VANCOUVER, C.B. - L'attention que Guillaume Bastille porte à ses patins de courte piste est plus que particulière, elle vire carrément à l'obsession.

Bastille, un athlète de Rivière-du-Loup,



VANCOUVER, C.B. - L'attention que Guillaume Bastille porte à ses patins de courte piste est plus que particulière, elle vire carrément à l'obsession.

Bastille, un athlète de Rivière-du-Loup, a apporté pas moins de huit paires de lames avec lui à Vancouver.

Un peu penaud, le Québécois a retourné la plupart d'entre elles avec ses parents. Ce qui ne l'empêchera pas d'angoisser relativement à celles qu'il a décidé de conserver avec lui.

Bastille représente certes un cas extrême mais le fait est que la relation qu'entretiennent la plupart des ahtlètes de courte piste avec leurs patins est à la limite du maladif.

"C'est plus important pour moi que pour les autres patineurs, avoue Bastille, qui ressent chaque petit désalignement de ses lames.

"Quand la technique fait défaut ou que ma performance n'est pas parfaite il faut que mes lames compensent", explique celui qui en est à ses premiers Jeux olympiques.

Les patins de courte piste sont composés d'une botte moulée en fibre de carbone faite sur mesure et d'une longue lame d'acier fixée au talon de la botte. La lame, parfois qualifiée de 'banane' par les patineurs québécois, possède une courbure qui aide les athlètes à garder leurs pieds sur la glace lorsqu'ils effectuent leurs tournants à grande vitesse.

Plus la courbe est prononcée, plus la surface de contact qu'a la lame avec la glace est grande et meilleure est l'adhérence. Toutefois, une courbure moins grande rend la poussée plus facile.

Autre particularité, la lame est plus épaisse au centre qu'à ses extrémités, une caractéristique que les patineurs peuvent modifier s'ils souhaitent tourner plus facilement.

Tous ces éléments doivent être méticuleusement ajustés et observés pendant une compétition. Les athlètes d'élite aiguisent généralement leurs lames après chacune des courses afin de faire disparaître les petites entailles ou égratignures.

Bastille inscrit pour sa part des notes sur ses lames à l'aide d'un marqueur. 'Ligne' signifiera que sa lame a la courbure désirée, ce qui ne l'empêchera pas de conserver une paire supplémentaire au cas où la courbure ne serait pas parfaite après tout.

L'équipe canadienne compte dans ses rangs un homme qui comprend parfaitement les névroses des patineurs. Il s'agit du technicien Jeff Scholten.

A l'aréna Maurice Richard de Montréal, où s'entraîne l'équipe nationale, Scholten travaille dans un atelier rempli d'écrous, de boulons et d'outils. La plupart du temps il se sert de son instinct et de sa connaissance des particularités de chaque athlète.

"C'est une question de sensibilité car il n'y a pas de recette, conclut Scholten. Une paire de lames peut tout à fait convenir à un patineur tandis qu'un autre ne pourra même pas tenir dessus."