BERLIN - Le Sud-africain Oscar Pistorius bénéficie grâce à ses prothèses d'"un avantage considérable", a déclaré à la presse allemande mercredi l'expert mandaté par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) pour déterminer si l'athlète peut continuer à courir avec les valides.

"Il dispose d'un avantage considérable par rapport à des athlètes sans prothèses sur lesquels on a fait les mêmes tests", a expliqué au quotidien Die Welt, Gert-Peter Brüggemann.

"C'est de l'ordre de plusieurs points de pourcentage, je ne m'attendais pas à ce que cela soit aussi net", a poursuivi le professeur de l'Institut de biomécanique de l'Université de Cologne qui a soumis Pistorius à une batterie de tests en novembre à la demande de l'IAAF.

Amputé des deux jambes à la suite d'une maladie congénitale, Pistorius, 21 ans, veut participer aux Jeux olympiques de Pékin, mais les conclusions du rapport, remises vendredi dernier à l'IAAF, semblent sonner le glas de ses espoirs.

Le professeur Brüggemann a précisé qu'il avait comparé les performances de Pistorius avec cinq athlètes valides réalisant des temps similaires sur 400 m, à savoir un record de 46 sec 34/100 pour Pistorius.

"Sa capacité aérobie était plus mauvaise qu'eux, sa capacité anaérobie était comparable. Son entraînement peut être amélioré", a expliqué M. Brüggemann.

"Monter" sur 800 m

"Ce qui veut dire que s'il réalise les mêmes chronos que les cinq athlètes-témoins, c'est grâce à ses prothèses", a-t-il relevé.

Les tests ont également permis de mettre en évidence que les prothèses en fibre de carbone, fixées au-dessous de ses genoux, restituaient mieux l'énergie : "Sur un appui, la restitution est de 90%" alors qu'elle est de 60% pour un athlète valide.

Par ailleurs, a souligné l'expert, Pistorius bénificie d'une plus grande stabilité grâce aux prothèses fabriquées en Islande pour un coût de 12 000 euros : "Sa course est linéaire, superbe et donne d'une certaine façon une impression de facilité (...) c'est un autre type de mouvement".

L'expert a tenu à saluer la bonne volonté de Pistorius et estimé qu'il ne serait pas déçu par les conclusions de son rapport : "Je crois que ce qu'il veut avant tout, c'est courir plus vite", a souligné M. Brüggemann qui conseille au Sud-Africain de "monter" sur 800 m.

"S'il améliore son endurance, je peux même m'imaginer qu'il batte le record du monde sur cette distance", a-t-il conclu.