La Côte-Nord n’est pas seulement une région ressource en électricité : elle l’est aussi pour la relève québécoise et canadienne du judo depuis de 30 ans. De Lyne Poirier qui a participé au premier tournoi olympique féminin en 1992 jusqu’à Mina Coulombe ou Maxim Côté qui combattaient dimanche au Grand Prix de Montréal, les athlètes de cette région ont presque toujours été présents dans les différentes équipes nationales.

Mais comment expliquer qu’une région peu populeuse et située à plusieurs heures de route des grands centres urbains soit une telle pépinière de talents depuis des décennies? Début d’explications avec quelques Nord-Côtiers et acteurs de la scène du judo canadien.

Les clubs à la base du succès

Première explication : les clubs. Même lorsqu’ils ont déménagé à Montréal pour se joindre au centre national d’entraînement, les athlètes ont encore le soutien de leur club. La base de la pyramide sportive du judo est solide sur la Côte-Nord avec l’Académie de judo de Sept-Îles, le Club Judokan de Port-Cartier, le Club de judo de Baie-Comeau et le nouveau Club de Fermont.

« Le club de judo Baie-Comeau m’a beaucoup apporté. J’ai gardé contact avec eux et ils m’appuient encore financièrement, mentionne Mina Coulombe. Robin (Gagné), il se bat pour nous et pour amasser de l’argent. Récemment, le club m’a payé deux judogis. Aux Championnats canadiens, je suis fière de représenter mon club », explique la jeune femme qui est déménagée à Montréal à l’âge de 16 ans pour s’entraîner à un plus haut niveau.

L’athlète a pu compter sur l’appui de sa famille et de plusieurs membres de son club qui ont fait le voyage à Montréal. Elle n’aura fait qu’un seul combat dimanche, une défaite par waza-ari contre l’Argentine Lucia Cantero, mais elle s’est dite tout de même satisfaite et elle souhaite défaire cette adversaire aux prochains Jeux panaméricains.

« C’était super de leur montrer où j’en suis rendue ! Je suis contente d’avoir commencé sur la Côte-Nord, particulièrement à Baie-Comeau. Nous sommes dans une bonne lignée les gens de la Côte-Nord et il y a aussi Maxime et Jacob (NDLR : Valois, médaillé de bronze -66 kg vendredi). Nous avons eu de bonnes bases lorsque nous étions jeunes et c’est formateur. »

L’ex-athlète et Port-Cartois Jean-François Marceau précise : « Le sport est bien développé sur la Côte-Nord, mais il y a toujours eu une personne passionnée dans chacun des clubs qui a tiré tout le monde vers le haut », croit le directeur général de Judo Québec.

La 138 formatrice

Autre explication : les longues heures passées sur la route pour participer à des tournois. Marie-Hélène Chisholm, ex-athlète de l’équipe nationale et gérante de la haute performance chez Judo Canada, avance cette idée.

« L’esprit d’équipe de la Côte-Nord est quand même assez différent. Lorsque tu te rends à Montréal pour faire des compétitions et faire 10 heures de route, ça crée un esprit d’équipe. Aujourd’hui, ce sont surtout les parents qui me contactent et on jase de la transition de leurs jeunes qui partent de la Côte-Nord pour venir s’entraîner à Montréal », poursuit celle qui est originaire de Port-Cartier.

Étienne Briand (Sept-Îles), David Beaudin (Sept-Îles) et Jacynthe Maloney (Port-Cartier) font eux aussi partie de cette lignée d’athlètes qui n’est pas sur le point de s’arrêter.

Mina Colombe est encore très attachée à sa région natale et à son sport. Fera-t-elle le saut pour devenir entraîneure? La réponse n’est pas connue, sauf que l’athlète conclut par cette phrase : « On a besoin de figures féminines chez les coachs. »