Par son allure et sa façon d'être, Olivier Jean détonne au sein de l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste. Avec ses dreadlocks rasta et son attitude désinvolte en compétition, l



Par son allure et sa façon d'être, Olivier Jean détonne au sein de l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste. Avec ses dreadlocks rasta et son attitude désinvolte en compétition, l'athlète de Lachenaie ne laisse personne indifférent. Il en est pleinement conscient et c'est une image qu'il aime bien entretenir.

"Je sais que je suis différent et je joue un peu là-dessus, a-t-il récemment admis lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. J'attire l'attention et je suis capable de composer avec la situation."

Mais n'allez pas croire qu'il joue un rôle, qu'il se forge cette image pour faire l'intéressant. Il jure plutôt qu'il est ainsi fait.

"C'est naturel, ajoute le grand patineur. Dans la vie de tous les jours, j'ai beaucoup de plaisir dans tout ce que je fais. J'aime la vie, être heureux et faire sourire les gens autour de moi.

"Il ne faut pas trop se prendre au sérieux. Même quand on s'en va gagner une médaille, c'est important de ne pas se stresser."

Dans cette optique, il apprécie l'attitude détendue du sprinter jamaïquain Usain Bolt avant et après ses courses.

"C'est incroyable l'énergie qu'il amène à la ligne de départ. Il est décontracté, relax. Il utilise l'énergie de la foule. Il personnifie bien la façon dont j'aime me sentir avant une course.

"Certains athlètes ont besoin d'être dans leur bulle avant une épreuve. Ils sont concentrés sur eux. C'est leur façon de faire pour bien performer. Moi, je ne suis pas comme ça."

La passion de sa vie

Si Jean peut passer pour un peu excentrique, ses coéquipiers saluent sa bonne humeur contagieuse et son entrain.

"Je m'efforce d'apporter mon énergie positive à l'entraînement et de la transmettre à mes coéquipiers."

Âgé de 25 ans, Jean dit qu'il a toujours eu beaucoup d'énergie. C'est ce qui l'a mené aux sports.

"Il paraît que je débordais d'énergie quand j'étais jeune. Mes parents m'ont incité à faire du sport pour la dépenser. Comme ça, quand je rentrais à la maison, j'étais fatigué."

Jean, qui a grandi sur le bord de la Rivière-des-Milles-les, a comme plusieurs autres jeunes d'abord chaussé les patins pour jouer au hockey, un sport qui ne l'a guère emballé.

"Mes parents m'ont dit que je n'avais pas trop l'air d'aimer ça. Mais j'adorais patiner. Un jour, on a rencontré à l'le des Moulins (Terrebonne) une dame qui faisait du patin qui nous a donné des renseignements sur le club de patinage de vitesse de Repentigny. Je suis allé m'inscrire et, immédiatement, j'ai eu la piqûre."

Comme il n'avait que quatre ans lorsqu'il a commencé le patinage de vitesse, il avoue que c'était une décision de ses parents au départ.

"Mais je n'ai jamais remis leur décision en question. La preuve, c'est que je continue."

Coup dur

La carrière d'Olivier Jean sur la scène internationale a pris son envol de belle façon en 2006-07 quand il a remporté six médailles individuelles sur le circuit de la Coupe du monde. Il a même remporté le prix de l'Étoile montante 2007 de Patinage de vitesse Canada.

Mais tout a failli basculer lorsqu'il s'est blessé gravement lors d'une chute à l'entraînement en août 2007. Sous l'impact, la lame de son patin a sectionné un tendon près de sa cheville. Il s'est retrouvé sur le carreau pendant presque toute la saison. Du coup, il a glissé au 24e rang au classement canadien à l'issue la saison 2007-08 après avoir occupé le deuxième rang l'année précédente.

Mais il est revenu en force en 2008-09, raflant la médaille de bronze au 500 mètres au Championnat du monde courte piste et terminant sixième au cumulatif.

Quand il s'est assuré son laissez-passer pour les Jeux de Vancouver en août de l'an dernier - terminant premier des 500 m et 1000 m aux sélections olympiques - c'était la concrétisation de l'objectif de toute une vie.

"Quand tu pratiques un sport amateur, le rêve d'aller aux Jeux olympiques est omniprésent. Au moment de ta sélection, tu ne te dis pas: 'Wow, je m'en vais aux Olympiques, quelle surprise!' Ça fait 15 ou 20 ans que tu t'entraînes avec cet objectif-là. Ta famille, ton entourage et toi-même, tout le monde sait que l'objectif ultime, ce sont les JO. Ce n'est donc pas une surprise quand tu parviens à atteindre l'objectif."

Avantage Vancouver

À Vancouver, Jean prendra part aux épreuves individuelles sur 500 m et 1500 m en plus du relais. Il a bien hâte de vivre l'expérience des Jeux au pays même si la pression sera grande sur les épaules des athlètes canadiens compte tenu des attentes élevées.

"C'est certain que c'est une pression additionnelle. La famille, les amis, les médias, tout le monde sera là pour nous suivre. Personnellement, je prends ça comme un avantage. Ça me donne de l'énergie, ça me donne le goût d'offrir un bon spectacle."

Contraint de s'entraîner presque à l'année longue à l'intérieur, Jean apprécie lorsqu'il peut se permettre quelques activités en plein air.

"Même l'été, on est enfermé à l'aréna où il fait froid, dit-il. Dès que j'ai la chance d'être à l'extérieur au soleil, de me retrouver dans la nature sur un cours d'eau à la pêche, j'en profite."

Mais ces derniers mois, Jean s'est astreint à une discipline spartiate.

"Je suis à l'aréna six jours par semaine. Avec une seule journée de repos par semaine, on se ménage. Il n'était pas question d'aller faire une randonnée en vélo en montagne, de peur de me fatiguer.

"Mais je vais me reprendre le jour où je vais arrêter le patinage. Des activités en plein air, je vais en faire par centaine."

Lorsqu'il envisage son après-carrière, cet étudiant au baccalauréat en kinésiologie à l'Université du Québec à Montréal se voit mal abandonner complètement le sport.

"J'aimerais rester impliqué dans le monde du sport, pas nécessairement dans le patinage de vitesse. Une implication dans le sport de haut niveau pendant un certain temps m'intéresse."