WHISTLER - Un clignement d'œil, un battement d'aile de papillon, un claquement de doigts. Peu importe la comparaison, elle fait mal. Il ne manquait que trois centièmes de seconde à Erik Guay pour m



WHISTLER - Un clignement d'œil, un battement d'aile de papillon, un claquement de doigts. Peu importe la comparaison, elle fait mal. Il ne manquait que trois centièmes de seconde à Erik Guay pour monter sur le podium du super-G aux Jeux olympiques. Trois petits centièmes pour rafler une médaille de bronze, et deux de plus pour celle d'argent. Le Québécois a maîtrisé la piste Dave Murray, à Whistler, en 1 minute 30,68 secondes.

Guay, qui a aussi terminé au cinquième rang de la descente olympique, en a ras-le-bol de ses résultats. « Honnêtement, je suis tanné de finir quatrième ou cinquième », a-t-il laissé tomber, débiné. Cette année, en plus de ses deux cinquièmes places olympiques, le skieur de Mont-Tremblant a fini cinquième à Kitzbühel et quatrième à Lake Louise, toujours en super-G. « J'ai crié un peu en arrivant en bas. Ce n'est pas facile », a raconté l'athlète de 28 ans en gardant son calme, même si on pouvait deviner qu'il bouillait à l'intérieur. « Je pense que ça va me prendre des années à l'oublier celle-là. Aujourd'hui, je suis déçu d'être cinquième et c'est dur. »

Cette cinquième place n'a rien à voir avec sa quatrième obtenue à Turin. Blessé avant les Jeux, il n'avait même pas pris le départ de la descente et sa présence au super-G était incertaine. « À Turin, je n'avais pas de pression. Juste d'être en compétition, j'étais content. Arriver quatrième, c'était écœurant! Mais en arrivant ici (Whistler), je savais que j'étais prêt, que j'avais du bon ski. C'était là, je n'avais qu'à le prendre », a reconnu Guay qui estime avoir bien géré la pression de courir à la maison.

Un parcours qui ne pardonne pas

Les skieurs ont été fortement ballottés aujourd'hui. Pas moins de 18 skieurs n'ont pas complété l'épreuve, dont les Canadiens Manuel Osborne-Paradis et Robbie Dixon. Jan Hudec, l'autre Canadien en piste, a fini en 23e place. « Je pense que c'est le super-G le plus difficile sur la Coupe du monde, a reconnu Guay. On n'a pas vu de parcours aussi glacé, aussi bossu avec tellement d'endroits pour faire des erreurs. »

Si la majorité des skieurs ont commis leur erreur dans la section Fallaway, Erik a commis la sienne à peine sorti du portillon. « Ce n'est pas une faute de risque que j'ai commise, c'était une faute de ballant. Je n'étais pas dans le rythme que je voulais. J'étais bas un peu et ç'a tapé. Ça m'a coûté cher. » Cher, voire très cher. Au premier temps intermédiaire, il était 27e. Il a repris de la vitesse et il a été le plus rapide des coureurs dans les deux sections du bas.

Le paternel qui suivait la course avec attention a noté qu'Erik commettait 60 % de ses erreurs dans la première section chronométrée. « Je suis un peu triste pour lui, a confié Conrad Guay. En Coupe du monde, quand tu arrives cinquième, tu es content. Aux Jeux olympiques, si tu n'as pas de médaille, t'es rien. Au moins, je suis content qu'Erik ait retrouvé son ski, autant en ski libre qu'entre les piquets. »

Le principal intéressé aussi sent son ski lui revenir, une mince consolation en cette difficile journée. « Ça va de mieux en mieux., mais je vais y penser longtemps », a-t-il répété.

Le vainqueur de l'épreuve, le Norvégien Aksel Lund Svindal (1:30,34) a eu de bons mots pour l'athlète québécois. « Je suis désolé pour Erik. Il a eu beaucoup de 5es et 6es places. J'aurais aimé qu'il soit sur le podium aujourd'hui. » Svindal a plutôt été accompagné par les Américains Bode Miller (1:30,62) et Andrew Weibrecht (1:30,65).

Les Jeux d'Erik ne sont peut-être pas terminés. Il pourrait prendre le départ du slalom géant le 23 février prochain. « J'ai envie de le faire. Je le prends comme une chance de faire une autre course, mais je ne pense pas qu'on peut s'attendre à une médaille en géant ! » a-t-il conclu en riant. Peut-être que cette fois, il appréciera son résultat.