PARIS - La nageuse néerlandaise Inge De Bruijn, qui a décidé à 33 ans de mettre un terme à sa carrière, laisse derrière elle un palmarès et un parcours d'une longévité exceptionnelle, dont le point culminant fut les Jeux olympiques de Sydney en 2000.

Alors âgée de 27 ans, Inge de Bruijn avait tout misé sur Sydney. Objectif: confirmer ses belles performances des Mondiaux-1999 en petit bassin à Hong-Kong, où elle avait remporté l'or du 50 m libre et l'argent du relais 4x100 m libre.

Avec quatre médailles olympiques, 3 d'or (50 et 100 m libre et 100 m papillon) et 1 d'argent (relais 4x100 m libre), la jeune femme a réussi son pari haut la main.

Avec, à la clé, trois records du monde battus en cinq jours dont deux (le 50 m nage libre et le 100 m papillon) qu'elle détient encore.

Un véritable exploit qui en rappelait d'autres. Quelques mois avant Sydney, à Sheffield, la Néerlandaise avait affolé le chronomètre, faisant voler en éclats trois records du monde, sur 50 m libre, 100 m papillon et surtout 100 m libre. Sur cette dernière distance, couverte en 53 sec 80, elle avait effacé des tablettes la marque de la Chinoise Le Jingyi (54 sec 01), vieux de six ans.

Naguère écartée de la sélection pour "dilettantisme", De Bruijn, alors en état de grâce, avait même étonné son petit ami et entraîneur du moment, Jacco Verhaeren.

Nageuse très prometteuse au début des années 90, Inge de Bruijn a fréquenté les podiums européens avant de s'éloigner des bassins en 1996 et 1997. Elle a renoué avec la compétition l'année suivante après avoir repris l'entraînement aux Etats-Unis, dans l'Oregon, sous les ordres de Paul Bergen.

"Enorme travail"

Dès lors, la progression de la nageuse, plus puissante et musclée, a été impressionnante. De 55 sec 62 à 53 sec 80, soit 1 sec 82 de mieux sur 100 m libre. "C'est le fruit d'un énorme travail", expliquait-elle alors.

Certes, les rumeurs de dopage ont accompagné sa progression, mais la blonde Batave a choisi de ne pas s'en soucier: "Je dois faire avec mais cela ne gâchera pas ma joie."

La Néerlandaise a confirmé son potentiel aux Mondiaux-2001 avec trois nouvelles médailles d'or (50 et 100 m libre, 50 m papillon). Insuffisamment préparée, elle a en revanche fait l'impasse sur les Championnats d'Europe 2002. Séparée de Jacco Verhaeren dans la vie et de Paul Bergen autour des bassins, elle est devenue plus star que nageuse de haut niveau, au point que, début 2003, on pouvait se demander si sa carrière n'était pas derrière elle.

Il n'en était rien. En s'adjugeant deux nouveaux titres mondiaux en 2003 à Barcelone (50 m libre et 50 m papillon), elle a confirmé sa soif de victoires. A Athènes, peu avant son 31e anniversaire, à un âge où la plupart des nageuses sont depuis longtemps à la retraite, Inge de Bruijn a décroché quatre nouvelles médailles (or sur 50 m libre, argent sur 100 m libre, bronze sur 100 m papillon et dans le relais 4x100 m), portant à huit son compte de médailles olympique.

Ultime témoignage de l'exceptionnelle longévité de celle qui a disputé ses premiers Jeux à Barcelone en 1992 et qui aura, avec Pieter vend den Hoogenband, porté très haut les couleurs de la natation néerlandaise.