C’est à sa manière, donc tout en douceur, que l’escrimeuse Sandra Sassine a pris sa retraite sportive. Elle a mis un terme à une longue carrière de 27 ans, marquée de quelques médailles internationales et plusieurs titres canadiens.

« Je suis rendue là », avoue simplement celle qui aura donc manié le sabre pour une dernière fois en tant que membre de l’équipe nationale en août. C’était dans le cadre des Championnats du monde à Budapest, en Hongrie, où elle a terminé 36e, son meilleur classement en neuf participations aux mondiaux.

« Je faisais un peu mes adieux, sans que ce soit trop clair », mentionne l’athlète de 34 ans, qui a alors pu boucler la boucle en ayant notamment à ses côtés son père et premier entraîneur, Henri Sassine, un autre de ses entraîneurs à travers les années, Jean-Marie Banos, et son conjoint, Lu Bonnet.

Si elle se laisse la possibilité de participer à une compétition de temps à autre, question de « déjouer les petites jeunes sans expérience », avoue-t-elle en riant aux éclats, elle sait qu’elle doit maintenant parler de sa carrière au passé, ce qui la rend quelque peu nostalgique.

« Je suis encore émotive. Ça vient me chercher. Ça va prendre un peu de temps avant que je le réalise... Nous sommes dans la période où je recommençais l’entraînement, où je faisais mon plan annuel, mon budget. Je faisais ça depuis l’âge de 13 ans quand même. »

Sa décision a toutefois été sagement mûrie. « La saison dernière en était une de transition. J’ai terminé mon baccalauréat et j’ai fait moins de compétitions. Ça s’est donc fait graduellement. »

« C’est une évidence que je suis prête à relever de nouveaux défis », admet la diplômée en enseignement de l’éducation physique de l’UQAM, nouvellement coordonnatrice au département de l’éducation du Comité olympique canadien, où elle s’occupe de la promotion des valeurs olympiques dans les écoles.

Impossible cependant pour Sandra de délaisser complètement sa passion sportive, elle qui s’entraîne avec Gabriella Page, dorénavant la meilleure sabreuse du pays à l’international, et qui est entraîneuse au Collège Regina Assumpta avec son père.

« Coacher pour moi, c’est tout naturel, depuis l’âge de 13 ans que je le fais », rappelle celle qui a fait ses débuts au club Scaramouche, à Chibougamau, sous la supervision de son père Henri Sassine, célèbre maître d’armes et entraîneur de plusieurs athlètes olympiques.

La meilleure sabreuse canadienne dans la dernière décennie remercie bien évidemment son père de lui avoir transmis sa passion, mais a également une pensée toute spéciale pour sa mère, Claire Verreault. « Elle a été l’équilibre pour que ça soit possible d’avoir mon père comme entraîneur. Elle a suivi des cours d’entraîneur jusqu’au niveau 4 pour comprendre ce que je vivais et ce qu’elle pouvait faire pour m’aider. »

Elle souligne aussi l’apport de son conjoint Lu Bonnet, de Dmitry Ronzhin, l’entraîneur national de sabre pendant le cycle olympique de Londres, de même que de Julie Cloutier, Olga Ovtchinnikova et Wendy Saschenbrecker, ses anciennes partenaires au sein de l’équipe canadienne.

« J’ai eu de bons moments »

D’ailleurs, parmi ses bons souvenirs, Sandra se remémore sa participation aux Jeux olympiques de Pékin. « J’ai adoré ma compétition individuelle et celle en équipe. Malgré les embûches, j’avais finalement réussi à me qualifier. Je suis aussi fière d’avoir alors trouvé des partenaires pour me rendre aux Jeux. »

Cette recherche de partenaires financiers fait partie de ses rares regrets quant à sa carrière. « Maintenant que je sais comment ça fonctionne d’aller chercher des partenariats, je l’aurais fait plus tôt. »

« J’aurais alors participé à plus de camps d’entraînement, plus de Coupes du monde, plus de compétitions et je me serais peut-être qualifiée pour les Jeux olympiques de 2004 », avance-t-elle.

Sinon, Sandra ne changerait pas trop le scénario. « Je n’ai aucun regret entre 2008 et 2012. J’ai vraiment tout donné. J’ai été professionnelle au maximum. Je me suis entourée d’une belle équipe. »

« Le matin de ma compétition (aux Jeux de Londres), j’étais certaine que j’allais offrir la performance de ma vie. Pendant mon échauffement, j’étais en feu. » La Polonaise Aleksandra Socha l’a toutefois battue 15-7. « Je n’ai jamais baissé les bras, mais il n’y a pas un moment où je me suis sentie en contrôle. »

Un baume sur ses plaies, son conjoint l’a ensuite demandée en mariage le soir même, lors d’une sortie à Covent Garden, au cœur de Londres. « C’était vraiment magique! »

Son titre de vice-championne panaméricaine obtenu en 2011, au Nevada, restera aussi à toujours gravé dans sa mémoire. « Je savais que si je voulais me qualifier pour les Jeux de Londres, je devais au moins avoir une médaille et j’ai fini deuxième. C’était un gros défi et je l’ai relevé. »

« Le sabre féminin au niveau panaméricain est extrêmement fort avec les Américaines. En ronde des 16, j’avais d’ailleurs battu Dagmara Wozniak, qui était alors parmi les 12 meilleures au monde et médaillée de la Coupe du monde la semaine précédente. »

La dernière saison lui a également procuré de belles émotions, notamment quand elle a remporté son 10e titre canadien senior au sabre. « C’était important pour moi d’aller le chercher. »

Sandra sent que le temps est maintenant venu de laisser sa place. « J’ai eu de bons moments... »