PARIS - Des juges d'instruction français enquêtent depuis fin 2015 sur des soupçons de corruption dans l'attribution des JO 2020 à Tokyo après la découverte de versements suspects au profit d'une société d'un fils de l'ex-patron de l'athlétisme mondial Lamine Diack, a affirmé jeudi à l'AFP une source proche de l'enquête.

Les interrogations portent sur des versements pour 1,3 million d'euros pouvant provenir de l'équipe de candidature de Tokyo vers la société Black Tidings de Papa Massata Diack, l'un des fils de Lamine Diack, selon des révélations du quotidien britannique The Guardian confirmées à l'AFP par cette source.

Ces versements datent de 2013, l'année de l'obtention des jeux Olympiques par la ville de Tokyo, alors que Lamine Diack, alors président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), siégeait au Comité international olympique (CIO).

Les virements ont été découverts dans le cadre de l'enquête judiciaire déjà menée par des juges français sur un possible système de corruption pour dissimuler des cas de dopages d'athlètes russes. La compétence de la justice française s'explique notamment par le fait que des fonds ont pu être blanchis à Paris.

Les découvertes sur ces virements ont conduit le parquet national financier (PNF) à ouvrir fin décembre 2015 une seconde information judiciaire, confiée à trois juges d'instruction, notamment pour des faits de corruption, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée, a expliqué la source proche de l'enquête.

Dans le cadre de la première information judiciaire, Lamine Diack est mis en examen pour corruption, avec deux autres personnes, soupçonné d'avoir aidé à dissimuler plusieurs cas de dopage en échange d'argent. Son fils, surnommé « PMD », fait lui l'objet d'un mandat d'arrêt international de la justice française. Sa société Black Tidings est déjà au coeur de cette enquête.

Des soupçons de corruption autour des JO de Tokyo étaient déjà apparus et avaient déjà été réfutés par les organisateurs. Le Japon, par la voix du porte-parole de son gouvernement, a encore réaffirmé jeudi que le processus de candidature avait « été réalisé de manière propre ». Début mars, le président du CIO Thomas Bach avait affirmé qu'il n'existait "pas de preuve pour le moment" d'une telle corruption.

Les précédents soupçons sont évoqués dans un rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA) sur le dopage dans l'athlétisme russe, publié en janvier. Une note de bas de page faisait état d'une conversation entre Khalil Diack, un autre fils de Lamine Diack, et des responsables turcs, selon laquelle « la Turquie a perdu le soutien de LD » (NDLR : Lamine Diack) pour l'organisation des JO 2020 « parce qu'elle n'avait pas payé les quatre à cinq millions de dollars de parrainage à la Ligue de Diamant (NDLR : le circuit principal des meetings d'athlétisme) ou à l'IAAF ».

« Selon la transcription (de cette conversation), les Japonais ont payé une telle somme », ajoutait l'AMA.

La candidature de Tokyo 2020 l'avait emporté en septembre 2013 sur celle d'Istanbul au second tour du vote par 60 voix contre 36.