La Russie ne pourra utiliser son nom, son drapeau et son hymne national lors des deux prochaines éditions des Jeux olympiques.

La décision du Tribunal arbitral du Sport (TAS), rendue à la suite au scandale de dopage institutionnalisé et de dissimulation de résultats positifs à des substances interdites en Russie, empêchera aussi le pays de soumettre sa candidature pour la présentation d'événements sportifs majeurs pendant deux ans.

Les athlètes et les équipes russes pourront néanmoins participer aux Jeux olympiques de Tokyo l'été prochain, ainsi qu'à ceux de Pékin à l'hiver 2022. Ils seront aussi autorisés à prendre part aux Championnats du monde, ainsi qu'à la Coupe du monde de soccer au Qatar en 2022.

Laurent Dubreuil commente les sanctions envers la Russie

De plus, ce ne sera plus uniquement aux athlètes russes de montrer patte blanche en matière de dopage, mais plutôt à l'Agence mondiale antidopage (AMA) de le faire, lorsqu'ils tenteront de se qualifier pour les JO ou toute autre compétition sportive d'envergure.

La Russie peut aussi se consoler; le nom 'Russie' pourra être inscrit sur les uniformes des athlètes qui participeront à des compétitions sportives majeures, à condition que les mots "Athlète neutre" et "Équipe neutre" soient aussi visibles que lui, a noté le TAS.

Les athlètes et les équipes russes pourront également porter les couleurs bleu-blanc-rouge associées au drapeau du pays, ce qui n'était pas autorisé lors des deux derniers Championnats du monde d'athlétisme.

Même si la Russie ne pourra accueillir de Championnats du monde au cours des deux prochaines années, des épreuves pourraient s'y tenir. Les fédérations sportives internationales ont appris qu'elles devront trouver de nouveaux pays hôtes, « sauf s'il est légalement ou logistiquement impossible de le faire ».

Par ailleurs, la décision du TAS autorise la présence de dignitaires russes, dont le président Vladimir Poutine, à assister à des compétitions sportives d'envergure, à condition qu'ils soient invités par le chef d'État du pays hôte.

Malgré ces concessions, le comité de trois juges a ainsi imposé les sanctions les plus sévères à la Russie depuis que le scandale de dopage institutionnalisé et de dissimulation des tests positifs aux substances interdites a éclaté au grand jour, après les Jeux olympiques de Sotchi en 2014.

Ces sanctions sont plus clémentes que la demande d'une suspension de quatre ans proposée par l'AMA. Le président de l'AMA, Witold Banka, a tout de même salué la décision du TAS.

« Le comité (du TAS) a soutenu nos conclusions au sujet des autorités russes, qui ont manipulé de manière effrontée et illégale les données du laboratoire de Moscou dans le but de dissimuler un système de dopage institutionnalisé », a évoqué Banka par voie de communiqué.

Cette cause a été élaborée à partir d'une base de données provenant du laboratoire antidopage de Moscou, qui a été confisquée très longtemps par les autorités russes avant d'être remise aux enquêteurs de l'AMA l'an dernier. L'AMA a relevé que des informations ont été effacées, modifiées ou encore ajoutées.

Le cas soumis au TAS opposait officiellement l'AMA à l'Agence russe antidopage. Celle-ci, nommée RUSADA, a perdu son accréditation l'an dernier - une décision maintenue jeudi par les trois juges.

La RUSADA devra également verser 1,27 million $ à l'AMA.

Le président et directeur des opérations de la RUSADA, Mikhail Bukhanov, a mentionné pendant une conférence de presse à Moscou qu'il "semble que tous nos arguments soumis par nos avocats n'ont pas été entendus".

Par voie de communiqué, en début de soirée, le Comité olympique canadien a déclaré qu'il n'y avait pas de gagnant dans la décision du TAS.

« Bien que le Comité olympique canadien reconnaisse que les sanctions imposées et l'exigence permanente de coopération auront de véritables conséquences dans le cadre des deux prochains Jeux olympiques, de nombreuses questions restent toujours sans réponse, notamment les détails liés à l'application, les exigences en matière de coopération de la RUSADA dans de nombreuses enquêtes en cours et d'autres possibles sanctions », a noté le COC.

« Il est clair que le combat au nom des athlètes propres est loin d'être terminé. Des conséquences musclées et cohérentes sont essentielles pour ceux qui ne respectent pas les règlements, autant pour la protection des athlètes propres que pour la garantie de règles de jeu équitables pour tous. Pour la suite, l'application stricte de ces sanctions ainsi qu'une surveillance étroite des exigences de réintégration seront essentielles pour rebâtir la confiance. »

Le rapport de 186 pages du comité de juges devrait être rendu public d'ici quelques semaines.

La RUSADA pourra contester la décision devant la Cour suprême suisse, située à Lausanne.