6 août 2017. Il fait beau et chaud dans le Vieux-Port de Montréal et les amateurs de triathlons de même que de nombreux touristes se massent le long de la ligne droite menant à l’arrivée de la compétition élite de la septième étape masculine des Séries mondiales de triathlon. L’Espagnol Javier Gomez Noya termine premier en 1 h 47:50. Il était un des favoris.

 

Quatre minutes plus tard, en 29e position, Alexis Lepage termine à son tour le parcours de 1,5 kilomètre de natation, 40 kilomètres de vélo et 10 kilomètres de course à pied. Il est le seul Québécois à participer au Triathlon de Montréal qui accueille les meilleurs de la planète. La foule l’encourage, ce qui lui fait chaud au cœur. Il avouera plus tard que ce moment enivrant fut le plus beau de sa saison. 

 

Alexis Lepage a 23 ans. Il est né à Montréal, mais a grandi à Gatineau. Depuis six ans, il réside à Québec où, en plus de compléter un baccalauréat en administration des affaires, il s’entraîne à temps plein avec le Rouge et Or de l’Université Laval en athlétisme, cross-country et natation. Ce triathlète élite a un objectif très clair en tête : celui de monter sur le podium aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Déjà, à titre de membre de l’équipe canadienne, il a goûté au podium lors des Championnats du monde de relais en 2014. Individuellement, il compte à son tableau de chasse le titre de champion national universitaire et deux excellents top-8 aux Mondiaux U23 élite en 2014 et 2015. D’ailleurs, lors de cette dernière année, il sera sacré meilleur triathlète élite de la province.

 

J’ai eu le grand plaisir de m’entretenir avec le meilleur triathlète québécois. 

 

Alexis LepageAlexis, comment en es-tu venu à pratiquer le triathlon?

 

J’ai toujours aimé faire du sport. J’ai commencé à faire du ski de fond à l’âge de trois ans. En grandissant, je cherchais un moyen de me garder en forme pendant la saison estivale. J’ai alors essayé de faire du vélo de montagne avec mes amis, mais ça ne fonctionnait pas car ils étaient nettement meilleurs que moi. Puis, j’ai découvert l’athlétisme, un sport que j’ai tout de suite aimé même si je le trouvais un peu ennuyeux. C’est alors que je suis tombé sur un article traitant de triathlon dans un journal et que j’ai choisi d’essayer. C’était parfait pour moi puisque c'est un sport qui est peu monotone. Il me permet de goûter à trois sports différents, ce qui me donne l’impression d’avoir une charge d’entraînement un peu moins grande que si j’avais uniquement à faire 150 kilomètres de course à pied par semaine.

 

Te souviens-tu d’un moment en particulier qui t’a encouragé à débuter une carrière sportive?

 

Absolument! Je me rappelle très bien avoir été grandement impressionné par le triathlète canadien Simon Whitfield lorsqu’il a gagné sa médaille d’or aux Jeux olympiques de Sydney en 2000. Je me suis alors dit que moi aussi je voulais un jour participer à des Jeux olympiques même si je ne savais pas encore dans quel sport! J’ai finalement développé ma passion pour le triathlon. J’ai eu l’occasion de rencontrer Whitfield à quelques reprises. Un chic type. Je ne lui ai jamais dit qu’il avait été mon inspiration, mais il s’en doute probablement puisque j’en parle souvent en entrevue.

 

Alexis LepageÀ combien de triathlons importants as-tu participé?

 

Je dirais entre 120 et 150 triathlons au cours de ma vie. Il m’est cependant difficile d’avancer combien étaient importants puisqu’à mes yeux ceux des Jeux du Québec, lorsque j’étais plus jeune, l’étaient tout autant que mes compétitions actuelles. Il est évident toutefois qu’actuellement, mes participations aux Séries mondiales de triathlon ou à un championnat du monde sont les hauts faits d’armes de ma jeune carrière. J’ai participé à une vingtaine de ces courses.

 

À quoi ressemble ton entraînement?

 

Je fais en moyenne 25 heures d’entraînement par semaine. La plupart du temps, une journée type consiste en ceci : une heure et demie d’entraînement en gymnase et une séance de natation de 45 minutes en matinée. Puis, en après-midi, je fais une heure de vélo et une heure de course à pied. Lorsque je suis en camp d’entraînement, les charges deviennent alors beaucoup plus importantes. Ça ressemble alors à quatre heures de vélo et une heure de course, de la musculation et de la natation. J’essaie aussi de faire plus d’intensité et moins de volume. Ça me permet de diminuer mon nombre d’heures d’entraînement et de me concentrer sur des distances un peu plus courtes comme on retrouvera aux Jeux olympiques de 2020 avec le triathlon à relais mixte.

 

Le triathlon est une combinaison de trois sports différents. Dans lequel souhaiterais-tu t’améliorer?

 

Assurément les trois! Puisque mon but est de devenir un jour le meilleur au monde, je dois donc m’améliorer dans les trois disciplines. La course à pied revêt un aspect très important pour moi car un triathlon ça peut se perdre en natation, mais se gagner en course à pied. Alors plus tu es un coureur rapide, plus tu as de chances de gagner. Il y a d’excellents coureurs en triathlon et j’aspire à en devenir un également. Actuellement, sur une piste, je cours un 10 kilomètres en 29-30 minutes. Dans un triathlon, c’est en 31 minutes.

 

Alexis LepageTu viens de signer un contrat de commandite avec l’entreprise québécoise Math Sport qui fabrique des chaussures de course sur mesure. Pourquoi?

 

Cette compagnie part avec une bonne longueur d’avance puisque c’est une marque québécoise. Le concept des chaussures sur mesure est intéressant. Honnêtement, le confort est incroyable et j’adhère à leur philosophie. Je suis convaincu que c’est une entreprise qui ira loin et les dirigeants ont mon entière confiance.

 

Parle-moi de ta prochaine saison puisqu’elle commence très bientôt.

 

Ma première course est au début du mois de mars avec une Coupe continentale à Clermont, en Floride (NDLR : 3 mars, 2e position). Une semaine plus tard, je serai à Sarasota, toujours en Floride, pour une autre épreuve de la Coupe continentale. Ensuite, je reviendrai une courte semaine au Québec pour m’entraîner en vue des Jeux du Commonwealth qui seront présentés dès le 5 avril sur la Gold Coast australienne.

 

Quels sont tes objectifs à plus long terme?

 

Les Jeux olympiques constituent l’objectif ultime. Ça fait longtemps que je m’entraîne dans ce but et je suis très confiant d’y avoir accès. Il me reste peu de temps et je souhaite m’entraîner intensément pour obtenir une place dans l’équipe canadienne qui sera aux Jeux. Me retrouver sur le podium en relais serait un formidable accomplissement.

 

Au Québec, il sera possible de voir Alexis Lepage en action le 26 août prochain lors du Triathlon international de Montréal. Le départ de la compétition sera donné aux meilleurs triathlètes au monde en début d’après-midi au Quai Jacques-Cartier, dans le Vieux-Port de Montréal.