Après l’échec de Turin en 2006, il y avait énormément de pression sur l’équipe canadienne en 2010 à Vancouver. Les Jeux olympiques étant présentés à la maison, le tournoi de hockey à lui seul avait possiblement plus d’importance pour bien des gens que toutes les autres compétitions réunies. Malgré tout ce qu’ils peuvent dire, les Russes se retrouvent dans la même situation cette année. Même qu’il y a encore plus de pression sur leurs épaules.

Après avoir largement dominé le monde du hockey aux Jeux olympiques, les Russes n’ont toujours pas réussi à mettre la main sur une médaille d’or depuis la venue des joueurs de la LNH, en 1998, à Nagano. Après le démantèlement de l’URSS, les hockeyeurs russes ont remporté la médaille d’or en 1992, aux Jeux olympiques d’Albertville, alors qu’ils se retrouvaient à livrer compétition pour la Communauté des États Indépendants.

Depuis qu’elle est devenue une nation indépendante, la Russie a participé aux Jeux olympiques d’hiver à cinq reprises et n’a toujours pas réussi à monter sur la plus haute marche du podium. Pourtant, ce n’est pas le talent qui manque au sein de ce pays.

Comme toutes les formations européennes, les Russes ont commencé à s’entraîner avec les joueurs déjà présents à Sotchi. Croisé dimanche matin à sa sortie de la patinoire, Ilya Kovalchuk ne considère pas que lui et ses coéquipiers se retrouvent devant l’obligation de gagner. « C’est toujours la même histoire. Ce sont mes quatrième Jeux olympiques et chaque fois les gens s’attendent à beaucoup de notre part. Si Dieu nous aide, cette fois, ça va fonctionner. C’est vrai qu’il y a beaucoup de pression. Nous avons vu à quel point Sotchi a changé depuis 2007 quand nous avons obtenu les JO. C’est d’abord et avant tout un grand honneur pour chacun de nous d’être ici, a expliqué l’ancienne vedette des Thrashers et des Devils. Nous avons une équipe formidable. Nous croyons en nous et en nos entraîneurs donc je crois que nous avons de bonnes chances de gagner l’or. »

Reste que la pression est palpable. Après l’entraînement, Alexander Radulov est passé en coup de vent, refusant cavalièrement de répondre aux questions des journalistes, autant étrangers que de son pays. Et Kovalchuk n’a pas particulièrement apprécié quand je lui ai demandé quels joueurs de la KHL que l’on connaît moins risqueraient de nous impressionner. « Come on! T’as qu’à regarder les statistiques et ensuite chercher pour voir des faits saillants ». Victor Tikhonov, choix de première ronde des Coyotes de Phoenix en 2008 et petit-fils de l’ancien entraîneur soviétique estime pour sa part qu’Alexander Popov, le plus petit joueur de l’équipe à cinq pieds et dix, est celui qui risque le plus de faire écarquiller les yeux. Au total, chez les Russes, on dénombre neuf joueurs qui font actuellement carrière dans la KHL.

« Je ne dirais pas que c’est de la pression, a aussi expliqué Tikhonov lorsque questionné sur le sujet. C’est de la motivation supplémentaire. On pourra se nourrir de l’énergie de la foule. La pression est une bonne chose quand tu joues devant les tiens, et de toute façon, nous sommes des professionnels et nous sommes capables de bien gérer ça. » Le numéro dix de la Russie sera probablement le plus motivé de sa troupe. En août dernier, son père Vasily est décédé tragiquement à la suite d’un accident de voiture. « J’aimerais qu’il soit ici pour vivre ça avec moi. C’était notre rêve à tous les deux que je me retrouve aux Jeux olympiques. Je sais qu’il me regarde de là-haut et je vais essayer de le rendre fier. »

Si Tikhonov et ses coéquipiers parviennent enfin à donner à la Russie une première médaille d’or au hockey, il n’y aura pas que Vasily qui va célébrer, du haut du ciel. C’est une nation entière qui sera remplie de fierté car ici, le hockey c’est aussi important que pour nous au Canada.