PRETORIA - Le champion handisport Oscar Pistorius s'apprête à retourner plus vite que prévu devant la justice pour contester les conditions de sa liberté sous caution et tenter de récupérer son passeport et l'accès à sa maison de Pretoria où il est accusé d'avoir tué son amie le 14 février.

Selon un document remis vendredi à la chaîne d'informations eNCA, les avocats de l'athlète sud-africain ont contre-attaqué et notifié à la Haute cour de Pretoria qu'ils entendaient « faire appel de certaines conditions imposées par le juge le 22 février ».

L'un des avocats de l'athlète, Kenny Oldwage, n'a ni confirmé ni démenti, opposant de cinglants « no comment » à l'AFP, tandis que l'équipe de porte-paroles embauchée par la famille Pistorius n'était pas au courant.

Selon eNCA, Pistorius souhaite rentrer chez lui à Pretoria, là où le meurtre a été commis le jour de la Saint-Valentin, et dont il affirme qu'il s'agissait d'un horrible accident. Il aurait selon lui confondu Reeva Steenkamp, son amie, avec un cambrioleur sur lequel il a tiré avec son pistolet 9 mm à travers la porte des toilettes.

M. Pistorius veut aussi voir réviser les conditions de son contrôle probatoire qui l'oblige à se soumettre à des tests d'alcoolémie et de drogue, selon eNCA.

Peet van Zyl, l'entraîneur de Pistorius, a indiqué « ne pas être au courant de ça » et rappelé que la participation de l'athlète à toutes les compétitions jusque fin mai avait été annulée. « Au stade actuel, il n'y a aucun entraînement » ni en extérieur ni en intérieur, a-t-il indiqué.

Oscar Pistorius a été libéré sous caution le 22 février, en attendant son procès dont la date n'a pas encore été fixée. Une audience devrait en décider le 4 juin.

Le champion handisport a peut-être une chance de ne pas être emprisonné du tout si le tribunal conclut que la mort de Reeva Steenkamp était une affreuse méprise et le condamne aux arrêts domiciliaires ou à une simple amende.

En revanche, s'il est condamné pour meurtre avec préméditation, la thèse du parquet actuellement, il est extrêmement improbable qu'un tribunal sud-africain inflige autre chose qu'une peine d'emprisonnement direct, peut-être à perpétuité.

Défendu par des avocats extrêmement aguerris, Oscar Pistorius, 26 ans, a été libéré sous caution par le tribunal d'instance de Pretoria après avoir payé une caution d'un million de rands (115 000 euros).

Parmi les conditions imposées par le juge Desmond Nair, l'athlète a dû rendre son passeport et n'a pas le droit de quitter l'Afrique du Sud jusqu'à son procès. Il ne peut même pas pénétrer dans le hall de départ d'un aéroport international ou dans tout lieu d'où il pourrait partir à l'étranger.

Il doit informer un agent des services pénitentiaires de ses mouvements dans Pretoria, et il lui faut demander la permission de quitter la capitale. Cet agent peut venir lui rendre visite « à des heures raisonnables » pour s'assurer de son bien-être et voir s'il remplit bien toutes ces conditions.

L'agent des services pénitentiaires doit également pouvoir le contacter 24 heures sur 24, et est tenu de fournir un rapport hebdomadaire au parquet et à la défense sur "la santé mentale et l'état émotionnel" du sportif.

Oscar Pistorius n'a, en outre, pas le droit de remettre les pieds dans sa maison, située dans une banlieue chic de Pretoria, ni de communiquer avec des témoins dont le parquet doit réactualiser régulièrement la liste.

Pistorius a dû rendre ses armes, et n'a pas le droit ni de boire de l'alcool ni de prendre des « substances prohibées » (des drogues) et peut être soumis à des tests réguliers.

Il doit enfin ne pas être accusé de violence contre des femmes d'ici son procès. Faute pour lui de remplir une quelconque de ces conditions, il serait incarcéré immédiatement et resterait en prison jusqu'à la fin du procès et au verdict.