Montréal – Même si c’est avec des béquilles sous les épaules, plutôt qu’avec des patins aux pieds, qu’elle a appris qu’elle était officieusement qualifiée pour les Jeux olympiques de Sotchi, Marie-Ève Drolet ne s’est pas empêchée de savourer pleinement ce moment. Rencontrée dimanche, aux abords de la patinoire de l’Aréna Maurice-Richard, l’athlète âgée de 31 ans sait qu’elle a le recul nécessaire pour savourer ce qui sera sa deuxième expérience olympique après ceux de Salt Lake City, en 2002.

Blessée au dos à la suite d’une chute survenue jeudi dernier, l’athlète originaire de Laterrière avait déjà suffisamment de points amassés au cours des premiers jours des sélections olympiques pour terminer dans les trois premières patineuses retenues.

« Il n’y a rien de fracturé et ce ne sont que des spasmes musculaires, alors ça devrait guérir rapidement », a analysé la principale intéressée, qui avait mis un terme à sa carrière sportive en 2002 afin de se concentrer sur ses études en psychologie.

Vivre la vraie vie loin de la glace

Avant de rechausser ses patins à l’automne 2008, Marie-Ève Drolet a pratiqué mille et un métiers, dont ceux de planteuse d’arbres et de siphonneuse d’aluminium chez Alcan.

« À l’usine d’Alcan, mon travail était de récupérer l’aluminium dans les salles de cuve en l’aspirant à l’aide de gros siphons. Je faisais des quarts de travail de nuit de 12 heures. Il faisait tellement chaud que l’on pensait que nos bottes allaient fondre. C’était assez difficile comme métier, sauf que j’ai vraiment été impressionnée par les gens qui travaillent dans ce domaine. Patiner, en comparaison avec ça, y’a rien là! »

Quelques mois à peine après son retour, elle parvenait à réintégrer l’équipe nationale. Les mois suivants, même si elle a raté de peu sa sélection pour les Jeux olympiques de Vancouver, elle a décidé de continuer à patiner, notamment parce que le mode de vie que lui procure son statut d’athlète la rendait heureuse. Ce qui est encore le cas aujourd’hui.

« Je mange bien, je me sens en santé et en forme. J’adore ce feeling! Quand j’arrive sur la glace, je me sens en confiance et cela m’aide dans ma vie. Quand tu arrêtes de patiner, tu n’es plus une patineuse. J’ai vu ce qu’était la vie normale.»

À 168 jours du coup d’envoi des Jeux de Sotchi, Marie-Ève vit pleinement cette deuxième occasion olympique qui n’est pas tombée du ciel. Loin de là.

« Patiner à nouveau aux Jeux olympiques, c’était un gros défi que je m’étais lancé. Ce que je recherche maintenant, c’est la satisfaction d’avoir relevé ce défi. Sur la glace, je n’ai jamais été aussi rapide! J’ai regretté ma décision d’avoir arrêté tôt une première fois et là, j’ai une deuxième chance. Mon retour est réussi et après les Jeux, j’ai plein de projets en tête. Je ferai encore quelque chose de gros. »