C’est moi sur cette photo. Il y a deux ans, janvier 2011, j’avais essayé la course en raquettes à neige avec plus ou moins de succès. J’avais tout de même réalisé que la transition entre la course sur route ou en sentier et la course de raquettes à neige n’était pas trop difficile. Depuis, je n’ai jamais poussé plus loin mes expériences de raquetteurs.

Pourtant, ce sport connait une importante croissance et un engouement qui ne se dément pas partout au Québec et en Amérique du Nord. Les Québécois semblent redécouvrir ce sport qui a tellement été populaire au milieu du siècle dernier avec, entre autres, Gérard Côté. Il permet aux nombreux sportifs qui aiment courir en sentier de garder leur forme pendant les longs mois d’hiver.



Le plus connu de ces coureurs est le double champion du monde en course en raquettes (2011 et 2012), David Le Porho. Établi au Québec depuis quelques années, ce spécialiste d’origine française de la course en sentier domine outrageusement le calendrier de courses hivernales du Québec. Le samedi 9 mars prochain, à La Tuque, il visera à nouveau la victoire lors de la présentation du Championnat mondial de raquettes à neige.

«C’est certain que j’y vais pour la plus haute marche du podium. Cela me procurerait un formidable élan avant le championnat américain en Oregon, le 17 mars», explique l’athlète de 35 ans.

David, conseiller scientifique en recherche et développement, s’entraîne pratiquement à tous les jours d’hiver pour conserver sa bonne forme. «En plus de la course sur route, je m’entraîne sur piste intérieure. Je complète avec 40 à 50 kilomètres de course en raquettes. Je m’assure que la raquette représente le tiers de mon entraînement hebdomadaire.»



L’entraînement est également au cœur des succès de Mélanie Nadeau. La raquetteuse de 37 ans de Bromont, maman à la maison avec trois jeunes enfants, sera à surveiller à La Tuque puisqu’elle a terminé en troisième place au Championnat du monde présenté à la Forêt Montmorency en 2012. Elle a également bien fait lors du plus récent Championnat du monde à La Ciaspolada, en Italie. Elle court de 50 à 90 kilomètres par semaine à raison de 5 fois sur route et une sixième sortie sur neige avec ses raquettes. C’est d’ailleurs le moment qu’elle préfère.

«J’adore courir sur la neige en forêt. Tout est calme et si tranquille. Ça change du bruit rencontré lorsqu’on court sur route. Et pas de gadoue ! Je ne me vois pas arrêter la course en raquettes tellement j’apprécie ce sport», confie celle qui pratique activement ce sport depuis 2009.

Mélanie se montre plus prudente que David lorsque vient le temps de lui parler de sa participation au Championnat québécois à La Tuque. «C’est certain que j’aimerais terminer sur le podium. Mais il est toujours difficile de prévoir dans quelle forme ou dans quel état d’esprit on se présentera à une compétition. Je peux simplement promettre que je ferai de mon mieux et que je donnerai tout ce que j’ai.»

Les deux athlètes s’entendent sur une chose. Il n’est pas évident d’établir un comparatif entre les chronos sur routes et ceux de raquettes. David propose d’ajouter un tiers de son meilleur temps sur route pour tenter de prédire le chrono final sur la même distance en raquettes. Dans son cas, il termine un 10 kilomètres sur route en moins de 32 minutes et un 10 kilomètres en raquettes en 45 minutes. C’est rapide !

Il est pratiquement impossible de vouloir homologuer des records pour les distances de courses en raquettes. Les surfaces sont trop changeantes et les dénivelés varient beaucoup. Une neige collante est beaucoup plus pénible à arpenter qu’une belle neige damée.

Les raquettes qu’utilisent les coureurs sont une spectaculaire évolution de celles utilisées par Gérard Côté lors de ses courses de championnats au Parc Lafontaine il y a une soixantaine d’années. Elles sont spécifiquement adaptées pour la course sur neige. Un joggeur habitué à modifier rapidement la longueur de ses foulées lors de courses en sentiers s’adaptera rapidement à la course en raquette. Elles sont extrêmement légères, c’est à peine si on sent leur poids. Elles sont rapides à chausser grâce à d’astucieux pivots latéraux. Et pas de danger de les perdre. Oubliez les sangles. Confort, légèreté et souplesse. Petit hic cependant, on doit parfois sacrifier une paire de chaussures de course en les perçant sure les côtés pour y installer des rivets de fixations. Mieux vaut pour cela utiliser vos plus vieilles chaussures, celles que vous n’utilisiez plus pour courir.

La raquette aux Jeux Olympiques?

Risque-t-on de voir la course de raquettes aux Jeux olympiques? David Le Porho le souhaite ardemment. «Une chose est certaine, on travaille fort avec l’association québécoise de raquettes. Pour le moment, il n’y a cependant pas suffisamment d’adeptes sur la scène mondiale. Mais on y viendra dans quelques années, j’en suis convaincu. C’est un sport spectaculaire et facilement accessible.»

Effectivement, le potentiel est là. Imaginez l’ouverture que cela représenterait pour tous les coureurs d’élite qui proviennent, pour la plupart, de pays où il n’y a pas de neige. Plusieurs rêvent déjà de voir les Éthiopiens, les Kenyans ou les Algériens participer à des courses hivernales à la fin de leur calendrier estival. L’adaptation se ferait rapidement car la technique de course est rapide à apprivoiser. Rien à voir avec ces pauvres africains qu’on a déjà vu tenter, sans grand succès, leur chance en ski de fond.

Les responsables du Championnat québécois de raquettes à neige espèrent que les spectateurs seront nombreux à se déplacer pour venir encourager la centaine d’athlètes de grand calibre de partout au Québec qui seront à La Tuque le 9 mars pour les compétitions de 5 km et 10 km. . Un volet populaire est également à l’horaire avec des distances de 2 km (6 à 11 ans), 5 km, 10 km et demi-marathon. Une épreuve gratuite de 800 mètres pour les enfants de 5 ans et moins est aussi prévue. Pour plus de détails, consultez le site de la série Les Courses en Forêt ou le site de RaquettesQuébec.