Sherbrooke (Sportcom) - On ne saura probablement jamais qu'elle a été la plus grande surprise de Pierre-Luc Ménard à l'issue de l'épreuve du 10km marche des troisièmes Championnats du monde d'athlétisme jeunesse de l'IAAF qui se termine aujourd'hui à Sherbrooke. Le jeune athlète de 17 ans de Dolbeau-Mistassini venait tout juste de terminer 10e dans l'épreuve et d'abaisser le record canadien jeunesse par un peu plus d'une minute et demie quand Guillaume Leblanc s'est approché de lui pour le féliciter et lui serrer la main.

On a pu lire la surprise dans ses yeux quand il a réalisé que la personne qui était devant lui était le médaillé d'or des Jeux olympiques de Barcelone et toujours tenant de la meilleure performance canadienne avec 39:26:02.

Guillaume Leblanc a particulièrement apprécié la performance de Pierre-Luc. «Il a fait une bonne performance; c'est son meilleur temps et il l'a faite au bon moment, dans une compétition internationale. Cela a été intéressant de voir ça. Il a une très belle technique; c'est sûr que ça m'a impressionné».

La course a été marquée par un coup de théâtre : la disqualification du favori, Eder Sanchez, du Mexique, qui dû se retirer de la course pour avoir été pris à courir à deux reprises. Rappelons que dans les épreuves de marche, un pied doit toujours être en contact avec la piste. Si les deux pieds n'ont plus contact, cela est considéré comme courir. On reçoit, d'abord un avertissement puis, s'il y a récidive, on est tout simplement disqualifié. C'est ce qui est arrivé au Mexicain alors qu'il dominait confortablement la course. Guillaume Leblanc de commenter : «Sa technique est excellente, mais il a poussé un petit peu trop. Il aurait pu gagner de façon moins convaincante et éviter cette pénalité».

Faut dire que le rythme était incroyable. «42:16:16, c'est un temps qui est extrêmement rapide pour des jeunes» de faire remarquer le médaillé de Barcelone.

Michael Johnson et Edwin Moses, deux autres grands champions olympiques confiaient à la presse en début de semaine, qu'à l'âge de ces jeunes, ils n'auraient pas pu réaliser de telles performances.

Guillaume Leblanc est d'accord avec cette constatation des deux champions. «Il y a deux choses qui m'ont impressionné. D'abord le rythme est une minute plus vite que ce que j'étais capable de faire à cet âge, il y a une vingtaine d'année, et j'ai aussi remarqué qu'après la course, les marcheurs ne semblaient pas fatigués. Quand, à 17 ans, j'avais fait 43 minutes 39, c'est la course où j'avais terminé le plus fatigué de ma vie. J'avais poussé la machine, mais eux ne semblent pas autant fatigués que je l'étais dans le temps».

Pierre-Luc Ménard a bouclé le 10km en 45:41:18: un record personnel. Pourtant il avouait que cela avait été une course assez difficile avec le vent, le froid, et parfois la bruine qui se mettait de la partie. «C'est tout de même mieux que s'il avait fait 30˚C, sauf qu'il faisait tout de même assez froid. Il y avait beaucoup de vent et ça m'a influencé. J'ai couru d'abord pas mal dans le peloton, mais après ça, je me suis distancé, je me suis alors retrouvé tout seul pendant cinq ou six tours. Et ça, avec le vent, c'est dur, très difficile».

«Et j'ai beaucoup de difficulté avec mes bras; mon muscle devient trop tendu. C'est ça qui me fait beaucoup ralentir. Ma foulée devient moins longue. Je suis en train de corriger cela et déjà aujourd'hui, ça a paru. Cela a paru aussi que j'étais dans une condition internationale; il y a des marcheurs qui sont encore trop forts pour moi mais je suis confiant qu'un jour je vais pouvoir être parmi les 10 meilleurs de ma catégorie». Pierre-Luc Ménard ne devait sûrement pas encore avoir réalisé qu'il venait de terminer justement en 10e position des championnats mondiaux.

Quelques autres éléments ont joué contre lui : il est ici depuis le début des Jeux et ce ne sont pas les occasions de distraction qui ont manqué.«Je suis arrivé dimanche, il y a une semaine, et il a fallu que je me prépare mentalement. Je voulais voir les compétitions et le soleil était fort; il a fallu que je m'hydrate beaucoup. Et une semaine, c'est long; la nervosité est là à chaque jour qui me rapproche de mon épreuve».

«Je suis très content de ma performance», a-t-il conclu. J'aurais voulu faire mieux, mais je suis resté dans mes limites. Je pense que j'ai encore beaucoup de technique à apprendre. J'espère en tout cas améliorer encore mon temps cette année et je pense que j'en suis capable».

Il aura assez rapidement l'occasion de le tenter puisque, dans deux semaine, il sera de la compétition Canada-USA qui aura lieu aux États-Unis et peut-être rivaliser à nouveau avec l'américain Zach Pollinger, avec qui il a mené une chaude lutte pendant de plusieurs tours aujourd'hui. «Après ça, je compte sur les Championnats civils provinciaux pour améliorer mon meilleur temps et peut-être franchir les 44 minutes. Ce sont mes objectifs pour cette année».

Quant au podium, il était composé du Russe Aleksandr Prokhorov pour l'or, en 42:16.16, du Japonais Makoto Sawada pour l'argent, en 42:17:62, et du Russe Vyacheslav Golovin pour le bronze, en 42:37.15. Prokhorov a d'ailleurs établi un nouveau record des championnats à cette occasion avec un remarquable support de ses entraîneurs au bord de la piste, de ses coéquipiers et les encouragements et les conseils de celle qui a mérité la médaille d'or au 5km marche, jeudi dernier, la jeune Russe de 16 ans, Vera Sokolova.