MONTREAL (PC) - Les dirigeants de Natation Canada demeurent convaincus d'avoir pris la bonne décision en excluant Nadine Rolland de l'équipe des Jeux du Commonwealth, mais ils s'attendent à ce que la nageuse québécoise obtienne une injonction lui permettant de se rendre à Manchester, en Angleterre, dans deux semaines.

"C'est dommage que nous en soyons rendus là", a déploré, jeudi, la directrice générale de Natation Canada, Karen Spierkle.

Le recours en justice entrepris par Rolland grâce au soutien financier du gouvernement du Québec fait beaucoup de vagues chez Natation Canada.

"Je ne veux pas présumer du jugement parce que c'est 50-50 mais, considérant les faits, nous estimons que Nadine a de bonnes chances d'obtenir une injonction au Québec qui lui permettrait de participer aux Jeux, avant qu'on règle le litige après les Jeux, a avancé la directrice générale. C'est ce que nous pensons qu'elle va faire."

Mme Spierkle, native de Sept-Iles, "trouve honteux" qu'on fasse du cas Rolland une affaire de langue ou de discrimination parce que "ça n'a rien à voir".

"Nadine n'a tout simplement pas récolté suffisamment de points pour se qualifier, a-t-elle affirmé. Elle ne figurait même pas dans le classement des 26 premières femmes au terme de la compétition de sélection."

Rolland, qui a remporté le 50 mètres papillon lors des qualifications en mars dernier, argue de son côté qu'elle aurait amassé plus de points si elle avait pu prendre part à l'épreuve olympique du 100 mètres papillon.

Mais elle en a été incapable en raison d'une blessure à un pied qu'elle s'est infligée en marchant accidentellement sur un rivet non protégé installé le long de la piscine par une équipe de télévision.

"Je ne dis pas que la blessure n'a pas été un facteur", a même admis Mme Spierkle, qui a qualifié Rolland "d'excellente nageuse et de fille exceptionnelle, tenace".

"Mais, a-t-elle ajouté, contrairement à ce que Nadine dit, elle n'est pas classée quatrième actuellement au sein des pays du Commonwealth. Elle est sixième ou septième."

La nageuse montréalaise a toutefois une carte dans sa manche: le jugement de l'arbitre Jean-Guy Clément, du tribunal extrajudiciaire du Secrétariat d'état au sport amateur, qui ordonne à Natation Canada d'inclure Rolland dans l'équipe de 40 nageuses et nageurs. Jugement que Natation Canada n'a pas respecté.

"Je vais rencontrer le secrétaire d'Etat, M. Paul DeVillers, à Manchester, afin d'avoir des éclaircissements au sujet du système d'arbitrage instauré par le gouvernement fédéral", a dit Mme Spierkle.

"Cette controverse perturbe tout le monde, a résumé la directrice générale. Nadine dit que la situation est insoutenable pour elle. Imaginez ce que c'est pour plusieurs athlètes de l'équipe qui doivent s'entraîner dans un climat d'incertitude, ne sachant pas si on les retranchera advenant que Nadine ait gain de cause."