VANCOUVER - Carla MacLeod avait les larmes aux yeux en pensant à sa dernière session de musculation dans la salle d'entraînement. Becky Kellar a dû surmonter sa peur des ours. Jayna Hefford s'éta



VANCOUVER - Carla MacLeod avait les larmes aux yeux en pensant à sa dernière session de musculation dans la salle d'entraînement. Becky Kellar a dû surmonter sa peur des ours. Jayna Hefford s'était plutôt dit: « Mais qu'est-ce que je fais ici ? »

Peu importe ce que les Jeux olympiques réserveront à la formation canadienne féminine de hockey, maintenant que les joueuses sont arrivées à Vancouver, rien ne sera plus exigeant que le mois passé en équipe près de Dawson Creek en Colombie-Britannique au printemps dernier.

Les joueuses ont dû en quelque sorte vivre un camp militaire mettant à l'épreuve leurs attributs physiques et mentaux pendant 24 jours au mois de mai et juin. Pendant cette période, elles ont repoussé leurs limites personnelles et aider leurs coéquipières à en faire autant.

Lorsque les joueuses se sont retrouvées à Calgary au mois d'août, elles avaient déjà une forte dose de confiance et de forme physique pour poursuivre l'aventure.

«Elles ont appris à travailler à travers différentes épreuves et elles continuent à le faire », explique l'entraîneur Melody Davidson.

Les journées commençaient dès 7h pour se terminer à 21h et cela a permis d'établir les fondations d'une endurance physique et mentale. Ces deux éléments sont essentiels pour les Canadiennes en vue du test ultime qui se présentent à elles. Le Canada amorce son tournoi samedi contre la Slovaquie.

Course, escalade, kickboxing, yoga, musculation, triathlon, en plus des séances sur la patinoire ont permis de garder les athlètes canadiennes à l'affût jusqu'en fin de journée. Pendant ce camp intensif, elles ont notamment parcouru 35 kilomètres sur vélo en montagne, avant d'escalader un mont, le redescendre et refaire le trajet de 35 kilomètres à vélo.

Évidemment, l'épuisement devait les frapper ce qui avait pour but de puiser dans des ressources qu'elles ne croyaient pas posséder. Elles ont aussi appris à remarquer quand leurs partenaires avaient besoin d'aide.

«Nous avons appelé cela : frapper le mur, explique MacLeod. En 30 jours, j'ai probablement vécu ce phénomène trois fois et je me demandais ce qui m'arrivait, c'était complètement fou. C'est pourquoi je pense que c'est si constructif pour l'esprit d'équipe ce qui est très important. Ça teste nos limites, ça sert à découvrir jusqu'où une personne peut aller et comment on réagit quand on atteint le fond du baril. Est-ce que tu cries ?, est-ce que tu abandonnes ?»

Pour certaines, la punition commençait dès le réveil quand elles devaient attacher leurs souliers pour une course matinale. « Celles qui apprécient la course se débrouillaient très bien, mais certaines ne sont pas les meilleures à la course et nos battements de coeur atteignaient 175 ou 180 pendant 25 minutes de suite», explique MacLeod. Cette dernière, une défenseur de Calgary, a vécu son pire moment durant une session de musculation.

«J'étais rendue au point que si quelqu'un m'avait dit une chose de plus, j'aurais abandonné. J'avais les larmes aux yeux et j'étais épuisée, mais la journée suivante je me sentais déjà mieux à mon réveil.»

«J'étais misérable cette journée-là, mais je n'étais pas la pire donc ce n'étais peut-être pas ma pire journée», ajoute-t-elle.

Pour Becky Kellar, une défenseur ontarienne qui s'apprête à disputer ses quatrièmes Jeux olympiques, c'était la pensée de faire du vélo de montagne, de l'escalade et de croiser des ours qui l'effrayait.

«Nous avons suivi un cours pour éviter et survivre à une attaque d'ours, mais ce n'était pas suffisant pour moi, confie Kellar. J'avais peur et je dois l'admettre. »

Ce camp intensif est devenu important pour la formation féminine canadienne depuis celui effectué à Valcartier avant les Olympiques de 2002. La stratégie a de nouveau été utilisée à l'Île-du-Prince-Édouard avant les JO de 2006.

Mais celui de 2009 a été le plus exigeant même pour celles avec de l'expérience comme Jayna Hefford.

«C'était mon troisième camp de ce type, mais j'ai encore traversé des moments à me demander pourquoi je vivais cela. Je suis une hockeyeuse, pas une cycliste ou une adepte de l'escalade», explique celle qui est native de Kingston en Ontario.

«Voici le défi au niveau mental. La préparation physique est une partie importante de ce camp, mais l'aspect mental et les épreuves à traverser en tant que groupe sont les choses les plus utiles qui serviront à notre équipe.»

Davidson affirme que ce camp a démontré son impact lors de la Coupe des Quatre nations en Finlande au mois de novembre. Les parties étaient disputées dans des villes différentes et les joueuses devaient parcourir de nombreux kilomètres en autobus. Malgré tout, elles ont remporté cette compétition en battant leurs rivales américaines en finale.

«Les conditions n'étaient pas idéales et nous devions voyager pendant plus d'une heure même lors des journées de match, indique Davidson. Toutes ces expériences nous ramenaient à ce que nous avons surmonté pendant notre camp à Dawson.»

«Nous sommes plus fortes que tous ces obstacles. Il y a un an, nous aurions éprouvé des ennuis, mais cette fois nous avons continué à nous battre.»

La pilote de 55 ans avait élaboré un calendrier de 55 parties depuis août en préparation des Olympiques. Plusieurs de ces matchs ont eu lieu à l'extérieur contre des équipes albertaines masculines de niveau Midget.

Ce camp a été tenu il y a plusieurs mois, mais la capitaine Hayley Wickenheiser prétend que cette expérience sera importante pour le tournoi olympique.

«Je n'aime pas beaucoup l'idée de construire un esprit d'équipe dans une classe ou quelque chose de semblable, explique-t-elle. Mais c'était comme la façon ultime de créer un esprit d'équipe avec des personnes escaladant des montagnes en vivant la peur. Nous avons développé notre sens de l'entraide et ça nous rapproche en tant qu'équipe quand tu vois des amies vivre des moments très pénibles et très joyeux.»

Les joueuses étaient séparées de leur famille à Dawson Creek, mais la mère de Becky Kellar était présente pour s'occuper de ses deux jeunes garçons. Gina Kingsbury et Meghan Agosta habitaient dans la même maison.

«Melany nous a dit que les règlements ne seraient pas les mêmes pour tous. Ma mère était la seule à être du voyage», se souvient Kellar. «Mais je pense que toutes les joueuses auraient aimé compter sur le support de leur mère car elle nous préparait de bons repas à tous les soirs.

«Je suis persuadé que dans quatre ans toutes les joueuses vont demander à ce que leur mère soit présente.»

Construire l'esprit d'équipe est une pratique courante au niveau corporatif, mais MacLeod ne pense pas que leur expérience puisse se comparer à ce contexte.