de l'équipe nationale où il continue de cumuler ces deux fonctions.

Propriétaire de la compagnie de patins de vitesse Apex depuis bientôt maintenant sept ans, le Sherbrookois d'origine est aujourd'hui à la tête d'une des entreprises les plus respectées dans le milieu. Technicien en orthèse et prothèse de formation, Turcotte travaille en étroite collaboration avec l'ex-patineur et double médaillé olympique, Frédéric Blackburn, directeur de la production, afin de produire près de 200 paires par année qui sont vendues dans une trentaine de pays.

Tout a commencé lorsque Turcotte s'est fabriqué une paire de patins qui a suscité la curiosité chez ses partenaires d'entraînement.

« Je savais que c'était ce que je voulais faire à long terme, mais je n'aurais jamais cru que ça arriverait aussi vite. Les gens voulaient essayer mes patins et de fil en aiguille, tout a pris de l'ampleur. En trois ou quatre ans, j'ai connu de bonnes ventes », a expliqué Turcotte, rencontré lors de la Coupe du monde de Québec. « La compagnie grandit tranquillement, mais sûrement, et je prépare une base solide pour le moment où je ferai ça à plein temps. »

La meilleure publicité, c'est encore sur la glace que ça se passe, car plus le Québécois grimpait sur les podiums internationaux, plus les commandes augmentaient. Et c'est sans compter sur les trois médailles de Marc Gagnon aux Jeux olympiques de Salt Lake City, lesquelles ont été remportées sur des patins Apex.

Si la PME n'a pas encore un département de recherche et développement, ce ne sont pas les idées d'innovation qui manquent.

« Frédéric et moi on se challenge pour voir si on peut trouver des avantages sur notre produit. Notre objectif est d'alléger les patins tout en les gardant confortables », explique Turcotte, qui est responsable du moulage des bottes, alors que Blackburn s'occupe de la finition du patin. « Ce sont de petits changements subtils qui font la différence. Il ne suffit que de changer légèrement l'angle des orteils pour aller chercher une plus grande capacité musculaire. »

L'objectif d'Apex à long terme est clair : fabriquer le meilleur patin. « Mon patin est bon, mais je trouve qu'il ne se démarque pas assez. Je vais pousser mes petites idées afin de me démarquer et par la suite, je vais viser le marché le patin en longue piste et en roues alignées, même si j'en fais déjà un peu. »

Pour atteindre son objectif, Mathieu Turcotte est constamment en contact avec ses clients.

« Ils me donnent des commentaires pour que je puisse améliorer mon produit et en retour, ils veulent ce qu'il y a de mieux. C'est donc une relation gagnant-gagnant »