MONTREALÂ -- Même si elle a continué de s'illustrer sur les patinoires à travers le monde ces quatre dernières années, Kalyna Roberge a connu une traversée du désert depuis sa présence aux Jeu



MONTREAL -- Même si elle a continué de s'illustrer sur les patinoires à travers le monde ces quatre dernières années, Kalyna Roberge a connu une traversée du désert depuis sa présence aux Jeux olympiques de Turin. A tel point qu'elle a parfois remis en question la poursuite de sa carrière.

La toute menue patineuse de vitesse sur courte piste de cinq pieds deux et 110 livres n'a pas eu la vie facile depuis qu'elle a créé la surprise en assurant sa sélection au sein de l'équipe olympique canadienne à l'âge de 19 ans. Les problèmes de santé et les blessures ne lui ont guère laissé de répit.

Tout a commencé par une carence en fer qui lui a fait craindre une anémie.

"J'ai connu toute une année post-olympique, se rappelle l'athlète originaire de Saint-Etienne-de-Lauzon, sur la rive-sud de Québec. J'étais tout le temps fatiguée, je n'avais plus aucune motivation à me lever le matin pour aller patiner. Je voulais juste dormir."

En proie aux doutes et contrainte d'interrompre une session au cegep, incapable qu'elle était de se concentrer, elle avoue s'être livrée à une remise en question.

"Je me demandais: 'est-ce que je suis fatiguée parce que je n'aime plus ça le patinage de vitesse?'. En plus, je m'ennuyais des miens."

Lorsque son problème de santé est finalement diagnostiqué, elle comprend qu'elle n'a rien perdu de sa motivation. Mais il lui faut néanmoins s'adapter à son état.

"Même si mes performances en compétitions étaient bonnes, il fallait que je travaille doublement sur ma motivation. Les compétitions étalées sur deux fins de semaine étaient très difficiles. Je devais me motiver juste au bon moment pour ne pas arriver fatiguée le jour de la compétition."

En dépit de ce problème, Roberge est néanmoins parvenue à remporter une médaille d'or au 500 mètres des championnats du monde à Milan en 2007. Encore aujourd'hui, elle doit surveiller son taux de fer, elle qui a toutes les misères du monde à gagner des livres.

Puis la saison suivante, un nouveau malaise vient la hanter.

"J'ai commencé à ressentir des maux de dos. On a découvert que je souffrais de trois hernies discales. Cela m'a obligée à prendre plus de précautions et à m'accorder à l'occasion des pauses d'une semaine, une semaine et demie."

Avec le recul, la médaillée d'argent au relais 3000 mètres à Turin constate que, depuis 2006, elle n'a pas connu une seule saison où sa progression n'a pas été entravée par une blessure ou un problème de santé.

Poids plume

Même si elle fait figure de poids plume face à ses rivales sud-coréennes, chinoises ou autres, Roberge ne s'en laisse jamais imposer. Sur deux lames comme dans la vie, c'est une véritable battante. Et il le faut dans un sport qui prend parfois des allures de "roller-derby".

"Si je dois me battre pour une position contre une fille qui fait 30 ou 40 livres de plus que moi, c'est un peu plus difficile, admet-elle. Par contre, je suis une fille hyper solide sur mes patins et très agile. Ça m'en prend beaucoup pour me faire tomber."

Aux Jeux de Vancouver, où elle prendra part aux épreuves individuelles sur 1000 et 1500 mètres, elle risque de se retrouver au coude-à-coude avec les Sud-Coréennes ou les Chinoises, qui n'hésitent pas à se liguer pour contrer leurs rivales. Cette perspective ne l'intimide nullement.

"Une course à ce niveau, ça se joue davantage dans la tête. Il faut être prêt à se battre pour sa position. Les Sud-Coréennes, par exemple, n'ont pas l'habitude d'affronter des rivales qui les attaquent. Aussitôt que quelqu'un vient leur mettre des bâtons dans les 'lames', elles ne savent plus comment réagir."

Et Roberge a l'expérience quand vient le temps de tenir tête à des rivales qui font front commun contre elle en finale.

"J'en ai disputé des 1000 et des 1500 mètres où j'étais seule de mon camp face aux Coréennes. Et j'ai été capable de briser le mur. Mentalement, j'ai réagi au bon moment. C'est ça qui est surprenant. C'est moi qui avait le contrôle de la course face à trois Coréennes."

Ayant déjà l'expérience des Jeux olympiques, elle entend profiter de l'avantage du terrain que constitue la tenue de l'événement à Vancouver en février prochain.

"C'est certainement une source de motivation. Ça va nous donner une énergie supplémentaire."

Mais quoi qu'il arrive à Vancouver, elle s'inspirera de l'exemple de Terry Fox -- devenu célèbre pour son Marathon de l'espoir, un périple à travers le Canada pour la recherche contre le cancer en 1980.

"C'est une source d'inspiration pour moi. C'est plus qu'un athlète. Il a traversé une épreuve extrêmement difficile tout en sachant qu'il ne pouvait rien y faire. Son exemple m'aide à ne pas me plaindre quand je dois surmonter un obstacle et à donner le meilleur de moi."