Ottawa, la plus belle des médailles
Course à pied dimanche, 12 juil. 2015. 12:08 samedi, 14 déc. 2024. 00:31La ville d'Ottawa, capitale du pays, fait partie depuis longtemps de mes coups de cœur. N'ayons pas peur des mots, c'est une ville que j'adore pour de multiples raisons tant pratiques et professionnelles que passionnelles. C'est à Ottawa que j'ai eu le bonheur de courir mon tout premier marathon il y a une dizaine d'années. Un événement grandiose qui me permettait de réaliser un rêve et qui se trouvait à être l'aboutissement de très longues heures d'entraînement.
Le bruit de la foule, les cris d'encouragement des spectateurs, ma nervosité à quelques minutes du départ et la joie dans les yeux de mes proches à l'arrivée constituent encore des souvenirs parmi mes plus précieux reliés à la course à pied. Facile alors de comprendre pourquoi Ottawa occupe une place importante dans ma vie.
Je m'étais toujours promis d'y retourner pour découvrir ses charmes en courant à nouveau ses rues. J'avais eu brièvement l'occasion de le faire lors de visites professionnelles alors que j'animais mon émission, le 5 à 7, à Ottawa ou Gatineau, mais jamais au rythme auquel je souhaitais le faire. Je tenais à retrouver une partie du parcours du marathon, à revivre ses émotions et à découvrir toutes les beautés de la ville sans tenter de respecter un chrono ou rêver au prochain poste de ravitaillement en eau!
Un bref coup de fil à Tourisme Ottawa m'a aiguillé sur la bonne voie. Caroline Couture-Gillgrass, gestionnaire des communications de l'organisme, a passé beaucoup de temps à m'expliquer les incontournables de la capitale nationale, ces endroits que je pourrais visiter en famille tout en assouvissant ma passion pour la découverte en joggant les rues. Car il n'existe selon moi aucune meilleure façon de découvrir une ville qu'en courant. C'est d'ailleurs toujours ce que je fais lorsque je dépose ma valise dans un nouvel endroit. J'enfile mes chaussures de course et je pars.
Ottawa ne m'a pas déçu et regorge de rues, trottoirs ou pistes sécuritaires pour les coureurs. Pour le débutant qui souhaite faire une courte sortie d'environ 5 kilomètres, je recommande de partir du superbe Musée canadien de l'histoire à Gatineau, directement en face d'Ottawa de l'autre côté de la rivière des Outaouais, et d'emprunter le pont Alexandra. Un large trottoir de bois piétonnier rendra encore plus agréable le coup d'œil imprenable sur le Parlement canadien que vous découvrirez trônant sur son promontoire. Très impressionnant.
Après une légère montée sur la rue Saint-Patrick, vous tournerez à droite sur l'avenue MacKenzie non sans avoir remarqué à votre gauche la très belle sculpture de Louise Bourgeois (Maman) ressemblant à une araignée et trônant devant le Musée des beaux-arts du Canada. Après un autre virage à droite, vos pas vous mèneront ensuite directement devant le Parlement canadien sur la rue Wellington. Un édifice impressionnant impossible à rater que vous reconnaîtrez rapidement et abritant les travaux des différents élus du pays de même que les sénateurs et nombreux employés reliés aux bon fonctionnement de la démocratie canadienne.
À peine quelques dizaines de mètres plus loin, c'est l'édifice de la Cour suprême que vous serez à même d'admirer avant de tourner à droite sur le pont du Portage. Vous pourrez apprécier les nombreux espaces verts qui abondent derrière le parlement et qui sont également des lieux idéals pour courir. La traversée du pont vous ramènera en terre québécoise et vous pourrez ainsi compléter une boucle facile et tellement belle que vous aurez peut-être le goût de la refaire une deuxième fois comme c'est souvent mon cas! Sinon, entrez faire un tour dans le Musée canadien de l'histoire qui consacre cet été une exposition consacrée à la vie de Terry Fox. Un moment marquant de mon séjour et duquel je vous reparlerai assurément dans une prochaine chronique.
Il est étonnant de constater à quel point il est facile de se déplacer en courant dans le centre-ville peu étendu d'Ottawa. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle autant de coureurs arpentent les rues pour s'entraîner ou simplement pour se rendre au boulot.
