GUADALAJARA, Mexique - Émilie Heymans est de neuf ans l'aînée de Jennifer Abel et compte 10 médailles de plus qu'elle à des grands jeux. Mais ça n'empêche pas que les deux plongeuses québécoises ont une relation d'égale à égale, que ce soit comme coéquipières en épreuves individuelles ou quand elles conjuguent leurs efforts au tremplin de 3 mètres synchro.

C'est l'expression utilisée par Abel, 20 ans, qui résume le mieux la situation : « Nous sommes ensemble depuis le début ».

Car essentiellement, Heymans et Abel ont commencé en même temps l'apprentissage du 3 m synchro chez les seniors, à la suite des Jeux olympiques de 2008.

Abel s'est retrouvée à temps plein au plus haut niveau après une incursion-surprise au 3 m individuel à Pékin, à l'âge de 16 ans. Elle avait alors fini 13e.

Heymans, elle, s'est surtout spécialisée dans les épreuves de 10 m en l'espace de trois Jeux olympiques, ceux de 2000 à 2008. Après Pékin, elle a décidé de troquer la plateforme pour le tremplin.

Heymans et Abel avaient donc ceci en commun qu'elles avaient toutes les deux un nouveau contexte à apprivoiser.

« Au 3 m, je suis encore un peu en phase d'apprentissage », a souligné Heymans qui, avant le 3 m synchro qu'elle allait disputer samedi soir avec Abel aux Jeux panam, avait décroché un grand total de 13 médailles à des grand jeux, dont six en synchro. « Je peux donc m'améliorer encore beaucoup au cours de la prochaine année. Je réussis vraiment bien mes plongeons à l'entraînement, mais je ne suis pas encore assez constante à mon goût en compétition.

« On a une bonne relation, a dit la plongeuse de Saint-Lambert à propos de sa cadette. On a les mêmes objectifs, on s'en va dans la même direction. On pense de la même façon, donc on n'a pas de difficulté à s'adapter l'une à l'autre. On fait toujours attention pour s'assurer que l'autre soit à l'aise si on prend une décision, et on la prend à deux. »

« Si elle a des corrections à faire, elle va les faire, et si c'est moi qui dois les faire, je vais les faire. On s'entraide », a souligné Abel, qui a remporté trois médailles aux Jeux du Commonwealth de 2010, dont l'or au 3 m synchro avec Heymans.

Pour l'une comme pour l'autre, les Jeux panaméricains, qui se déroulent présentement au Mexique, ne constituent pas la priorité d'une saison 2011-2012 qui ne fait que commencer, et qui est axée sur la qualification en vue des JO de Londres.

Le Canada a déjà en poche ses deux places au 3 m féminin en vue des Jeux de Londres. Heymans et Abel n'ont donc rien à gagner à ce titre, cette semaine à Guadalajara. Le premier grand rendez-vous de la saison sera les championnats nationaux du mois de décembre à Victoria, en Colombie-Britannique. Ceux-ci serviront de qualification en vue de la Coupe du monde de Londres du mois de février prochain.

Cette compétition sera une occasion de se familiariser avec l'environnement de la piscine qui servira pendant les prochains JO.

« Chaque tremplin est différent. Et la compétition va se dérouler exactement de la même façon (qu'aux JO), donc de savoir où les juges sont placés, les écrans aussi, ça peut faire une grande différence », a affirmé Heymans.

Suivront ensuite les épreuves de la Série mondiale, qui permettront de récolter des points en vue d'une qualification olympique sur le plan individuel. Un processus dont le point culminant sera les essais olympiques nationaux, du 25 au 27 mai à Montréal.

Heymans et Abel devraient normalement obtenir les deux places à l'enjeu chez les femmes au 3 m, mais personne n'est à l'abri d'une surprise. Abel en sait quelque chose puisqu'elle avait bousculé l'ordre établi en vue des JO de 2008.

« Je l'ai prouvé, donc ce n'est pas impossible, a-t-elle noté. Je ne tiens jamais rien pour acquis. Le plongeon, c'est un sport où c'est la meilleure plongeuse cette journée-là qui a le dessus. »

Belle surprise

Chez les hommes, les deux places pour le Canada au tremplin étaient encore à acquérir cette semaine aux Jeux panam. En l'absence d'Alexandre Despatie, les chances de victoire étaient toutefois minces.

N'empêche que François Imbeau-Dulac a agréablement surpris avec sa cinquième place et sa récolte de 443,05 points au 3 m individuel, jeudi, au Centre aquatique Banque Scotia de Guadalajara.

« Je visais un sommet personnel pour le pointage à l'échelle internationale et c'est ce que j'ai fait, a indiqué le plongeur de 20 ans de Saint-Lazare. Je me disais que si j'y arrivais et que j'étais 10e, j'allais être content quand même. Mais le fait d'arriver cinquième, c'est mieux que ce que j'imaginais. »

Celui qui a récolté sept médailles aux championnats canadiens chez les juniors prend part à des compétitions chez les seniors depuis 2008. C'est seulement cet été, à Shanghai, qu'il a pris part à ses premiers championnats du monde avec l'équipe nationale A. Les Jeux panam actuels sont ses premiers grands jeux.

« Mon but était d'arriver ici et d'être détendu, de faire du mieux que je peux, et ne pas trop me laisser gagner par le stress, a indiqué Imbeau-Dulac. Je pense avoir bien réussi. »

Le jeune plongeur devra encore peaufiner ses sauts d'appel - il manque souvent d'équilibre, dit-il - et ajouter des plongeons plus complexes à son répertoire avant de pouvoir rivaliser avec les meilleurs chez les seniors.

Appelé à succéder un jour à Despatie, Imbeau-Dulac ne songe même pas à rivaliser d'exploits avec la star de l'équipe canadienne masculine de plongeon.

« Un Alexandre Despatie, ça ne se remplace pas, a-t-il fait remarquer. Moi, je suis François Imbeau-Dulac, je vais juste essayer de représenter le Canada du mieux que je peux et me représenter moi-même en tant qu'excellent plongeur. »