MONTRÉALÂ -- Vincent Marquis aime gagner et il ne s'en cache pas. Si cette volonté de se surpasser lui a permis de se tailler une place au sein de l'équipe nationale de ski acrobatique, elle a auss



MONTRÉAL -- Vincent Marquis aime gagner et il ne s'en cache pas. Si cette volonté de se surpasser lui a permis de se tailler une place au sein de l'équipe nationale de ski acrobatique, elle a aussi failli l'inciter à tout abandonner prématurément.

"Je suis quelqu'un de très compétitif, avoue le bosseur de Sainte-Foy. Un peu perfectionniste. On dirait que je ne parviens pas à me rassasier de ce que j'accomplis."

Avec un tel caractère, il n'est guère surprenant qu'il se soit livré à une sérieuse remise en question quand il a connu un passage à vide après les Jeux du Turin en 2006.

"Je venais de connaître une année désastreuse en reprenant la compétition après avoir subi l'année précédente une blessure au genou _ déchirure du ligament croisé antérieur. Je me suis retrouvé avec l'équipe de développement sur le circuit Nor Am, qui n'était pas très organisé.

"À la fin de la saison, je m'étais dit: 'c'est la fin'. Mais j'ai gagné ma place de justesse au sein de l'équipe de la Coupe du monde la saison suivante. J'ai pris ça comme une belle opportunité de retrouver mes amis, de faire des voyages mais avec l'optique d'avoir surtout du plaisir puisque c'était ma dernière. Je voulais emmagasiner le plus de bons souvenirs."

En travaillant avec un nouvel entraîneur, Rob Kober, Marquis a toutefois retrouvé le goût de skier et tout s'est clarifié dans sa tête.

"C'est le tournant de ma carrière. Le fait d'aborder la compétition avec cette attitude, c'était beaucoup moins de pression pour moi. J'ai fini l'année et en me disant, 'c'est comme ça que je veux skier, sans penser au lendemain'. De toute façon, quoi qu'il arrive, dans trois, 10 ou 20 ans, ça ne changera rien. J'aime faire ce que je fais. Je veux simplement avoir du plaisir à le faire. C'est une attitude qui m'aide à bien gérer toute la pression."

Et petit à petit, le rêve de prendre part aux Jeux olympiques de 2010 à Vancouver a germé.

"J'ai toujours essayé d'être le plus réaliste possible. Je ne voulais pas m'investir dans quelque chose d'irréalisable. Ces deux ou trois dernières années, j'ai pris conscience que j'ai le potentiel pour représenter mon pays aux Olympiques. Je me suis prouvé à moi-même que je pouvais rivaliser avec les meilleurs au monde. J'y ai mis les bouchées doubles."

Marquis, âgé de 25 ans, a décroché sa première victoire sur le circuit de la Coupe du monde dans l'épreuve individuelle des bosses l'hiver dernier au Mont Gabriel. Pour espérer faire belle figure à Vancouver, il travaille à améliorer la constance de l'un de ses sauts _ un périlleux arrière avec vrille complète.

Dépendance aux sports

Bien avant de songer à la compétition, le ski de bosses était un moyen de se donner des émotions fortes pour Marquis et ses amis sur les pentes de la station de Stoneham .

"On skiait dans les sous-bois, à la recherche des bosses. A cette époque, il n'y avait pas encore de snowpark dans les stations de ski. Les patrouilleurs nous couraient après, ça faisait partie de notre quotidien."

Grand amateur de sports, Marquis ne peut s'en passer, au grand dam de sa copine.

"J'ai une forme de dépendance aux sports, dit-il en plaisantant. Quand je ne suis pas sur les pistes de ski, je dois pratiquer un autre sport. J'ai toujours été comme ça. C'était écrit dans le ciel que je ferai carrière dans un sport."

Marquis a d'ailleurs déjà porté les couleurs des Élans du Collège François-Xavier-Garneau de Québec avec lesquels il évoluait comme quart-arrière.

"Mais si j'avais à reprendre ma vie à zéro, je serais joueur de hockey, lance-t-il au fil de la conversation.

"J'aime bien les sports d'équipe. C'est une chose qui me manque de pouvoir partager mes émotions. Au sein d'une équipe, tu peux partager tes joies et tes peines. Quand je jouais au football, il n'y avait rien de mieux que de gagner en équipe et d'aller faire la fête après le match avec les amis."

Avec l'âge et la maturité, Marquis, qui poursuit des études en physiothérapie à l'université Laval, a appris à maîtriser son caractère très compétitif.

"J'ai appris à être un peu moins intense. J'accepte mieux la défaite maintenant. J'accepte qu'il peut arriver que je ne gagne pas tout le temps, que d'autres puissent être meilleurs que moi. Dans le passé, j'avais de la misère avec ça. Il fallait toujours que je gagne.

"J'ai fait des ajustements mais j'avoue que c'est imprégné en moi. Et ce n'est pas mauvais de vouloir gagner. Je me suis toujours dit, 'si quelqu'un n'a pas envie de gagner, il ne gagnera pas.' Tu ne peux avoir du succès sans le vouloir."