Personnellement, j'ai aimé courir dans le célèbre marché By tôt le matin. C'est là, à l'est de la Colline du Parlement, qu'Ottawa a presque vu le jour au début des années 1800. Les ouvriers irlandais et canadiens-français travaillant sur le canal Rideau s'y étaient établis. Les rues sont vastes et les commerces de tous genres foisonnent dans ce quartier prospère. J'ai poursuivi ma route quelques rues plus au sud dans le centre-ville Rideau. Il s'agit des plus anciennes rues d'Ottawa et des alentours. J'aime courir au lever du jour et regarder la ville s'éveiller. Ces deux endroits sont parfaits pour saisir le pouls des habitants et des commerçants. Puisqu'il me restait de l'énergie, je suis revenu vers la colline parlementaire et ai terminé ma sortie de course sur la très belle rue Sparks où la circulation automobile est interdite.
Je vous parlais du canal Rideau. Il est, à mes yeux, un des plus beaux endroits où courir dans le monde. Au cours des dernières années, j'ai foulé le sol de nombreuses contrées pour courir, mais bien peu offrent une voie aussi accueillante que celle qui longe sur des dizaines de kilomètres ce lieu historique. Le canal est constitué d'une série de lacs, de cours d'eau et de canaux qui relient Kingston, à la tête du lac Ontario, à Ottawa. Il a été construit entre 1826 et 1832 pour offrir une voie d'approvisionnement sûre et facile à défendre entre Montréal et Kingston. À l'époque, on craignait une invasion américaine. C'est une des grandes réalisations techniques du XIXe siècle et il est toujours en exploitation, à peu près de la même façon, depuis 1832.
C'est aux écluses d'Ottawa, celle avec pas moins de huit paliers qui relient le chenal du canal Rideau à Ottawa et la rivière des Outaouais, 24 mètres plus bas, que j'ai entrepris la dernière course de ma visite de trois jours dans la Capitale. Une longue sortie sur la promenade de la Reine-Elizabeth qui m'a fait passer près du magnifique Lac Dows où canoteurs et kayakistes s'en donnaient à cœur joie. Juste avant, j'étais passé tout près du stade Landsdown, domicile du Rouge et Noir de la Ligue canadienne de football.
En revenant par la promenade du colonel By, j'ai poussé jusqu'à la résidence officielle du premier ministre du Canada, sur Sussex. L'imposant domaine de Rideau Hall, la résidence officielle du gouverneur général, était quelques centaines de mètres plus loin. J'ai salué un nombre fou de coureurs sur la promenade Sir George-Étienne Cartier au retour, tellement que j'ai cru à une compétition. Mais non! Que des flâneurs actifs comme moi s'adonnant à leur sport favori.
Un sondage récent désignait la ville d'Ottawa comme la sixième meilleure ville au monde pour le vélo. Mais ce même classement pourrait également s'appliquer pour la course tant la cohabitation entre cyclistes et coureurs semble se faire dans l'harmonie sur les pistes et trottoirs. Lors de mes nombreuses sorties de course, jamais je ne me suis fait apostropher par un cycliste agressif ou malheureux de me voir partager la piste avec lui. C'est peut-être parce que je le faisais de façon respectueuse en me tenant à droite plutôt qu'en plein centre.
C'est avec regret, et parce que mes jambes avaient besoin d'un peu de repos que j'ai quitté la ville après trois merveilleuses journées de course. Entre mes nombreuses sorties, j'en ai profité pour visiter la ville en famille. Outre le Musée canadien de l'histoire, j'ai adoré le Musée de l'aviation et de l'espace du Canada, le Musée Bytown de la Société historique d'Ottawa et le sympathique Musée de l'agriculture et de l'alimentation du Canada. Le tout s'est terminé par un incontournable, la visite du Parlement et du Sénat. Je n'y avais jamais mis les pieds et j'ai grandement été impressionné.
Bien sûr, il y a cette formidable fin de semaine des courses d'Ottawa en mai à chaque année. Le point culminant en est le marathon. C'est un événement à partager avec la communauté de coureurs originaire de partout au Canada et dans le monde. Mais si vous voulez vraiment vivre des émotions différentes, découvrez les rues et les pistes à votre rythme. Lorsque vous terminerez, il n'y aura probablement personne pour vous acclamer et vous féliciter. Mais ce sourire d'un passant, ce regard complice d'un marchand, cette salutation d'un militaire et, surtout, la simple beauté des lieux sera votre plus beau souvenir. La plus belle des médailles. Celle qu'Ottawa vous passe au cou si vous prenez le temps de la découvrir.