Un énorme poids a quitté les épaules de Pierre Mainville lorsque son parcours à l’épée a pris fin aux Jeux paralympiques de Tokyo. Et c’est sans regret que l’escrimeur en fauteuil roulant estime être fin prêt à tourner la page sur sa carrière d’athlète.

« Je suis déçu des performances et j’aurais aimé faire mieux, mais j’étais rendu là. Je n’ai plus autant de plaisir qu’avant », a-t-il confié à Sportcom après s’être classé treizième à l’épée. Une performance en deçà de ses attentes qui boucle les quatrièmes et derniers Jeux paralympiques de sa carrière.

Pierre Mainville ne s’en fait pas pour autant, même s’il aurait aimé être entouré des membres de sa famille pour cette occasion bien spéciale.

« Je suis soulagé et ça va me faire du bien, a-t-il poursuivi. Je vais peut-être trouver que j’ai beaucoup de temps libre au cours des premiers mois, mais je suis persuadé que je vais m’habituer assez vite et trouver d’autres occupations pour profiter de la vie. »

Un rôle de mentor

Après les Jeux paralympiques de Rio, Pierre Mainville avait songé à arrêter la compétition. La présence de Matthieu Hébert et l’arrivée de deux jeunes athlètes au sein de l’équipe nationale, soit Camille Chai et Ryan Rousell, l’ont cependant mené à un dernier tour de piste qui aura finalement duré cinq ans au lieu de quatre.

« Je voulais être un mentor pour les plus jeunes et les guider dans ça. […] J’étais seul à mes premiers Jeux et j’avais trouvé ça difficile. C’est un gros événement et ça fait beaucoup à gérer. J’aimais ce rôle de leader dans les bons comme les mauvais moments et je trouvais ça le fun de partager mon expérience. »

Ce rôle s’est toutefois effrité rapidement puisque Ryan Rousell demeure à Saskatoon et que Camille Chai a laissé l’escrime depuis. Mais même si elle ne le côtoie plus aussi souvent qu’à l’époque, la Québécoise bénéficiera à tout jamais de son apport.

« Pour moi, Pierre c’est mon mentor et j’aurai toujours une grande reconnaissance envers lui ! Il m’a toujours suivie et il s’informait toujours pour savoir comment je me sentais. Que ce soit dans le sport ou dans la vie, il m’a donné de précieux trucs que je peux transposer dans la vie de tous les jours », a indiqué Chai, qui est toujours restée en contact avec son ancien coéquipier.

Comme elle s’est amusée à le raconter, Mainville a toujours perçu son sport comme un jeu d’échecs, où il faut prévoir chaque coup et y aller à 100% lorsqu’on fait un choix. Sa dernière partie aura certes été plus ardue que prévu, mais il n’aura jamais manqué d’engagement.

« Je ne pensais pas avoir une carrière aussi longue. On vit des hauts et des bas en tant qu’athlète. Quand tu finis ton cycle (paralympique), ça ne te tente pas toujours de te rembarquer dans un cycle de quatre ans. Je l’ai vécu quatre fois et là, je n’en refais plus ! » a lancé le vétéran de 48 ans.

« Autant mentalement que physiquement, il était temps que ça se termine. Le corps ne rajeunit pas. M’entraîner était de plus en plus difficile et j’étais plus souvent blessé qu’en pleine forme. »

Le chant du cygne

La motivation de Pierre Mainville allait et revenait en préparation de ses quatrièmes Jeux paralympiques. En plus de surmonter des douleurs à un coude et à un poignet, il a appris qu’il ne serait pas de l’épreuve par équipes à Tokyo, aux côtés de Matthieu Hébert et de Ryan Roussell.

Une décision controversée qui a miné le moral des Canadiens, à commencer par Mainville, qui a entamé un autre cycle paralympique dans l’unique but d’être de ce tournoi.

« Il y a des jours où ça ne me tente plus du tout (d’aller aux Jeux) », mentionnait l’athlète de Saint-Colomban à Sportcom, avant la tenue des Jeux olympiques, en juillet dernier.

Épuisé des déboires et des revirements survenus dans les derniers mois, l’escrimeur s’est rendu dans la capitale japonaise un peu contre son gré, et ce, en pleine pandémie.

« Quand tu as plus de frustration que de bonheur, il est temps de se rendre ailleurs ! » a déclaré celui qui souhaite désormais faire la promotion du sport dans les centres de réadaptation.

« Le sport est de plus en plus accessible et il y a plus d’options. Les choix étaient plus limités il y a 20 ans, mais on peut pratiquement tout faire maintenant. Tu peux même monter l’Everest, il n’y a plus vraiment de limites. »

Le père de deux enfants compte également voyager avec sa famille. Cette fois, en prenant bien le temps de visiter les pays, plutôt que de passer la majeure partie de son temps sur les sites de compétition.

Chose certaine, Pierre Mainville laisse derrière lui un héritage de taille, non seulement pour sa discipline, mais également pour l’ensemble des gens qui ont eu la chance de le croiser au fil des années.