LONDRES - L'acteur et écrivain britannique Stephen Fry a demandé de boycotter les Jeux olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi en raison des nouvelles lois discriminantes contre les homosexuels adoptées en Russie.

Le militant ouvertement gay a publié une lettre adressée au premier ministre britannique David Cameron et aux dirigeants du Comité international olympique dans laquelle il leur demande de ne pas offrir au président russe Vladimir Poutine « l'approbation du monde civilisé ».

La Russie a adopté une loi qui interdit la « propagande des relations sexuelles non traditionnelles » et inflige des amendes à ceux qui organisent des rassemblements de la fierté gaie. Cette position a soulevé une vague de protestations et un malaise à l'extérieur de la Russie, surtout après que le ministre des Sports du pays eut déclaré la semaine dernière que la loi serait appliquée pendant les Jeux de Sotchi du 7 au 23 février - ce qui semble aller à l'encontre des assurances obtenues par le CIO.Fry écrit qu'un boycott des Jeux olympiques organisés en Russie est « tout simplement indispensable ».

Fry, qui a tweeté un lien vers sa lettre à ses six millions d'abonnés, soutient que Poutine « fait des homosexuels des boucs émissaires, tout comme Hitler l'a fait avec les Juifs. On ne peut le laisser faire ».

L'IAAF s'en mêle

La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a invité la Russie à reconsidérer ses positions sur les homosexuels. Mais elle a pris soin d'ajouter qu'elle ne veut pas soulever de questions politiques sur la nouvelle loi anti-gay du pays lors des championnats du monde.

Le secrétaire général adjoint de l'IAAF, Nick Davies, a déclaré que ce serait bien pour le gouvernement russe à voir les individus avec des « modes de vie alternatifs, et que cela pourrait l'inciter à reconsidérer sa politique au lieu de simplement vivre dans une société isolée ».

Dans le même souffle, Davies a soutenu que les championnats du monde devraient adopter le credo des Jeux olympiques et ne pas soulever de questions politiques pendant ces événements. Les mondiaux d'athlétisme commencent samedi à Moscou.

Davies a déclaré dans un communiqué que, en tant qu'organisation internationale, « nous devons respecter les lois du pays, qu'on les aime ou non. L'IAAF ne peut contrôler ou modifier cela ».

Il a toutefois insisté pour souligner que la charte de l'IAAF est clairement opposée à toute discrimination à l'égard du sexe, de la religion ou du genre.

Pendant les championnats du monde du 10 au 18 août à Moscou, 1967 athlètes de 205 pays concourront dans l'un des plus importants rendez-vous sportifs de l'année.

De retour à Vancouver?

L'acteur militant George Takei, mieux connu pour son rôle du lieutenant Sulu dans la série télévisée Patrouille du cosmos (Star Trek), souhaite que les Jeux olympiques d'hiver reviennent à Vancouver plutôt que de se tenir comme prévu à Sotchi, afin de protester contre les lois russes contre les homosexuels.

Il s'agit de la plus récente vedette à se prononcer sur la controverse à propos de cette législation, et donne son appui à une pétition en ligne qui a reçu plus de 40 000 signatures.

Dans un message publié sur son blogue la semaine dernière, M. Takei note que les installations de Vancouver sont encore en bon état et que la ville constituerait la solution de rechange la plus facile.

L'acteur souligne que l'interdiction russe planant sur la «propagande» des relations sexuelles «non traditionnelles», et l'imposition de fortes amendes, violent certains principes fondamentaux du Comité international olympique (CIO). M. Takei estime qu'une telle intolérance ne serait pas acceptée si elle visait les juifs, les catholiques ou les musulmans.

Le déplacement des Jeux ne serait pas vu comme une mesure extraordinaire si ces groupes étaient victimes de discrimination, martèle le militant.

Déplacer les Jeux, dit-il, serait bien mieux qu'un boycott, l'une des options mises de l'avant par les militants.

«Un boycott des Jeux punirait les athlètes qui se sont entraînés pendant des années pour y participer, et un boycott de la vodka russe n'entraînera pas les changements nécessaires», écrit-il.

Pour sa part, le conseiller municipal de Vancouver Geoff Meggs a toutefois dit qu'accueillir de nouveau les Olympiques n'est pas comme «mettre des draps propres sur le lit de la chambre d'amis».

«Je peux comprendre l'intention, mais, sur un plan pratique, je ne vois pas comment cela pourrait être fait», a-t-il laissé tomber mercredi, ajoutant que Vancouver avait eu sept ans pour planifier les Jeux de 2010 après avoir été désignée ville-hôtesse.

«Je crois que beaucoup de gens aimeraient ravoir les Jeux à Vancouver, mais c'est une question de qui paiera et de quelle façon cela pourrait être fait, et je ne crois pas que nous connaissons la réponse à l'une ou l'autre de ces questions», a-t-il dit.

Le porte-parole du CIO Mark Adams a déclaré par voie de communiqué que le comité avait «reçu l'assurance des hautes instances gouvernementales russes que la loi n'affectera pas ceux qui assistent ou participent aux Jeux».

Ces assurances de la part de la Russie contredisent néanmoins une récente annonce du ministre russe des Sports. «Si [un athlète homosexuel] sort dans les rues et se met à faire de la propagande, il sera bien sûr tenu pour responsable», avait dit Vitali Moutko lors d'une entrevue.