DAEGU, Corée du Sud - «Qui est le plus vite?» aime bien lancer Usain Bolt à ses adversaires, en sachant pertinemment qu'il n'y a qu'une seule réponse possible à ses yeux.

Jusqu'ici, ç'a toujours bien fonctionné quand Bolt a adopté cette attitude de défi. Une attitude qu'il aura encore à l'occasion des prochains championnats du monde d'athlétisme.

Depuis qu'il a établi ses étonnants records du monde en route vers la médaille d'or aux épreuves du 100 m et du 200 m aux Jeux olympique de 2008, puis récidivé aux Mondiaux de Berlin en 2009, le sprinter jamaïcain est devenu l'une des plus grandes têtes d'affiche du sport.

Sans surprise, donc, l'attention se tournera vers Bolt lorsque s'amorceront les championnats mondiaux, samedi. Ce qui ne le dérange pas. Comme d'habitude, il a déjà commencé à se moquer de la pression et des attentes à son endroit.

«Je suis toujours confiant. Je suis invaincu cette année et mon objectif est de défendre tous mes titres à Daegu», a déclaré Bolt à The Associated Press lors d'un échange de courriels.

Outre ses médailles d'or individuelles, Bolt a aidé la Jamaïque à s'imposer dans les relais en sprint, tant à Pékin qu'à Berlin.

Une récolte globale de moins de neuf médailles d'or, après les JO de Pékin et les deux championnats du monde suivants, s'avérerait une déception pour lui à l'approche des Jeux olympiques de 2012.

Bolt semble avoir le désir d'impressionner une nouvelle fois au stade de Daegu, d'une capacité de 53 000 spectateurs. Ses statistiques des deux dernières années, toutefois, ne sont pas tout à fait à la mesure de ses bravades.

Car si vous voulez vraiment savoir qui a été le plus vite au 100 m en 2011, le nom de Bolt ne se retrouve pas en tête de liste. Il n'est même pas le meilleur Jamaïcain. Son compatriote Asafa Powell détient le meilleur temps de 9,78 secondes, tandis que Bolt affiche le sixième temps à 9,86 — bien loin de son record du monde de 9,58.

Bolt n'est pas inquiet, par contre. Ce n'est pas la première fois qu'il se retrouve dans cette position.

Il y a deux ans, Tyson Gay était le plus rapide à l'approche des championnats mondiaux mais le Jour J, Bolt a semé tous ses concurrents en réalisant un record mondial.

«Je pense que ce sera la même chose à Berlin. Certains ont bien couru en début de saison mais ce sont les championnats qui comptent vraiment, a indiqué Bolt. Nous nous entraînons toujours pour être au meilleur de notre forme lors des championnats majeurs. Mon entraîneur établit le programme en fonction de cela.»

Gay avait dû composer avec un malaise à l'aine à Berlin, et les blessures l'ont rattrapé avant même les championnats de cette année. L'Américain s'est retiré du 100 m aux championnats nationaux américains en juin à cause d'une blessure à la hanche.

Bolt était gêné par un dos endolori l'an dernier. Même si ses chronos n'ont pas été exceptionnels depuis ce temps, son dos ne le dérange plus, dit-il.

«La blessure au dos, c'était l'an dernier. Je n'ai pas eu de problèmes cette année, a-t-il fait savoir. Mais ne comptez pas voir d'autres records mondiaux cette année.»

Powell sera donc le principal opposant de Bolt, mais on sait qu'il a tendance à flétrir sous pression. Bolt souligne toutefois qu'il ne faut pas le sous-estimer.

«Asafa a toujours été un bon athlète. Il court vite depuis plusieurs années maintenant et il mérite qu'on le respecte pour ce qu'il a fait», a-t-il affirmé.

La domination de Bolt au 200 m semble moins contestée bien qu'à 19,86, son temps le plus rapide cette année est bien loin du record mondial de 19,19. Dans cette discipline, le plus proche aspirant au titre est un autre Jamaïcain. Il s'agit de l'athlète de 21 ans Nickel Ashmeade.

Dans les relais, la domination jamaïcaine aux dépens des Américains devrait s'accentuer, d'autant plus que Gay sera absent et que Michael Rodgers a accepté une suspension provisoire pour dopage même s'il dit avoir ingéré un stimulant interdit par accident.

L'équipe jamaïcaine a plus de profondeur que jamais, selon Bolt.

«Cette année, la Jamaïque aura encore une équipe très forte, a-t-il dit. Ce sera donc encore plus difficile pour les autres.»