Le volleyeur Louis-Pierre Mainville était de passage à Gatineau cette semaine. Le temps d’un dernier entraînement avec ses coéquipiers avant que leur chemin ne se sépare définitivement. Alors que l’équipe nationale s’envolera bientôt pour l’Europe, où elle poursuivra sa préparation pour le tournoi de la NORCECA, lui, il rentrera à la maison pour entreprendre son après-carrière sportive.

« Ça va me manquer d’être avec eux. C’est sûr que c’est difficile de les quitter. Mais c’était encore plus triste de le faire après l’Argentine et tous les beaux moments que nous avons passés ensemble cet été », note le Québécois de 27 ans, membre de l’équipe nationale depuis 2006.

Malgré le parcours exceptionnel de la formation canadienne cette année en Ligue mondiale, qui a pris fin avec une cinquième place lors des finales à Mar Del Plata, la décision de Mainville était irrévocable.

« Ma motivation a toujours été de jouer avec l’équipe nationale. Mais pour maintenir la forme et le rythme, il faut rester actif pendant l’automne et l’hiver. Je n’avais pas trop envie d’aller jouer professionnel. Avec ma blessure, c’était plus difficile de trouver un bon contrat. Il aurait fallu que je reparte à zéro avec de petits clubs et ça ne me tentait pas du tout. Et je n’avais pas non plus envie de passer une autre année à m’entraîner à temps plein au centre national », explique Mainville qui, au fil des ans, a évolué pour différentes équipes professionnelles en Grèce, en Roumanie et en Argentine.

Deux blessures majeures, l’une subie au genou gauche en avril 2011 et l’autre à la cheville droite à son retour au jeu avec le club grec SPA Karditsa en janvier 2012, ont sérieusement compromis sa carrière de volleyeur. Ces deux dernières années passées au centre d’entraînement ont été consacrées à sa remise sur pieds. Elles lui ont aussi permis de découvrir une passion qui pourrait guider sa nouvelle vie.

« L’an passé, j’ai plus eu un rôle d’assistant-entraîneur. J’ai aidé Vincent (Pichette) avec le groupe qu’on avait. J’ai aussi travaillé avec de jeunes équipes à Gatineau et à Ottawa. Dernièrement, j’ai constaté que l’attrait de m’impliquer dans ce type de projet était devenu plus grand pour moi que celui de jouer au volleyball », indique l’athlète de Notre-Dame-de-l'Île-Perrot.

« Je crois avoir été chanceux dans ma carrière. J’ai toujours eu de bons entraîneurs qui m’ont motivé à continuer. Les gens de mon entourage m’ont aussi beaucoup aidé. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Un de mes grands projets serait de trouver une façon d’aider les jeunes joueurs de volleyball qui rêvent un jour d’atteindre les plus hauts niveaux. C’est ce que je veux faire du moins dans les prochaines années en marge de mes études », dit Mainville, qui complétera un baccalauréat dans les prochains mois à l’Université Laval avant d’entamer une maîtrise.

Des souvenirs indélébiles

Au cours des huit dernières années, Mainville a disputé 110 matchs internationaux avec l’équipe canadienne. Les beaux moments ont été nombreux, mais l’un d’entre eux se dégage des autres.

« Je me souviendrai toujours des Championnats du monde de 2006 au Japon. Je venais tout juste d’arriver avec l’équipe. Un joueur s’était blessé et Glenn (Hoag) avait décidé de m’amener. Dans le dernier match de la deuxième ronde, nous perdions 2-0 contre l’Argentine. Même si je n’avais pas joué du tournoi, on m’a fait partir en troisième manche, raconte Mainville. Finalement, nous avons gagné en cinq manches et c’est moi qui ai marqué le point gagnant à 14-13 contre une de mes idoles, Marcos Milinkovic. Je ne me souviens pas d’avoir vécu par la suite un high aussi gros. Je pense qu’il avait duré trois jours! »

En cours de route, plusieurs personnes l’ont inspiré et l’ont poussé à devenir un meilleur joueur. À commencer par son ancien coéquipier Paul Duerden. « C’était aussi une de mes idoles. Quand j’étais jeune, j’avais un poster de lui dans ma chambre. Alors d’arriver avec l’équipe et de jouer avec lui… Il m’a beaucoup inspiré à l’époque. C’était un modèle pour moi. »

Il y a aussi eu Glenn Hoag, qui l’a entraîné à partir de ses tout débuts avec l’équipe nationale. « Glenn a eu une double influence sur moi. D’abord, en étant mon entraîneur, il m’a beaucoup aidé sur le terrain et appris sur le jeu. Mais c’est aussi quelqu’un qui est passionné par le volleyball et qui travaille extrêmement fort. Ça déteint sur les gens autour de lui. En tout cas, ç’a certainement déteint sur moi. »

Enfin, il y a ses coéquipiers des dernières années qui garderont pendant longtemps une place importante dans son cœur.

« Il n’y avait que Dallas (Soonias), Fred (Winters) et Steve (Brinkman) qui étaient là avant moi. Tous les autres sont arrivés après. On a tellement joué ensemble ces cinq-six dernières années… Ces gars-là, ce sont mes amis. C’est mon équipe. Aussi longtemps qu’ils seront là, leurs victoires seront aussi un peu les miennes. »